"Et les rêves d'enfant sont des choses sérieuses..." dixit Steinbeck.
Je suis beauté,je suis la Beauté,je suis un chef-d'oeuvre,je me l'entends dire dix fois à l'heure.Je vais dans la vie avec les oreilles pleines de litanies mâles.Ca va de ma "chevelure de blés chauds"(Berthaud public) jusqu'à "ma toison à défaillir"(Jack très privé) en passant par la" pure provocation de mes seins"(anonymes multiples), mes "yeux de rêve clair"(un aimable homo),mon "visage de Madone un peu garce"(Jack troisième citation), "mes jambes de déesse"(6081 dragueurs à vocabulaire pauvre),pour ne rien dire de mon allègre petit mystère blond... auprès duquel j'eusse dû mettre en service un magnétophone espion aux fins d'immortaliser les lyrismes bégayants qu'il suscita.
Comment est-il possible qu'on puisse s'oublier soi-même?Qui était-il cet adolescent inconnu, étranger, qui portait mon nom?
Le scénario de l'accident-assassinat avait été au préalable entièrement conçu par moi-même, merci.Conception diabolique sans excés,réalisation correcte sans fioritures,vite fait,bien fait...En un mot,Berthaud,de la "belle ouvrage" digne de toi.
Rappelez-vous ce que proclamait Nicolas Nicolaïevitch :"Qu'est-ce que l'histoire? C'est la mise en chantier de travaux destinés à élucider progressivement le mystère de la mort et à le vaincre un jour."
C'est le coup de dé perpétuel,tout peut arriver,n'importe quoi.L'avenir sera toujours ce que nul n'a prévu.
La beauté, assène-t-il quelque part,est le plus grand des pouvoirs humains.
Mieux vaut faire peur que pitié.