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Citation de ChedevC


On trouve des tambours de bronze au Laos, en Birmanie ou au Tonkin, partout où vivent encore les peuples qui les premiers ont habité le Sud-Est asiatique comme les Moïs ou les Khas, les Karens et les Kachins. Ce sont grands chaudrons qui produisent quand on les frappe un roulement semblable à celui du tonnerre. Le plateau de ces tambours est orné au centre d’une étoile, et, sur le pourtour, de grenouilles qui s’accouplent.
Selon la légende, le général Ma Yuan qui vivait au ſer siècle de l’ère chrétienne, sous la dynastie des Han, avait été chargé de défendre les marches du sud de la Chine. Mais comme on ne lui avait pas donné de soldats, il avait eu l’idée d’installer des tambours de bronze dans toutes les cascades proches des lieux où vivaient les peuples crédules des montagnes. L’eau tombant sur ces tambours faisait résonner si fort le métal que les montagnards croyaient entendre les armées innombrables du Fils du ciel. Ils restèrent pendant de longues années sur leurs crêtes sans oser descendre dans les vallées.
Tous ceux qui ont vécu au Laos trouvent dans cette légende la clef des événements incompréhensibles qui s’y sont déroulés récemment. Vingt siècles après le général Ma Yuan, les communistes chinois et vietnamiens ont installé des tambours de bronze dans toutes les cascades du Laos pour y attirer cette fois les Blancs, ces barbares crédules et courageux. Ils ont fait croire aux Français, puis aux Américains, qu’ils allaient conquérir ce pays. Ils ont multiplié du nord au sud des incidents sans importance, des combats qui ne faisaient que quelques blessés. Ils ont pris des villages que personne ne songeait à défendre. A grand fracas, ils ont monté un mouvement procommuniste : le Pathet Lao, qui tenait son existence de leur seul appui. Chaque fois que trois soldats laotiens prenaient la poudre d’escampette, les journaux du monde entier annonçaient qu’ils avaient à leurs trousses un régiment vietminh ou une division chinoise .
Obsédés par les roulements des tambours, les Blancs se sont portés au secours du Laos pour combattre une armée qui n’existait pas. Ils se sont épuisés à la chercher. Ayant ainsi détourné leur attention, les communistes, travaillant en secret dans leurs sapes, sécrétant ces sucs qui dissolvent toutes les résistances, ont pu ronger le Sud-Vietnam, le Cambodge, la Birmanie, l’Indonésie, la Malaisie, Singapour…
(Les tambours de bronze)
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