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Citation de Le_Marre_Patrick


Luceville, qui se trouve à quelque douze cents kilomètres au nord de Paradise City est une ville industrielle d’une grande étendue sur laquelle plane perpétuellement un épais nuage de poussière et de fumée. Sa principale industrie est le traitement de la pierre à chaux. Au cas où vous ne le sauriez pas, on broie la pierre à chaux pour en tirer la chaux, le ciment ainsi que les matériaux nécessaires à la construction et au revêtement des routes. C’est d’ailleurs également la principale industrie de la Floride. Alors que j’approchais des faubourgs de la ville, la poussière de ciment commença à me coller à la peau, et je me sentis sale et poisseux. Cette poussière recouvrit bientôt mon pare-brise et la carrosserie. Pas le moindre rayon de soleil. Si puissant fût-il, il n’avait pu percer la calotte faite de fumée et de poussière de ciment qui pesait sur la ville. Le long de l’autoroute menant au centre s’échelonnaient des usines de pierre à chaux, et le bruit de la roche broyée résonnait comme un lointain tonnerre.
Je découvris l’hôtel Bendix qui, aux dires du docteur Melish, était le meilleur de la ville, dans une petite rue transversale coupant la grand-rue. Un endroit lugubre. Les portes de verre disparaissaient sous la poussière de ciment ; le hall était meublé de sièges de rotin branlants et la réception se réduisait à un simple comptoir surmonté d’une planche où étaient accrochées des rangées de clés. Comme changement de décor, ça se posait un peu là. Je m’approchai de la fenêtre grande ouverte et plongeai mon regard sur la rue. Elle grouillait de passants tous misérablement vêtus, la plupart crasseux. Quant aux femmes, elles faisaient leurs emplettes. Ça fourmillait également de gosses qui auraient eu grandement besoin d’un bain. Les voitures qui encombraient cette rue étaient toutes recouvertes de poussière de ciment. J’appris par la suite que cette poussière constituait l’ennemi numéro un de Luceville, l’ennemi numéro deux étant l’ennui. Puis j’allai faire un tour. Luceville n’avait rien d’autre à offrir que poussière et misère. Je déambulai dans le district qui sur le plan de Jenny portait le numéro 5. Je me trouvais dans un univers dont jusque-là je ne soupçonnais même pas l’existence. Après Paradise City, j’avais l’impression de m’enfoncer dans l’Enfer du Dante. Chaque passant repérait en moi un étranger à la ville. Tous s’écartaient de moi et certains se retournaient et chuchotaient entre eux. Des gosses sifflaient sur mon passage et certains imitaient des bruits ignobles.
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