AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de coco4649


La nuit allongé sur le dos…


Extrait 2

Lorsqu'il vous saisit dans un lieu aveugle où aucun repère extérieur n'aide le cerveau à interpréter l’espace, le mouvement de la houle soulève le corps et le comprime à la fois. On est en proie à des sensations paradoxales : lourd et léger, retenu et projeté, aimanté par les cloisons dont une force contradictoire, en même temps, repousse. Le centre de gravité se déplace dans l'abdomen de façon imprévisible. Les muscles du pied et de la jambe envoient des messages interrogateurs. Ils s'alarment de ce que le sol de la cabine ou de la coursive n'adopte pas l'inclinaison attendue et bouge en dépit de la fixité qu'il affiche pour les yeux. Si ce désordre débouche sur la sédition des organes, c'est le mal de mer.
L'attitude qu'il faut alors adopter confine à la spiritualité : ne pas penser, ne pas analyser, ne pas se bloquer psychologiquement. Éviter toute protestation. Se faire objet tolérant, ataraxique. Accepter d'être à la fois compressé et détendu, pencher à gauche si la pesanteur porte de ce côté-là, à droite dans le cas inverse, accueillir avec docilité les sollicitations de l'espace et l'habiter sans révolte, à la façon du mobilier.
Une occupation absorbante est l'idéal : le skipper d'un voilier est moins exposé au mal de mer que ses équipiers ; installé au bureau que soulève une trajectoire pendulaire, on se sent mieux de se balancer sur les vagues, les yeux à l'écran, en scrutant les alignements d'un texte.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}