Petit pain, petite punaise…
Petit pain, petite punaise, petit pâtre et petit poisson
Il n'est pas besoin d'être treize
Vous faites bon ménage à quatre
Vous savez vous mettre à l'aise
Vous êtes de bons garçons
Toi petit pain tu es fendu
Tu es fendu comme un tutu
Jolie punaise tu est verte
Tu connais bien ton alphabet
Petit pâtre tu es gentil et tu fais Bê
Bê Bê Bê Bê Bê Bê
C'est pour toi une grande perte
Quand un mouton devient un œuf
Il faut te faire un cri tout neuf
De la couleur du jaune d'œuf
Petit poisson tu es muet
Tu fais le mort au jeu de cartes
Nous te donnerons de la tarte
Sans hameçon ou du muguet
Adieu petit pain des poissons
Adieu petit poisson des pâtres
Et petit pâtre des poissons
Adieu ma petite punaise
Ma punaise des bois qu'on trouve dans le pain
Dans les poissons et sur les pâtres
Qu'on trouve aussi dans les jardins.
L'OURS
à Brun
Un bon gros ours qui vit dans sa tanière
Il s'est creusé la tête Aussi le cœur
Pour préparer son lit à la lumière
À la seule lumière qui naît de la chaleur
Sa nuit Son rêve et son hiver
Toute sa vie annonçaient le printemps
De ce soleil de chair il a fait l'impossible
Mais le printemps Ah le printemps le ferez-vous
Le printemps se fera Mais il se fait sans lui
Une morte le tient qui neige sur le monde.
L’orchidée du désir
À hauteur de tes yeux le jour perd sa lumière
Bel oiseau qui dort dans son vol
Le temps pose une seule étoile sur la terre
L’orchidée du désir
Le coup de grâce
Extrait 1/2
C'est moi Seigneur J'ai les bras étendus
Comme quelqu'un qui ne croît pas Qui ne croît guère
Comme quelqu'un qui n'était pas fait pour la croix
C'est moi Seigneur qui ne sais aucune prière
Moi qui ai dû tomber pour me mettre à genoux
C'est moi Seigneur Haletant sous cette misère
Ce grand poids de misère utile
Utile Inutile Je ne sais pas
Un grand vent sur la place vide
La place où nous dansions l'été
C'était une place nommée
Place de la Raison
Nous y dansions le cœur léger
Car la raison elle-même est légère
La danse d'aujourd'hui est lourde comme notre peine
Mais c'est une danse quand même
La danse d'une étoile dans la nuit…
Le coup de grâce
Extrait 2/2
C'est moi Seigneur Pourquoi ai-je parlé ainsi
Je ne vous aime pourtant pas
Je n'ai aucune envie de vous
je suis devant vous comme devant cette femme qui est morte
Que j'ai aimée par-dessus tout et que pourtant je n'ai jamais aimée
Je ne vous aime pas Seigneur Je viens à vous d'un air mauvais
Un air mauvais comme l'air de ces mauvais jours
De ces jours de fièvre et de glace
À coups de pioche dans le malheur
Qu'il s'écroule ce désespoir de sable
Et qu'il tombe par blocs aussi gros que nos cœurs
C'est le désespoir Je ne l'avais jamais regardé en face
J'ignorais ce visage que j'ai aujourd'hui dans la glace
C'est pourtant vrai que je suis prisonnier
C'est pourtant vrai qu'il n'y a rien à faire
C'est pourtant vrai que nous sommes désespérés
Et cette nuit aux yeux ouverts
C'est pourtant vrai
C'est pourtant vrai que nous sommes loin de tout et de nous-mêmes
Que nous sommes au heu où vous seul vous trouvez
Et nous buvons l'air noir où vous seul pouvez vivre
Seigneur C'est pourtant vrai.
C’est de la poésie
Ce n’est pas de moi
C’est de la poésie
C’est une statue d’eau dans un lac
De flammes dans le feu
Et d’ombre dans la nuit.