Piazza San Marco, en fin d'après-midi... Rumeurs de la foule. Cris. Aghi di flandria, spighetta, cordoni, sangue di diana. Jurons, Une maquerelle à l’œil fermé par une taie, oisifs remuant leur petite cuillère dans un café noir. Mme Gatteau, la brodeuse française qui passe, un gamin qui montre son ventre à des dames trop vertueuses, bougies qui s'allument au coin d'une table de jeu, Ohe ! Zucche barucche !... Cotillons, tabliers, percale, basques, ailes de pigeon... Une veuve au parfum trop prononcé, un avare au linge jauni, jambes longues et fines qui dansent la furlana, calomnies au-dessus d'une glace à la vanille, un papier échangé contre une innocence, des raisins secs dans un mouchoir nué, un signe de croix pour un blasphème... Le comte Gasparo Gozzi, assis sur une chaise branlante, écrit : si nous sommes au monde, nous devons faire comme ceux qui y vivent... Il se mouche. Il est heureux. Il est vénitien.