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Citation de verobleue


Alors Maxime parla de l’Angleterre, de Londres, des villes, des usines, des immeubles, des autoroutes où des centaines de milliers de voitures circulaient chaque jour. Nyima s’était arrêtée de coudre son étoffe et écoutait avec son époux le récit de Maxime, que traduisait Tsepal. Il leur parla de la manière dont vivent les paysans, de la superficie de leur terre, de leurs outils, des tracteurs des moissonneuses-batteuses. Il parla de la politique, de l’économie, des classes sociales, de la religion et de tant de choses qui laissèrent les Lhopas muets de stupéfaction. Ils avaient beau avoir quelques connaissances du monde moderne occidental, jamais un étranger ne leur avait parlé en détail de cette façon d’aborder la vie, de cette culture si différente. Ils n’en revenaient pas, parfois ils se jetaient des regards consternés et complices.
-Voilà comment vivent les gens dans mon pays !
Maxime sentit en lui une aigreur noire monter de son ventre jusqu’à sa gorge et lui donner un goût amer. Il continua son récit.
- Dès notre plus jeune âge, on nous apprend à être le meilleur, à être un gagnant. On nous apprend très vite que la réussite de notre vie est uniquement basée sur notre réussite sociale. Alors nous sommes prêts à écraser notre voisin, notre ami, pour lui prendre sa place, tandis que nous glorifions le respect d’autrui. Nous nous mettons à mentir, à trahir ; et la convoitise est notre pain quotidien. La peur s’est installée partout. La peur de perdre nos habitudes, notre petit confort, peur de déplaire, peur de vieillir, peur de mourir. Peur de notre propre solitude, alors nous créons des relations superficielles et nous parlons de nos richesses emmagasinées et de nos kilos à perdre. Nous salissons l’image de nos amis absents pour nous mettre en valeur, c’est tellement facile. Nous trompons nos femmes avec d’autres femmes. Nous passons notre temps à courir. Courir pour ne pas être en retard au travail, courir pour faire les courses dans les magasins, courir pour partir en vacances. Notre vie est devenue une course permanente. Mais réellement, nous courons après quoi ? Plus personne ne le sait, et tout le monde s’en fout. On passe à côté de l’essentiel. Notre vie n’est qu’un paquet de mensonges, et nous ne savons plus pourquoi nous vivons ! Nous avons perdu nos racines, notre conscience, notre foi et notre confiance en la vie. Voilà mon monde, Goré. Tu vois, tu ne possèdes peut-être qu’un peu d’orge, de thé et ce vieil appareil photo, mais tu n’as rien à m’envier. Je suis bien plus pauvre que toi.
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