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Citation de enkidu_


Nous savons cependant que des groupes de chrétiens attachés à la foi originelle ont subsisté jusqu’au IVe siècle, notamment dans les zones orientales de la Palestine, mais il s’agissait de cercles dispersés, sans influence sur la rédaction du Nouveau Testament, qui allait s’imposer comme l’histoire officielle de la naissance du christianisme. Ces chrétiens palestiniens ont été appelés « ébionites », « les pauvres », en hébreu. Si Eusèbe connaît leur existence, il les tient pour hérétiques vis-à-vis de l’orthodoxie chrétienne qu’il défend. Il leur reproche, entre autres, de vouloir faire de Jésus « un homme ordinaire » né de « Marie et de son époux ». Plus loin Eusèbe remarque qu’ils continuent à observer les commandements de la Torah et qu’ils croient au salut par les « actes » et non seulement par la foi, suivant en cela l’enseignement de l’Épitre de Jacques. Très logiquement, les ébionites considèrent Paul comme un apostat et rejettent ses vues. Ils ne reconnaissent que la version hébraïque de l’Évangile de Matthieu, dont seuls des fragments sont parvenus jusqu’à nous. Tout cela constitue indubitablement la marque de l’hérésie aux yeux d’Eusèbe, qui s’est lui-même allié à l’empereur Constantin depuis la conversion au christianisme de ce dernier, en 325. Paradoxalement, pourtant, les ébionites se situent dans la droite ligne de l’enseignement de Jésus et de la tradition transmise par les frères du « Maître ».

Une approche beaucoup plus positive des ébionites nous est désormais accessible dans les documents du IVe siècle appelés Corpus pseudo-clémentin. On y retrouve un texte particulièrement intéressant à cet égard, les « Kerygmata Petrou », ou « Prédication de Pierre », qui se présente comme une lettre de Pierre à Jacques, le frère de Jésus. Pierre y déplore que le contenu de ses missives ait été tellement déformé et tronqué par les partisans de Paul qu’elles ont perdu toute valeur. Il instruit Jacques de ne répercuter aucun élément de son enseignement aux gentils, mais de le réserver aux membres du « conseil des soixante-dix », désigné par Jésus. Il blâme Paul de placer ses « vision » au-dessus du message que les apôtres tiennent directement de Jésus. Bien que les chercheurs ne pensent pas qu’il s’agisse de textes authentiquement rédigés au Ier siècle, ils reflètent certainement de manière éloquente des controverses qui ont éclaté au temps de Paul, de Pierre et de Jacques, et que le Nouveau Testament, notamment Luc, a beaucoup relativisées. (pp. 307-308)
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