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Citation de klakmuf


C'est lui qui a inventé ce dénouement majestueux : à un peuple qui se refusait, il a donné son congé. Il est parvenu à muer une défaite en retraite, art suprême de la stratégie. Il n'a pas subi. Il a choisi. Le mandat que 55% des Français lui avaient confié en 1965, il l'a déposé librement, quittant qui l'humilie. Geste gaullien par excellence et dont il savoure, sous les arbres de la Haute-Marne, l'âcre élégance.
" Je ne suis pas tombé du pouvoir, j'en suis descendu. La volonté nationale ne renverse pas, elle ordonne : on lui obéit. J'ai honoré par ma conduite mes convictions républicaines...", déclarait Cavaignac à l'Assemblée nationale.
De Gaulle n'aurait pas écrit " descendu ". Ecarté, plutôt. En tout cas, il n'a pas obéi à un ordre, il a pris une décision.
Dans le scrutin du 27 avril [1969], il voit avant tout un règlement de comptes différé. Contre lui ont joué de vieilles et implacables rancunes - de Vichy, de l'Algérie, de l' " argent ", du quotidien. D'une France moyenne, conforme, au ras du sol. D'une France qu'il déteste, celle des boutiquiers et des comités. Celle de la plupart des électeurs du 30 juin 1968, qui s'est retournée contre lui et vengée de ses peurs de 1944, de 1958 et de 1968, dès lors qu'a surgi, grâce à Georges Pompidou, la chance d'un " gaullisme " sans de Gaulle, d'un ordre benoît, confortable et bien armé.
Ce n'est pas sans une satisfaction aristocratique qu'il tombe, victime de cette " meute ", intimement persuadé que c'est alors sa grandeur qu'il expie. Contre Charles de Gaulle s'opère la revanche de l'affaire Pétain, de l'affaire " Empire ", de l'affaire Europe, de l'affaire Amérique, de trente années de défis permanents. (...)
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