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Critiques de Jean-Michel Beuriot (125)
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Amours fragiles, tome 9 : Crépuscule

C'est le tout dernier tome d'une série commencée en 1997 soit il y a 26 ans déjà ! On a parfois attendu de nombreuses années entre chaque tome. A l'époque, c'était la série historique la plus aboutie avant d'être galvaudé par d'autres qui ont suivi abondamment par la suite. Elle faisait l'objet d'une série novatrice qui a d'ailleurs été salué d'éloges par les plus grands noms de la BD (Tardi, Jean-Louis Tripp, Yslaire).



Evidemment, la documentation est impeccable au niveau des détails historiques pour bien encrer ce récit. Ce dernier tome clos la Seconde Guerre Mondiale dans une Allemagne complètement détruite et occupée par les Alliés qui entament un processus de dénazification à travers des procès retentissants.



On se rend compte que les vrais coupables vont échapper au peine en payant de faux témoignages alors que le pauvre bougre du coin qui n'a plus à manger écopera de peines lourdes de prison pour une simple pensée. On se rend compte de toute cette injustice par un système implacable.



Amours fragiles a été une série qui joue sur une espèce d'habileté à démontrer les vrais visages de ces allemands et c'est bien plus complexe que cela n'en n'a l'air. Il n'y a pas le bien et le mal d'un côté. Notre héros Martin a d'ailleurs traversé cette période en étant un soldat allemand mais sans être un partisan nazi bien au contraire.



C'est l'aventure sentimentale qui prend également le pas. Et là encore, il ne va pas finir dans les bras de l'amour de sa vie comme on aurait pu l'espérer. La vie est souvent différente dans la réalité. Oui, l'amour est fragile comme l'indique si justement le titre de cette série.



Pour le reste, je dirais que j'ai rarement lu une BD historique de cette qualité car elle est d'une profonde humanité. Le message final nous indique qu'il faut toujours se méfier de la tournure des événements en Europe car la guerre n'est jamais loin.
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Voltaire : Le culte de l'ironie

Au soir de sa vie, Voltaire accepte, en son château de Ferney, situé près de la Suisse, de recevoir Lasalle qui souhaite rédiger sa biographie.

Voltaire lui raconte alors quelques épisodes marquants de sa vie : adolescence, premiers pamphlets, premières pièces de théâtre, premières amantes, premiers embastillements, … , jusqu’à arriver à son âge avancé où le philosophe a pris la place de l’homme de lettres et n’hésite pas à s’engager dans des procès iniques qui ont le don de le faire enrager par la stupidité des juges et des curés, personnes d’un autre âge qui ne voient pas que le monde et les idées ont évolué.



Critique :



Ce livre qui déplaira aux amateurs d’action par son côté narratif, enchantera ceux qui veulent découvrir Voltaire, son œuvre et son temps. Philippe Richelle, le scénariste, ne cherche nullement à présenter l’écrivain comme un individu d’une rectitude parfaite, puisqu’on parle là de celui qui fut sans doute le plus grand philosophe des lumières. Bien au contraire, Philippe Richelle nous montre également des aspects du personnage nettement moins séduisants. Ainsi, Voltaire s’est moqué du Régent (qui gouverne après la mort de Louis XIV jusqu’à ce que Louis XV soit en âge de monter sur le trône) qui était un brave homme « progressiste », animé de l’esprit des lumières, simplement pour permettre au sieur Voltaire de faire parler de lui, de se faire connaître, car, quoi de mieux que de susciter un scandale pour que l’on parle de vous ? Le scénario désarçonnera certains lecteurs par son découpage car l’on passe d’une époque à une autre par un effet de yo-yo pas toujours facile à saisir, mais que l’on comprend si on pratique une lecture attentive.



Le scénariste accorde une place de choix aux maîtresses de Voltaire, non pour appâter le public par des scènes lubriques, mais tout simplement parce qu’elles ont joué un rôle dans sa vie, en particulier Emilie du Châtelet qui, mériterait bien une bande dessinée centrée sur sa personne. Femme tout-à-fait exceptionnelle, voici ce qu’en dit Wikipédia : « mathématicienne, femme de lettres et physicienne française. Elle est renommée pour la traduction en français des Principia Mathematica de Newton qui fait encore autorité aujourd'hui. Elle-même expérimentatrice, elle a contribué non seulement à populariser en France l'œuvre physique de Leibniz, mais a aussi démontré par l'expérience que l'énergie cinétique (appelée à l'époque « force vive »), était bien proportionnelle, comme il l'avait formulé, à la masse et au carré de la vitesse. Voltaire, avec qui elle entretient une liaison de quinze ans, l'encouragea à poursuivre ses recherches scientifiques. »



Le dessinateur, Jean-Michel Beuriot, accomplit ici une œuvre très personnelle et ayant nécessité un travail de recherche considérable pour représenter Voltaire à son époque. Beuriot a appliqué directement les couleurs sur les planches originales qui ont ensuite été scannées pour pouvoir y inclure les « bulles » et effectuer la mise en page. Un important travail à la palette graphique a complété l’ouvrage. Jean-Michel Beuriot a opté pour les aquarelles que d’aucuns adoreront (j’en suis) et que d’autres déploreront car cette technique en bande dessinée surprend certains lecteurs habitués à des mises en couleurs plus classiques. Chaque case devient ainsi un vrai petit tableau. Le lettrage est réalisé à partir de l’écriture du dessinateur, digitalisée pour en faire une police de caractères. Tout ceci explique pourquoi il a fallu pas moins de trois ans au dessinateur pour venir à bout de ce chef-d’œuvre (si vous n’êtes pas d’accord avec moi, je ne vous ferai pas de procès, nous n’avons pas tous la même opinion et c’est très bien ainsi).



Attention : le personnage de Lasalle, le « biographe » de Voltaire, est purement imaginaire ! Les autres « acteurs » de ce récit ont bel et bien existé.



Ce double album est bien plus qu’une BD, un roman graphique, une biographie de Voltaire. Il est tout cela et un livre d’art en plus. Il met en lumière la dualité de cet homme aux idées de qui nous devons tant (séparation de l’église et de l’état, respect des libertés individuelles et collectives, démocratie représentative, droits des femmes à pouvoir être les égales des hommes, …) et quelques côtés plus sombres (son goût immodéré pour l’argent, son opposition au suffrage universel, jugeant que tous les hommes n’étaient pas aptes à réfléchir suffisamment que pour élire sainement, …).



Je pourrais encore vous chanter les louanges de cette BD pendant longtemps, mais je vous volerais du temps que vous pourriez employer au mieux en la lisant !

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Belle comme la mort

La sérénité de la belle jaquette en front de mer n'augure en rien de la noirceur de cette histoire policière très réussie. Attirée par un trait de dessin très figuratif, je suis entrée dans cette quête de fille perdue avec un réel plaisir.



Dans les pas de Hugo qui recherche son coup de foudre disparu, de cet autre, plus âgé, quidam inquiétant assez louche qui, lui aussi, semble en recherche d'une personne évaporée, le lecteur se balade sur les routes espagnoles surchauffées, croisant des personnages aux tronches improbables.



Usurpation d'identité, intrigues parallèles, faux-semblants, narration à tiroirs, ambiance de vieux polar... Jusqu'au twist final,c' est une bande dessinée bien sympathique, autant pour son scénario que pour son dessin.

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Voltaire : Le culte de l'ironie

Les auteurs d’Amours fragiles, s’attaquent dans cette BD en un tome (épais), à une biographie d’un de nos plus célèbres auteur, polémiste, philosophe, et virulent anti-clérical : Voltaire.



Le dessin ne surprendra pas qui a déjà lu un tome d’Amours fragile, cette belle série sur le nazisme et la seconde guerre mondiale. Même si la technique utilisée est différente, le graphisme reste sobre et les images produites conviennent très bien au XVIII éme siècle et à la personnalité contrastée de François-Marie Arouët.



En matière de scénario, Richelle utilise une série de flash-back pour revenir sur les principaux moments de la vie de celui qui en 1765 vit en petit seigneur sur ses terres au château de Ferney, tout proche de la Suisse (et de sa frontière, si pratique en cas de poursuites lancées par la monarchie).



On redécouvre en Voltaire le fils de bourgeois en révolte, l’auteur à succès – sachant aussi se placer, le pamphlétaire qui veut tout à la fois plaire aux dirigeants et attiser leur colère, devenant plus prudent après un séjour à la Bastille, le polémiste défendant la cause de victimes d’injustice… L’homme est plus complexe qu’il n’y parait et ses prises de position sont évolutives dans le temps. Un des intérêts de montrer de Voltaire vieillissant dans son domaine est de montrer le propriétaire terrien, loin des idéaux égalitaristes qu’il a prôné.



Le résultat est une biographie, bien construite, qui plaira à ceux qui voudront s’éviter la lecture d’ouvrages plus complexes sur la même personnalité.

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Amours fragiles, tome 1 : Le dernier printe..

*** Une première ! ***





Je ne suis pas fan du tout des bandes dessinées (mis à part Les aventures de Tintin et Milou, livres de mon enfance), et j'avais toujours un a priori sur les quelques une feuilletées vite fait dans une librairie. Soit les dessins étaient trop criards à mon goût, entraînant une certaine fatigue à lire les bulles, soit le thème (comme les mangas) ne me correspondait pas du tout.

C'est vrai que suite à tout ça, je ne me suis jamais intéressée à ce qu'on pouvait avoir en matière de bandes dessinées, et là ... waouh ! Superbe découverte ! Tant pour les dessins qui sont "reposants" et bien faits et sur le thème : Mêler l'Amour dans cette période terrible de l'entre deux-guerre avec la montée du nazisme.



Ce premier volume se passe en 1932, en Allemagne. On fait la connaissance de Martin, jeune étudiant et de son ami Günther. Leur jeunesse fougueuse fait qu'ils sont très loin d'imaginer leur proche avenir : la montée du nazisme avec ce moustachu qui promet aux Allemand un pays parfait ! D'ailleurs le père de Martin prône le nazisme haut et fort ce qui a le don d'exacerber Martin. Puis, un jour, de nouveaux voisins s'installent en face. de suite Martin tombe sous le charme de Katarina, mais sa timidité maladive avec les filles, lui fera perdre toute chance de la fréquenter.

Peut de temps après, le "problème juif" arrive et les premières mesures seront prises envers eux. C'est à ce moment là que Martin apprendra que Katarina est juive et devra quitter l'Allemagne pour Paris.





La collection Amours fragiles comporte sept tomes. Je continue bien sûr l'histoire de Martin .. va-t-il enfin pouvoir fréquenter celle qu'il aime ?



Seul bémol : j'ai eu du mal à reconnaître certains personnages qui se ressemblent graphiquement parlant et j'ai dû à plusieurs reprises revenir en arrière ...



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Amours fragiles, tome 7 : En finir...

Le 7ème volet de cette excellente série historique sur la seconde guerre mondiale vue à travers les yeux d'un Allemand pacifiste débute en 1944, dans une Allemagne sur le chemin de la défaite et dont une partie des élites commence à se retourner contre le pouvoir en place. Notre héros s'engage dans cette résistance de l'intérieur...

Toujours la même sensibilité, la même précision historique et autant de subtilités dans le déroulement de l'intrigue et les réactions des personnages. Vivement la suite!
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Voltaire : Le culte de l'ironie

Voltaire, le culte de l'ironie, une suite au Voltaire amoureux de Clément Oubrerie? Je m'y suis presque laissée prendre…

Le trait de Jean-Michel Beuriot est stylisé et précis, affichant moult détails que l'on aime examiner de près, complété par le texte de Philippe Richelle, appuyé sur une vérité historique et qui laisse place à la langue bien pendue de son sujet. On y voit donc un Voltaire vieillissant, discourant avec un probable biographe, revenant sur des événements passés au cours desquels son talent de pamphlétaire s'est déployé, fustigeant les prêtres, ces « tyrans noirs », le roi et ses courtisans, bref tout le système monarchique et religieux usant d'un pouvoir autoritaire en vue de tenir le peuple dans la coercition et l'ignorance. Le personnage est ambivalent et la BD, en ce sens, en démontre bien tous les aspects divergents. À la toute fin, une entrevue avec les deux auteurs vient bonifier l'ouvrage, offrant ainsi un complément parfait au voyage entrepris au château de Ferney.

Un bel objet littéraire pour tous âges confondus…







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Amours fragiles, tome 1 : Le dernier printe..

Avis portant sur la série:



Amours fragiles retrace l'histoire sentimentale d'un jeune homme timide dans l'Allemagne de l'entre-deux-guerres avec la montée du nazisme et de ses insidieuses privations progressives des libertés.



J'ai beaucoup aimé le premier tome dont l'action se passe en 1933 au moment même de l'accession d'Hitler à la chancellerie. le propos politique est d'ailleurs fort bien amené. Il y a des scènes traitées avec une grande finesse et objectivité bien que située dans une période parmi les plus sombres de l'histoire contemporaine. Cependant, j'ai eu un peu de mal à reconnaître certains personnages d'une case à l'autre car ils se ressemblent étrangement.



Le second tome nous emmène à Paris en 1939 peu avant l'entrée en guerre. On fait la connaissance de nouveaux personnages qui se sont exilés d'Allemagne. On se dit également que notre héros reste un éternel étudiant alors que 5 ans ont passé depuis. Il faut reconnaître que ce tome est un cran en-dessous du premier qui nous avait tant séduits.



Le troisième tome confirme tout le bien que je pense de cette série indispensable ! le trait graphique va en s'améliorant. La puissance émotionnelle du récit également ! Il y a un véritable nouveau souffle sur cette série. le parti pris des auteurs est celui de se concentrer non plus sur notre héros Martin et son amoureuse Katarina mais sur un personnage secondaire du second tome avec un retour en Allemagne alors que la guerre fait rage. Il s'agit surtout de montrer la résistance des allemands à l'intérieur face à ce régime dictatorial.



Le quatrième tome voit l'action se situer dans la France occupée qui va suivre la même politique d'oppression vis à vis des populations d'origine juive. J'aurais juste un gros bémol pour indiquer que je n'aime pas que dans une bulle de dialogue, il y ait des mots qui soit trancher à la ligne d'après comme coupé en deux (ex: vend-re). Ce n'est pas très beau esthétiquement. J'ai même été choqué par le procédé digne d'amateurisme car il y a franchement de quoi mieux faire. Par ailleurs, ce tome se situe chronologiquement avant les faits se produisant dans le volume précédent. On a de quoi se perdre un peu d'autant que dès le premier volume, il y avait des sauts en avant dans l'histoire.



Le cinquième tome traite entièrement de la résistance en France durant l'année 1943. On voit mal ce que Katarina, une allemande d'origine vient faire là d'autant qu'elle a été introduite par un homme qu'elle n'aimait pas. Ce n'est pas très crédible. L'action paraît confuse à de nombreux moments d'autant que certains personnages ont des noms de code. Bref, on s'y perd véritablement. La saga perd un peu de sa fraîcheur pour coller totalement à L Histoire. On aurait aimé suivre les aventures plus personnelles de notre couple vedette.



Le sixième tome sera sans doute celui de la maturité pour notre héros Martin Mahner qui découvre les exactions commises par la Wehrmacht en Russie. L'armée rouge progresse dans sa reconquête des terres ukréniennes et les nazis reculent. On est en 1943 c'est à dire au tournant de la Seconde Guerre Mondiale. Bref, il y a une prise de conscience et l'on sent que le passage à l'acte c'est à dire dans la résistence n'est pas loin. Par contre, les amours sont oubliés car c'est la guerre. J'aime toujours autant cette saga dont chaque épisode est particulièrement soigné.



Maintenant, cette romance des amours un peu réfréné entre Martin et Katarina pourra faire fuir les lecteurs qui exigent un peu plus de passion. le titre est pourtant évocateur : ces amours là sont fragiles ! On suit cette série plutôt pour la fresque historique et son côté chronique sociale.



L'authenticité du propos fait que le lecteur est totalement submergé dans cette période de l'histoire qu'il peut ainsi mieux comprendre sans l'avoir vécu. C'est quand même extraordinaire qu'une bd puisse arriver à ce résultat. Il faut dire que l'auteur mène un travail de longue haleine et qu'il se passe quelquefois 5 ans entre deux tomes.



La chronique historique se double d'un regard sociologique et psychologique d'une très belle maturité. Amours fragiles est d'un rare raffinement que certains amateurs d'histoire apprécieront autant que moi.



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Voltaire : Le culte de l'ironie

A la fin de sa vie, Voltaire, toujours plein de malice, d’esprit et d’ironie, reçoit dans son château de Ferney, un certain Lassalle qui souhaite écrire une biographie.



Les conversations entre les deux hommes sont l’occasion de revenir sur le passé de notre illustre philosophe des lumières, sur ses hauts faits d’armes, sur sa jeunesse, à l’époque où sa malice, son esprit et son ironie étaient à leur apogée.



Un ouvrage très intéressant qui prouve que les mots sont parfois plus puissants que les armes !
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Amours fragiles, tome 5 : Résistance

Les mouvements de la Résistance.

Katerina a délaissé sa retraite dorée du sud de la France pour remonter sur Lyon où elle souhaite s'impliquer dans la Résistance qui s'organise. Dans le maillage des réseaux clandestins se jouent en sourdine des rapports de pouvoir qui nuisent aux forces souterraines en marche d'autant que la traque et la répression des polices nazies et françaises conjuguées sont vicieuses et létales.

Martin Mahner est en retrait quand Katerina Braun s'active dans une histoire qui la dépasse. Elle croit en l'innocence d'André-Louis rapidement soupçonné d'avoir été retourné par l'ennemi.

Philippe Richelle a une nouvelle fois ourdi un scénario précis et documenté qui rend compte d'un contexte, d'un état d'esprit et d'une époque happés dans une implacable machinerie où tous les coups sont permis. Le drame de Caluire et l'arrestation de Jean Moulin constituent la trame historique sur laquelle se tisse la fiction. Maxime, homme de l'ombre traqué par la milice et la gestapo dans la bédé, est un pseudonyme à peine déguisé de Max, utilisé réellement par Jean Moulin. L'épilogue en sépia est terrifiant. On y reconnaît sans peine l'effroyable Robert Auguste Moog dit Bobby, séduisant, distingué et cauteleux interrogeant René Hardy alias André-Louis dans l'album. Jean-Michel Beuriot continue à surprendre avec sa mise en page immersive à hauteur d'homme qui agrippe le regard dès les premières cases pour ne plus jamais le lâcher. Les expressions des visages sont soulignées par les attitudes corporelles. Jamais frontale, la violence s'immisce entre deux images, en hors champ. L'album est à la hauteur du propos, humain, fouillé et contemporain.
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Amours fragiles, tome 7 : En finir...

Dans ce 7e tome, nous suivons toujours les aventures de Martin qui est partie prenante dans l’attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler.

Nous faisons aussi la connaissance de Fredi et de sa famille, aristocrates allemands anti-nazi-pour la plupart.

A mon avis, ce tome est le meilleur de la série jusqu’à présent. Les personnages sont bien rendus et très attachants, les situations et les rapports entre les individus sont finement rendus et l’histoire se lit avec une réelle passion. J’ai vraiment beaucoup aimé, j’ai ressenti beaucoup d’émotions et j’ai vraiment hâte de connaitre la suite de l’histoire que je n’ai malheureusement pas sous la main.

Cette BD est nuancée et a le mérite non négligeable de montrer que les Allemands n’étaient pas tous nazis, qu’il y avait une autre Allemagne, une Allemagne qui souffrait, qui était opposée au régime et au fanatisme. Cela n’enlève rien aux horreurs commise, bien sûr, mais ça affine la vision trop généraliste que nous pouvons avoir de la 2e guerre mondiale. Rien que pour ça, il faut faire lire cette BD.
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Amours fragiles, tome 9 : Crépuscule

Décombres.

L'ultime volume de la saga "Amours fragiles" n'est pas un tome de remplissage malgré la quantité de gravats à évacuer après la chute du 3e Reich. Il conclut sans faillir l'histoire d'une jeunesse allemande fracassée. Martin Mahner est le fil rouge, le témoin clé d'une époque mortifère, celle de l'Allemagne nazie (1933-1945) dirigée par Adolfus Hitler.

En juin 1945, la donne change vite et l'adaptation à de nouvelles situations, à d'autres rapports de force impose une gymnastique physique et mentale de haut vol. Les collabos, les spéculateurs, les traficoteurs retournent leurs vestes sans état d'âme. Gare aux plus faibles ! Un vieux grincheux n'hésite pas à manger le repas d'un enfant. Des tristes revenchards prennent en chasse Katerina au prétexte fallacieux qu'elle a peut-être fricoté avec l'occupant. Hilda dont la famille a été décimée fait son mea culpa auprès de Martin qui pense toujours à son premier amour pour Katerina. Dans une Allemagne vaincue, laminée, Martin Mahner revient dans sa ville natale d'Aachen (Aix-la-Chapelle) et retrouve la maison familiale, pillée et endommagée. Accompagné d'Ottmar, un soldat débrouillard et entreprenant revenu du front de l'est, Martin se lance dans la vie civile. Tout est à reconstruire mais le jeune homme a des capacités et beaucoup de places sont vacantes. Martin veut se ranger, Ottmar fait du marché noir. L'argent commence par affluer suivi par des tracas et des dangers. Dans ces temps troublés, la vie tient parfois à un fil.

Une nouvelle fois, les auteurs réalisent une prouesse narrative et graphique. Les personnages semblent plus vrai que nature. Hilda a repris une place de choix. Martin devient touchant avec ses prises de position déterminantes et courageuses. Katerina apparaît, splendide et intouchable. Des caractères se révèlent. Des grandeurs d'âme se consument en toute candeur. L'apaisement pourrait enfin nimber la fin de vie de Martin mais le livre qu'il tient en main dans les dernières cases est probablement "Amok" de Stefan Zweig qui narre la folie meurtrière saisissant les hommes. La dernière page tournée, le lecteur continue à faire vivre l'histoire en lui. "Amours fragiles" (2001-2023) comme "Strangers in paradise"  (1993-2007) de Terry Moore sont des séries au long cours, chahutées par des remous éditoriaux, à la fois œuvres personnelles, cohérentes et singulièrement émouvantes. Elles hissent sur un piédestal le 9e art, en toute modestie.
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Amours fragiles, tome 9 : Crépuscule

La guerre est finie sur le papier, ou presque. Le moment est venu de la reconstruction tant matérielle que mentale, c'est aussi l'heure des comptes.

Entre justice et reconnaissance, injustice et basses vengeances, nos personnages décident de leur voie, de leur choix, ou subissent ce que la justice ou les autres leur impose.

Certains s'en sortent bien, d'autres non, mais aucun n'est indemne.

L'histoire est scellée et reste ce chagrin intense de quitter des personnages auquel on s'est attachés.

Je reste séduite par cette oeuvre qui n'est pas exempte de défauts mais qui, par dresse un magnifique portrait d'ensemble d'hommes et de femmes ordinaires dans une période des plus obscures.
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Amours fragiles, tome 9 : Crépuscule

La guerre est finie, l'Allemagne est partagée. C'est l'heure de rentrer chez soi, de reconstruire les villes, de rebatir un avenir après le traumatisme. C'est aussi l'heure des règlements de comptes, de la justice ou de l'injustice parfois...



Ce tome 9 sera donc l'ultime tome. Après une très longue attente entre le tome 7 et le tome 8, celui-ci aura suivi rapidement. Il sert d'epilogue. On saura la sort de tous les personnages vus en cours de la saga. Mais plus que ça, je trouve qu'il montre les séquelles d'une guerre qui a fait beaucoup de mal dans les deux camps. Et dans cette série je trouve que c'était cela le plus intéressant, cette façon de montrer ce qu'il se passait dans le quotidien de personnes relativement anonymes. La psychologie était bien rendue, elle sonnait vraie et juste, toute en complexité comme l'âme humaine capable du pire comme du meilleur.
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Amours fragiles, tome 1 : Le dernier printe..

je ne savais pas trop à quoi m'attendre en ouvrant cette BD - première d'une série qui compte déjà 8 tomes, et je dois dire que c'est une excellente surprise.

A travers la vie de Martin, un jeune homme qui termine ses études secondaires en 1932, nous découvrons la vie quotidienne des Allemands juste avant et au moment de la montée au pouvoir de Hitler et du parti nazi.

Nous pouvons suivre pas à pas le changement des mentalités, la façon dont petit à petit le voisin communiste ou Juif devient à éviter puis à ignorer... on en est là pour l'instant mais les années qui suivent sont encore longues et la suite de l'Histoire se met doucement en place, de façon inéluctable.

Les personnages sont très humains et très bien présentés. Chacun avec ses défauts, ses aveuglements et ses faiblesses.

Côté dessin, de prime abord, ce n'est pas trop ma tasse de thé mais ça colle bien au récit et finalement j'adhère assez.

J'ai hâte de connaitre la suite de l'histoire.
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Amours fragiles, tome 6 : L'Armée indigne

*** Sur le Front Russe ***





Second semestre 1943. Après une brève escale en Allemagne, Martin se retrouve dans une petite ville en Ukraine, à l'arrière du front.

Les Ukrainiens qui avaient accueilli les Allemands en libérateurs, alors que Staline les avaient affamés depuis plus de 10 ans, se rendent compte qu'ils continuent à être privés de nourriture et de soins.

Hitler considérant les Slaves comme des sous-hommes, aucun égard ne doit être appliqué.

Alors que Martin découvre des documents secrets et qu'il se fait prendre par son supérieur, ce dernier l'envoi sur le front Russe pour nettoyer les villages et surtout pour que Martin ne dévoile pas le contenu de ces documents compromettants ....





Ce tome 6 est une fois de plus très intéressant historiquement parlant et plus on enchaîne les tomes de cette saga, plus le graphisme et le texte sont plaisants.
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Voltaire : Le culte de l'ironie

Voltaire est l'un de mes auteurs favoris. Son esprit et son recul font mouche même dans le plus court de ses textes, je ne m'en lasse pas. C'est donc avec plaisir que je me suis plongée dans cette "biographie graphique".

On découvre Voltaire en grande discussion avec Monsieur Lasalle, personnage fictif qui ambitionne de raconter la vie du philosophe, ce qui sera à la fois le fil conducteur du récit et l'excuse parfaite pour initier des flash-back.

Ces aller-retour dans le temps peuvent ne pas être simples à suivre pour qui n'est pas familier de la vie de Voltaire. D'autant qu'en parallèle est relatée l'une des grandes affaires criminelles ayant mobilisé l'énergie de Voltaire à la fin de sa vie : celle du chevalier de La Barre.

Cette BD m'a emballée car Philippe Richelle a veillé à respecter l'esprit de Voltaire (le sous-titre "Le culte de l'ironie" était de bonne augure) mais a aussi glissé des éléments biographiques et historiques qui éclairent certaines facettes d'un personnage pour le moins complexe.

Pour ne rien gâcher, les illustrations de Jean-Michel Beuriot sont très agréables. L'équilibre entre la douceur de l'aquarelle et le dynamisme du trait est idéal. Et le décalage entre ces illustrations et le dialogue, marquant les petits arrangements dans le récit de Voltaire, sont savoureux.
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Voltaire : Le culte de l'ironie

En 1765, à Ferney, Voltaire est déjà un vieux monsieur, mais toujours plein d'humour et d'allant. Il reçoit Lasalle qui s'est lancé dans une tâche d'envergure : la biographie du grand homme. Tout en se promenant à travers ses terres et le village qu'il a presque entièrement rebâti, le philosophe replonge dans ses souvenirs.

Le Siècle des Lumières, une période que j'aime beaucoup. Quant à Voltaire, je pense bien le connaître. Aussi, cette bande dessinée me tentait. Comment les auteurs s'étaient-ils approprié son existence, quels aspects en avaient-ils retenus, comment lui avaient-ils rendu vie ?

L'ouvrage est un beau volume cartonné de grand format. Plutôt que de procéder à une relation traditionnelle et chronologique, Beuriot et Richelle nous emmènent au château de Ferney où Voltaire va prendre son petit déjeuner avec Madame Denis, sa nièce et dernière maîtresse. Il termine à peine de manger qu'on lui annonce l'arrivée de Monsieur Lasalle que les auteurs ont inventé. Il sera leur projection dans une autre époque. L'ouvrage se clôt sur un intéressant dossier dans lequel Beuriot et Richelle donnent des précisions sur leur manière de procéder.

Pour ma part, je ne les connaissais pas, mais apparemment ils ont créé une série à succès, « Amours fragiles », et ce « Voltaire » constituait une petite récréation entre deux épisodes. Jean-Michel Beuriot a fourni un travail remarquable. Les couleurs, tout d'abord, tellement fraîches et naturelles. C'est la première chose qui m'a frappée. Mais il ne faudrait pas se laisser abuser par leur apparente simplicité. Elles lui ont demandé un investissement colossal. Il explique : « Le dessin reste au crayon (le dossier nous en apporte un bel échantillon) et je peins sur celui-ci directement aux aquarelles. J'ai travaillé chaque case séparément et sans bulles (…) je dois créer une multitude de nuances (…) c'est un long processus de mise en place de glacis superposés (…) des dizaines de glacis successifs. » Mais quelle réussite ! Ensuite, j'ai pris plaisir aux décors : châteaux, jardins, églises, chapelles et même prisons, à toutes saisons, sous le soleil ou sous une pluie battante. Salles de fêtes ou de théâtre, cabinets des magistrats ou cabarets louches, on a l'impression de s'y promener. C'est un vrai régal.

J'ai bien retrouvé les étapes importantes de la vie de Voltaire, mais on passe sans transition du présent (celui de l'époque) au passé, sans que rien n'avertisse qu'on a glissé dans la rétrospective. Parfois, certaines périodes sont mélangées, c'est sans doute déconcertant pour qui ne connaîtrait pas le personnage (et même parfois pour celui qui le connaît!)

J'ai quand même un petit reproche à formuler : Philippe Richelle relate une entrevue entre Voltaire et son banquier, qu'il présente sous le nom de Tronchin. Or, celui-ci était le médecin du grand homme et un praticien réputé de Genève (Voltaire le mentionne dans sa « Lettre à Rousseau ».)

J'ai donc passé un très bon moment avec ce « diable d'homme » et je salue le talent des auteurs qui lui ont si bien rendu la vie.
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Amours fragiles, tome 6 : L'Armée indigne

La saga d'Amours Fragiles continue sur sa lancée en se concentrant cette fois-ci sur Martin. Cette fois-ci notre petit blondinet allemand ne pourra pas échapper à la guerre. Il avait réussi jusque là rester à l'arrière, en France à des postes administratifs, mais suite à simulation ratée d'un ulcère gastrique il n'a plus le choix. Il reçoit une affectation sur le front de l'est où la Russie grignote les territoires occupés par les Allemands.

Nous évitons tout de même le front : pas de bagarre, pas d'altercation avec des troupes ennemies. Martin a de nouveau le droit à un poste administratif à quelques kilomètres du front Russe, en Ukraine. Il va quand même voir les exactions commises par les uns et les autres et sa foi dans son pays n'en ressortira pas grandie!

Amours Fragiles est une belle BD qui attache une importance toute particulière à la psychologie des personnages, même secondaire. La guerre fait naitre nombre de sentiments douloureux, contradictoires ou héroïques. Les allemands sont peut être les méchants que l'histoire a retenu, ce sont avant tous des humains qui souffrent autant de cette situation. Enfin pour la plupart, comme Martin que l'on voit beaucoup boire dans ce tome mais l'alcool n'est pas un bon remède face à la barbarie. Lui qui est un jeune homme lambda de l'Allemagne nazie, qui suit les ordres mais qui en son fort intérieur les réprouves. Il n'a pas le cœur d'un héros Martin, comme une grande majorité du monde...
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Amours fragiles, tome 6 : L'Armée indigne

Nous poursuivons notre avancée dans la seconde guerre mondiale et le regard porte par Martin, solde allemand, jeune humaniste.

Envoyé dans une petite ville en Ukraine, à l’arrière du front, il découvre le sort réservé aux ukrainiens ayant pourtant accueillis les Allemands en libérateurs.

La notion de sous-hommes est de plus en plus forte autour de lui, de plus en plus dramatique pour sa justification de la politique de terre brûlée d’Hitler.

Un T6 qu’une grande qualité ou l’Histoire prend le pas sur celle des personnes.
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