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Critiques de Jean-Marc Moriceau (17)
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Les couleurs de nos campagnes



Dans les coulisses des grandes scènes, le monde des campagnes surgit toujours ; il y a 150 ans, plus de trois français sur quatre vivaient encore dans les campagnes.

Ces campagnes d'alors étaient emplies de vie, d'enfants, de familles, de petits (et de grands) métiers et surtout … de couleurs !



Campagnes d'hier et vos paysages ouverts, pas encore tout à fait façonnés par le bras de l'homme, vous voici pour la première fois dans un livre mises en lumière absolue !



De plus, pour chaque chapitre, l'auteur, historien spécialisé, analyse sur deux double pages les liens entre l'image et les évènements socio-politiques du moment.

C'est érudit et facile à lire à la fois. Toutes les photos du chapitre montrent qu'on a donc affaire à trois « artistes », le photographe, le coloriste et l'historien à la plume fascinante. Ainsi, cette mise en colorisation clairée par l'écriture fine et passionnée de Jean-Marc MORICEAU enrichit indéniablement notre vision du passé par de multiples mises au point sur cette histoire commune.



Le livre se décompose en plusieurs parties de 1880 à 1960.



Dans un beau format qui fait la place à de grandes photos (d'une superbe facture) couvrant la page entière ou même une page et demi, voire deux, immédiatement les couleurs sont là pour offrir de la consistance aux images et attraper nos regards... l'émotion s'en suit subrepticement.



De la républicanisation des campagnes à la modernité (relative selon les endroits), on y découvre grâce aux photos et aux explications que le monde paysan représente " cent " métiers différents : résinières des Landes, porteurs de glace, pêcheuses d'huîtres, journaliers, bergers, vignerons...



Chaque cliché est détaillé, décrit mais aussi analysé dans le contexte social et économique de l'époque en première partie de chapitre.



Gros propriétaires terriens, masures faméliques, intérieurs paysans, la belle époque des photographies du début du siècle et l'avènement des cartes postales a fait entrer la photographie des villages français dans son âge d'or. Nous en profitons aujourd'hui avec les couleurs.



Et évidemment, les couleurs, ça change tout, quoiqu'on en dise.



On n'a alors qu'un désir… tendre la main pour toucher ces gens, leur parler.

Ces personnes sont devenues vivantes, car "Les couleurs de nos campagnes" est magique et envoûtant. Je ne pouvais plus le lâcher.



C'est actuellement un autre membre de la maisonnée (pourtant peu sensible aux livres) qui le lit et le regarde un peu chaque jour. Pour faire ressurgir probablement une histoire familiale bien ancrée au plus profond de lui.



Merci à BABELIO et aux Editions Des Arènes pour cette superbe découverte.
Lien : http://justelire.fr/les-coul..
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La Bête du Gévaudan

La bête du Gévaudan !! Un conte de mes campagnes Auvergnates autour du XVIIIème siècle. Alors ce seraient plusieurs gros loups, peut-être un peu croisés chiens ou lycaons etc... La période ayant vu apparaitre les victimes de la bête est plutôt longue... Il y a eu des fausses victoires, une utilisation religieuse du mythe. Les Français ont été la risée de étrangers. En tout cas c'est une histoire terriblement fascinante que ce monstre attaquant jeunes filles et enfants dans nos campagnes... Et parfois même des hommes. On essaye d'étouffer le scandale dans l'œuf, mais ce monstre était terriblement difficile à tuer. L'animal n'est pourtant pas mauvais en soi, ce serait donc un cinglé qui aurait dressé quelques chiens loups? Venez découvrir les mythes de l'Auvergne...
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Histoire du méchant loup

Refusant de minorer ou de nier les prédations exercées par les loups sur les humains, Jean-Marc Moriceau est l'auteur d'un extraordinaire travail de recherche qui permet de se faire une idée la plus précise possible sur ce sujet.



Dans cette nouvelle édition corrigée et augmentée, un livre impressionnant de plus de 600 pages, le lecteur découvre les habitudes de ceux qui nous ont précédés, le fonctionnement de la société et surtout les réactions de la population devant des attaques bien réelles mais qu'il s'agit avant tout d'analyser pour éviter de tomber dans le piège des superstitions et autres croyances irraisonnées.



Jean-Marc Moriceau, documents à l'appui, nous emmène à travers tout le pays, s'appuyant sur les seuls récits disponibles jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, ceux établis par les curés de campagne. La plupart du temps, l'imagination prenant le dessus, les méfaits des loups anthropophages étaient attribués à un seul animal malfaisant, insaisissable. L'imagerie populaire aidant, une représentation de plus en plus féroce atteint son paroxysme avec la Bête du Gévaudan (1764-1767). La presse aussi, dès 1632 (La Gazette) s'est chargée de médiatiser la férocité des loups.

En fait, si certains loups ont pris goût à la chair humaine, c'est la faute des guerres et batailles incessantes qui ont égrené les siècles, laissant sur les champs de bataille, quantité de cadavres sans sépulture. S'ils nettoyaient le terrain, les loups, ensuite, cherchaient à prélever leur nourriture sur les vivants, hélas. L'exemple le plus célèbre de cadavre dévoré par les loups sur un champ de bataille est celui de Charles le Téméraire retrouvé nu et à moitié mangé, deux jours après la bataille de Nancy, le 5 janvier 1477.

Les autres attaques des loups sur les humains relèvent de loups enragés. Contrairement au loup anthropophage qui attaquait les plus faibles, les femmes et les enfants principalement, le loup enragé s'en prend à n'importe qui, infligeant d'atroces morsures sans dévorer sa victime. Une seule attaque pouvait se révéler être un véritable fléau parce que les conséquences étaient abominables à cause de cette maladie que l'on ne savait pas encore soigner. Jean-Marc Moriceau consacre une bonne partie de son étude à l'évolution de la rage et aux façons de lutter contre elle.



Cette « Histoire du méchant loup » permet de s'informer et surtout de dédramatiser le débat sur un sujet abordé sans oeillères et avec le maximum de documents étudiés et reproduits dans le livre. En un peu plus de 500 ans, les loups ont fait un peu plus de 3000 victimes (1857 pour les prédateurs et 1201 pour les enragés). Rapporté à la mortalité importante durant cette période (chutes, noyades, maladies, etc…), ce nombre n'est finalement pas trop important.




Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Terres mouvantes : Les campagnes françaises d..

Je suis admirative du travail réalisé par Jean-Marc Moriceau. On voit tout de suite qu'il y a une recherche approfondie de l'auteur qu'il complète avec des documents enrichissant ses propos. De plus, son livre est bien structuré, au niveau de la forme comme au niveau de son explication.



Évidemment, j'ai trouvé certains passages plus pertinents que d'autres. Je n'ai pas eu le même intérêt pour tous les passages, certains m'ont même paru un peu lourds, mais cela n'est pas dû au style de l'auteur qui est plutôt agréable.



C'est un livre historique très bien fait et, pour ceux qui s'intéressent aux sujets abordés, qui est intéressant.
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Le loup en questions : Fantasme et réalité

des questions oui, des réponses??

montre bien la complexité qu'a l'homme a vivre avec son environnement.
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Les couleurs de nos campagnes

Au départ, on peut être un peu dubitatif sur l'entreprise : colorer de vieilles photos noir et blanc, est ce une si bonne idée que cela ?

Après avoir regardé les très belles photos "des couleurs de nos campagnes", le lecteur est tout à fait convaincu et même séduit.

En effet, le résultat est tout à fait probant même si pour chaque photo le résultat est un peu différent selon la nature de la photographie d'origine.

Pour certaines, le résultat est même époustouflant comme, par exemple, pour la superbe photo prise au café d'un village, page 164-165. Les couleurs et les visages sont superbes et la photographie paraît hors du temps.

Mais ce livre est aussi un livre d'histoire qui au travers de 80 années laisse à voir le monde rural tel qu'il existait alors, aujourd'hui déserté par ses habitants.

Les photographies sur la seconde guerre mondiale et la ligne de démarcation étaient connues mais peut être un peu oubliées.

Le confort très relatif dans lequel ont vécu les générations de l'époque, l'omniprésence de la vie au grand air sont rappelés par ce livre de belle façon, avec bienveillance et positivement.

Il s'agissait en effet assez visiblement d'éviter deux travers: célébrer un âge d'or qui n'a pas existé ou au contraire afficher une vision misérabiliste de l'époque, avant les trente glorieuses et le développement de la société de consommation.

Tous les visages ne sont pas souriants et la dureté des temps n'est pas esquivée.

Mais ces photos colorisées rendent finalement un bel hommage aux générations qui nous ont précédé et dont le souvenir s'estompe aujourd'hui.









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Les couleurs de nos campagnes

Merci à Babelio pour cette opération Masse Critique "Graphique" de décembre 2020qui me permet de recevoir ce très beau livres des éditions Les Arènes.

Ce n'est pas la première fois que des vieilles images en noir et blanc sont plus ou moins colorisées, mais celle de la couverture m'a parut de belle qualité et j'ai été curieux de redécouvrir la vie de mes grands-parents sous un autre aspect. Une fois le livre entre les mains, une seule envie : le feuilleter ! Beaucoup de surprise et de rires devant ces photos et le travail impressionnant de colorisation. C'est tellement bien réalisé que les photos deviennent émouvantes pour certaines. Un bel équilibre entre texte et photos rendent la pagination agréable. Le livre passe de mains en main et arrive à interpeller toutes les couches de la famille.
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Les couleurs de nos campagnes

Pour quelqu’un d’origine paysanne, ce parcours est extrêmement émouvant. Les souvenirs arrivent à flots. C’était avant les grandes invasions, avant les prêcheurs d’apocalypse écolos, les végans psychopathes… L’ancien monde, comme dirait machin.
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La mémoire des gens de la terre: Chroniques d..

"Chroniques de la France des campagnes" représente dans l’œuvre de Moriceau quelque chose d’indépassable : quel autre livre pourrait concentrer à ce point tout ce qu’il a cherché au long de sa vie, tout ce qui a compté pour lui, tout ce qu’il a fait ?
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Sur les pas du loup : Tour de France histor..

Historien spécialiste du loup, l'auteur retrace ici, dans un ouvrage richement illustré, s'appuyant sur une cartographie abondante les nombreux épisodes de Bête Dévorante qui émaillent l'histoire des campagnes de France, du Moyen Âge au début du vingtième siècles.S'appuyant sur les archives, il compare les différents récits et tente une chronologie et une géographie des rapports entre les hommes et le loup. Un beau livre de images et un contenu passionnant.
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L'Homme contre le loup : Une guerre de deux..

Jean-Marc Moriceau est l’historien spécialisé dans les rapports Homme/Loup en France, le plus prolifique et certainement le plus compétent.

Sa biographie est impressionnante et recèle de nombreux ouvrages intéressants. Il semble avoir tendance à attirer l’attention sur la dangerosité de l’animal et les titres de certains de ces ouvrages sont significatifs (Histoire du méchant loup, 3000 attaques sur l’homme).

Historien du monde rural et de la paysannerie, il s’est naturellement tourné vers l’étude des relations Hommes/Loups, relations conflictuelles de deux prédateurs en concurrence sur un même espace.

Il est vrai que les rapports entre ces deux animaux ont revêtu un caractère particulièrement violent en France. Ce sont les archives qui l’attestent et Jean-Marc Moriceau s’en sert pour dresser le portrait de cette relation tumultueuse qui a été fatale au loup.

Pour comprendre sa disparition un faisceau d’actions passant de l’organisation de battues à la mise en place de primes, et enfin à la création de la louveterie sont à prendre en compte sur un temps long ou les progrès notamment de la chasse et des armes permettront petit à petit aux hommes à venir à bout de leur ennemi public numéro un.



Une enquête passionnante en 15 chapitres, écrite dans une langue simple et dynamique font de ce livre un travail historique essentiel pour comprendre la place du loup dans l’imaginaire et l’inconscient collectif français.

Si aujourd’hui, il est tant craint et haï des éleveurs et des bergers, c’est que son retour réactive de façon violente et impérieuse les dangers qu’il a toujours fait peser sur les animaux domestiques et parfois les hommes. Le problème c’est que notre société, en ayant sanctuarisé le loup dans un statut d’animal protégé par des lois, n’a pas redonné aux bergers et aux éleveurs les moyens de s’en prémunir efficacement. Ceux-ci se trouvent donc dans l’impossibilité de se défendre contre un agresseur impitoyable. Les mesures de protection ne sont pas des mesures de défense mais d’évitement, et un animal aussi intelligent et rusé que le loup aura toujours un temps d’avance sur le berger. Faut-il pour autant renouveler les erreurs qui ont déjà conduit à sa disparition ? La politique gouvernementale ne semble pas suffisamment claire sur ce point : les décisions prises sont trop imprécises et surtout le discours reste flou.

C’est donc à un nouveau contrat social que Jean-Marc Moriceau nous invite, dans sa conclusion. Les différents protagonistes de ce nouveau combat : anti loups et pro loups doivent, au-delà des passions trouver un terrain d’entente qui permettent au loup de vivre (sans craindre de disparaître à nouveau du territoire français) et surtout aux éleveurs et aux bergers d’avoir les moyens d’exercer leur métier.

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Le loup en questions : Fantasme et réalité

un bon travail de synthèse sur les problématiques historiques et actuelles qui touchent le loup et son rapport à l'homme. Sans militantisme ou romanstisme, un ouvrage pour les motivés (mais experts).
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Le loup en questions : Fantasme et réalité

Jean-Marc Moriceau est historien, spécialisé en histoire rurale rattaché à l’université de Caen. En 2010 il devient membre de l'Institut Universitaire de France où il dirige un projet de recherche sur le loup : « Un problème d’histoire de l’environnement : la conflictualité entre l¹homme et le loup de la fin du Moyen Âge aux années 1930 ».



Après des publications sur l’élevage en 1999 et 2005 (dont une « Histoire et géographie de l'élevage français du Moyen Âge à la Révolution) la majeure partie de ses publications ont aujourd’hui pour sujet le Loup, en voici un florilège :



Histoire du méchant loup, 3000 attaques sur l'homme en France XVe - XXe siècle – 2007

La Bête du Gévaudan – 2008

L'Homme contre le loup. Une guerre de deux mille ans – 2011

Sur les pas du loup. Tour de France et atlas historiques et culturels du loup, du Moyen Âge à nos jours – 2013

Vivre avec le loup ? Trois mille ans de conflit – 2014

Et enfin cet ouvrage de vulgarisation en 2015.



La question du loup et de son retour en France à réveillé de nombreux conflits notamment auprès des éleveurs ovins et de leur pratique professionnelle. Ces derniers, victimes d’un contexte professionnel fragilisé par les pratiques libérales issues de la mondialisation des échanges et l’arrivée de viande ovine à bas coût de l’autre bout du monde (Nouvelle Zélande notamment) ne résistent pas à ce qu’ils ressentent comme une nouvelle agression. Agression, le mot est juste : les troupeaux sont attaqués par un prédateur, les bergers sont dévalorisés par une société qui ne reconnait pas suffisamment ce nouveau contexte professionnel (accroissement de la charge de travail, des conditions de travail et du stress induit), les éleveurs sont atteints économiquement et affectivement.



Après avoir disparu du paysage français pendant une très courte période, moins d’un siècle (quelques loups isolés ont été tués au cours de la première moitié du XX° siècle – le dernier abattu en 1954 en Isère), le loup est devenu dans l’imaginaire le symbole d’une Nature retrouvée et s’est débarrassé de tous les attributs négatifs qui ont conduit à sa disparition (bête du diable, mangeur d’enfants, etc…).



Jean-Marc Moriceau rappelle cette histoire et pose avec justesse le contexte actuel qui voit s’opposer deux conceptions contradictoire de la société. D’un côté une Nature valorisée défendue par ceux qui majoritairement n’ont plus grand-chose à voir avec elle (les urbains) de l’autre la défense d’un modèle économique à bout de souffle par des paysans face à une évolution cruciale de leur profession : sa survie étant en jeu.



Voulons-nous d’un monde sans paysans et avec des loups ? Ou d’un monde ou subsistent les deux ? Est-il pour autant possible de défendre les deux positions ? Jean-Marc Moriceau estime qu’une cohabitation est impossible alors qu’une coexistence semble envisageable, mais à quel prix et sous quelles conditions ?



Cette question est à la fois sociétale et politique. Elle interroge sur le type d’agriculture que nous souhaitons défendre et sur la place de l’Homme en haut de la pyramide des espèces dans sa fonction de régulation et de gestionnaire des espaces naturels : la concurrence sur les estives entre loup et moutons, entre bergers et militants associatifs, entre éleveurs et défenseurs de la biodiversité pose une question encore plus profonde, celle de la place de l’Homme dans les écosystèmes et surtout de son action sur les autres espèces animales et végétales. De plus Jean-Marc Moriceau rappelle que le loup est un animal dangereux pouvant attaquer les hommes et que son développement numéraire conduira certainement à des accidents de ce type (l’Histoire montre que cela s’est toujours produit), notre société est-elle prête à ce genre d’éventualité dramatique que pour l’instant elle refuse de voir mais qui arrivera ?
Lien : http://legenepietlargousier...
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Histoire du méchant loup

Nous avons reçu l'auteur de l'ouvrage le 19 janvier 2008 ; l'enquête conduite est passionnante et permet de resituer précisément l'histoire des attaques de loup dans le contexte de l'occupation du sol française au cours de l'histoire.

140 loups aujourd'hui, entre 20 et 30 000 il y a trois siècles ; une pression humaine différente mais constanate ; autant de point qui change notre regard et surtout un regard porté sur l'histoire avec justesse, rigueur et impartialité.
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Histoire du méchant loup

Jean-Marc Moriceau père de la nouvelle histoire rurale française donne un aperçu de l'histoire des attaques de loup sur l'homme sans complaisance.

L'animal ne fut pas une "bête", mais un redoutable chasseur !

Cela apporte un éclairage neuf au débat sur le retour du loup dans le Mercantour et sur la place qu'occupe désormais cet animal dans notre imaginaire.

Le retour de la grande faune a entraîné celui des supers prédateurs.

L'histoire permet de prendre du recul.

Un essai d'une grande précision, totalement impartial.

Revigorant.
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L'Homme contre le loup : Une guerre de deux..

Critique de Maxime Rovere pour le Magazine Littéraire



L'ennemi de l'homme a occupé une telle place dans l'imaginaire qu'il est passé du statut d'espèce menaçante à celui d'espèce menacée. «Je dis le loup, écrit Perrault à la fin du Petit Chaperon rouge, car tous les loups / Ne sont pas de la même sorte ; / Il en est d’une humeur accorte, / Sans bruit, sans fiel et sans courroux, / Qui, privés, complaisants et doux, / Suivent les jeunes demoiselles / Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles. / Mais, hélas ! qui ne sait que ces loups doucereux, / De tous les loups sont les plus dangereux !» Toujours errant à la lisière de notre humanité, le loup incarne les pires dangers : haute figure littéraire, ce carnassier efflanqué s’est imposé à notre imaginaire comme un symbole irremplaçable. Perpétuelle source d’effroi, sa tête fut longtemps mise à prix, jusqu’au jour où, en passe de disparaître, elle nous devint inestimable. Parcourant les enjeux profonds de cette lutte, jusqu’au spectaculaire renversement de sensibilité dans la seconde moitié du XXe siècle, Jean-Marc Moriceau fait l’histoire à facettes du meilleur ennemi de l’homme.

La lutte sans merci contre le Canis lupus a été déclarée dès les lois de Solon (VIe siècle av. J.-C.), pour un motif très simple : non seulement il est «le seul grand prédateur carnivore dont l’homme ait eu à se garder», mais le danger qu’il fait courir concerne avant tout les enfants. Car, dans les sociétés agricoles, pendant que les parents s’occupaient des tâches les plus pénibles, les enfants furent longtemps dévoués à la surveillance du bétail ; ils s’exposaient ainsi à rencontrer les loups, principalement intéressés par les moutons et par les chèvres.

Difficile pourtant d’expliquer le surinvestissement symbolique de l’animal par les dégâts qu’il a causés : l’impact des prélèvements faits au bétail ne fut jamais catastrophique. En revanche, l’irruption des loups dans les villes relève, dès le haut Moyen Âge, de la littérature de prodiges. L’Antiquité s’était accommodée de la «bête ravisseuse et avide de sang» ; mais, repère Moriceau, «les treize occurrences de Canis lupus dans la Bible font de lui un ennemi de la chrétienté» : dans l’imagerie pastorale, le méchant loup s’oppose au chien domestiqué, qui guide les brebis du Christ. Alors, aussi longtemps que la cohabitation fut inévitable, les humains tâchèrent de proportionner leurs moyens de défense aux «nuisances» supposées de l’animal : faire du feu, du bruit, enfermer le bétail la nuit, élever des chiens de protection. Au XVIIIe siècle, on mit au point des armes, des pièges et des poisons adaptés au loup. Mais tous ces efforts revenaient au même : il est impossible d’éradiquer absolument de la nature le risque, fût-il incarné par le loup.

Pourtant, l’institution de la louveterie, corps d’agents dévoués à la lutte contre l’animal probablement créé sous Charlemagne, fit tout pour traquer les loups. Néanmoins, à partir de 1820, c’est bien l’extension de la louveterie à tout le territoire, ainsi que l’uniformisation des primes au loup et la généralisation du fusil qui finissent par emporter la «victoire» de l’homme sur le loup. L’exploitation des forêts, l’apogée de la population rurale et le développement des transports achèvent de transformer sa présence en souvenir. C’est alors que tout s’inverse : l’Association des lieutenants de louveterie, qui existe encore, a depuis transformé ses membres en conseillers cynégétiques et ne lutte plus que contre les sangliers. En 1988, le loup est retiré de la liste des animaux nuisibles, et cinq ans plus tard il est inscrit sur celle des animaux protégés.

En quittant l’ouvrage, on s’aperçoit qu’il laisse en suspens un grand nombre de questions, du fait notamment de problèmes de construction : les analyses des aspects symboliques du loup ne sont-elles pas tantôt rassemblées (dans le chapitre III), tantôt disséminées ? Pour passionnants qu’ils soient, les chapitres sont à l’image de la bibliographie - «d’une richesse étonnante et d’une dispersion qui frôle l’éclatement». Fine et précise dans les détails, l’étude de Jean-Marc Moriceau peine à dégager de grandes lignes. Mais c’est un livre qui fait tantôt trembler, tantôt rêver, et qui, après coup, donne beaucoup à penser.
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L'Homme contre le loup : Une guerre de deux..

Ce n'est pas le moindre intérêt de l'ouvrage de Jean-Marc Moriceau que de retracer, à travers notamment l'histoire de l'institution de la louveterie, de l'organisation des battues, de la réglementation des primes, ce qu'il y a de "social" et de politique dans la lutte de l'homme contre le loup
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