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Citation de petitsoleil


Depuis des siècles et des siècles, au Sahel, les Peuls élèvent des zébus, ces bêtes magnifiques avec leurs bosses. Ces zébus donnent une viande délicieuse parce qu'ils ne mangent que de l'herbe et les Peuls ont depuis longtemps l'habitude d'aller les vendre en Côte d'Ivoire ou au Ghana (...) à 500 kilomètres. (...) Il s'agit de centaines de bêtes et ils n'ont jamais eu de mal à s'en débarrasser. Cela conditionne leur survie car, avec cet argent, ils peuvent acheter tout ce dont ils vont avoir besoin au cours de l'année. Ce système donnait satisfaction à tout le monde, aux acheteurs noirs parce qu'ils étaient certains d'avoir la meilleure viande et aux Peuls parce qu'ils avaient un débouché assuré et les ressources nécessaires.

Un jour pourtant, il y a seulement quelques années (...) ils ont eu l'horrible surprise d'entendre leurs clients habituels leur dire : "Cette année, nous ne prendrons que 5 ou 10% de ce que nous vous prenons d'habitude car nous venons de recevoir des quantités astronomiques de carcasses en provenance d'Argentine".

Pourquoi cela ? (...) à un certain moment il y a eu dans le monde une pénurie de cuir. Surtout à cause de la mode des blousons qui sévissait chez les jeunes de tous les pays occidentaux. Les indicateurs économiques étaient d'accord pour affirmer : "Dans deux ans, la demande en cuir va doubler."
Les Argentins ont de gigantesques pampas et ils ont tout fait pour augmenter leur cheptel. Ils ont prélevé les peaux (...) et ils ont mis le reste dans des containers congelés qu'ils ont expédiés sur les marchés d'Asie et d'Afrique. C'était une viande très bon marché qui a tout de suite trouvé preneur.
Lorsque les malheureux Peuls sont arrivés avec leurs zébus, ils n'ont presque rien vendu.

Rendez-vous compte à quel point cela a été tragique pour eux.
Ils étaient là, avec leurs zébus après cet interminable voyage et personne n'en voulait. Il n'était pas question pour eux de rentrer avec leurs troupeaux. Ils n'auraient pas eu de quoi les nourrir. Ils ont bradé ce qu'ils ont pu et ils ont dû laisser le reste errer dans la savane. Et ils sont rentrés chez eux pour une année de misère.

Nous devons être conscients de ces mécanismes, de la réalité telle qu'elle est aujourd'hui.
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