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Citation de Mimimelie


Une étrange oligarchie financière mondialisée, comportant deux ou trois grandes galeries parisiennes et new-yorkaises, deux ou trois maisons de vente, et deux ou trois institutions publiques responsables du patrimoine d’un État, décide ainsi de la circulation et de la titrisation d’œuvres d’art qui restent limitées à la production, quasi industrielle, de quatre ou cinq artistes. Cette microsociété d’amateurs prétendus ne possède rien, à vrai dire, sinon des titres immatériels, elle ne jouit de rien, n’ayant goût à rien. Elle a remplacé l’ancienne bourgeoisie riche et raffinée qui vivait parmi les objets d’art, les tableaux et les meubles qu’elle se choisissait et dont elle faisait parfois don à la nation, les Rothschild, les Jacques Doucet, les Noailles en France, comme les Hahnloser en Suisse, les Stein en Amérique, les Tretiakov en Russie... Mais surtout, société cultivée, qui prenait son plaisir à fréquenter, à côtoyer, à devenir à l’occasion l’amie, non d’un homo mimeticus, trader ou banquier lui-même, qui lui aurait renvoyé au visage sa propre caricature, mais d’un homme différent d’elle, étrange, un artiste, un « original » – au double sens du mot – dont elle appréciait l’intelligence et le goût, comme Ephrussi, Manet. Cette histoire-là, qui conclut celle qui commence lorsque Léonard meurt dans les bras de François I er et se continue lorsque Watteau s’éteint entre les bras du marchand Gersaint, cette longue histoire des protecteurs et des créateurs, des mécènes et des bohèmes, des connaisseurs et des artistes, a été l’histoire de l’art de notre temps. Elle est finie.
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