AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Malaura


Jean Guidoni
Masque noir

Ce matin violant mes rideaux
A moi qui n’attend plus Godot
L’aurore a fait un beau cadeau
Affichant comme un manifeste
Un peu moins de gris dans le ciel
Un coup de soleil confidentiel
Sur mes bouquets artificiels
De fleurs plastiques et sur le reste
De mes quelques rares possessions
Mes échecs et ma collection
De faux projets de vraies passions
Ce triste cœur qui me déteste
L’espoir s’est pendu à mes basques
Et comme un visiteur fantasque
M’a contraint à lever le masque
Haut le masque, plus de masque
Je veux changer de répertoire
Mettre du bleu dans mon histoire
Et sortir sans mon masque noir…

A peine ai-je mis le pied dehors
Que je sens des alligators
Pulluler derrière le décor
Et guetter chacun de mes gestes
Je ne sens plus qu’un œil pervers
Guignant mon cœur à découvert
Et dans le chêne le plus vert
Je pressens un symbole funeste
Vous dont les yeux me foudroient
Par pitié acceptez-moi
Et vous dont l’indifférence
Inquiète ma différence
Je suis fait tout comme vous
De sang, de chair et de boue
Comme vous j’ai besoin du jour
J’ai besoin d’un peu d’amour
Vous qui parlez de rachat
Répondez par un crachat
Et vos injures en bourrasque
M’oblige à baisser le masque
Vite un masque ! Un masque ! Mon masque !

Vous vouliez me mettre aux abois
Me clouer aux portes de bois
N’empêche qu’à jamais flamboie
Dans mon cœur cet amour de reste
Alors fuyant votre mépris
Je m’en vais au rendez-vous pris
Avec ce cœur qui s’approprie
Une part de l’azur céleste
Oui mais à peine avais-je entrevu
L’être aimé qu’il s’était pourvu
Du même masque et qu’à sa vue
Je compris que gagnait la peste
Adieu les danses bergamasques
Tendres aveux autour des vasques
Notre peau collait à nos masques
Ah nos masques ! Nos masques ! Nos masques !

Nous aurions tant aimé courir
L’un vers l’autre et laisser mourir
Cette peur qui nous rend étanche
Saisir nos mains saisir nos hanches
Cingler vers la rive inconnue
Où l’on a le droit d’être nu
Oui mais nos mots masqués eux-mêmes
Ont refusé de dire « je t’aime »
Nous nous sommes comme à l’habitude
Souhaités la bonne solitude
Et séparés comme il se doit
En nous touchant du bout des doigts
Indifférents et sans mémoire
Etrangers sous nos masques
Noirs…
Commenter  J’apprécie          390





Ont apprécié cette citation (31)voir plus




{* *}