Jean-Yves Soucy

Quatre belles étoiles pour ce livre qui fait du bien à l'âme. Un bien bel héritage que nous laisse cet homme sage qui sentait venir sont ultime soupir. Il mourra en en effet peu de temps après en avoir terminé l'écriture. Un livre rempli de botanique, de géologie, d'astronomie, de philosophie, de fosses à saumon et surtout de ces petits moments d'émerveillement qui font toute la beauté de la vie en pleine nature. Bien que difficile à catégoriser, on pourrait probablement classer l'ouvrage au rayon des auto-fictions. Au dire de l'auteur lui-même, il s'agit d'une oeuvre de fiction bâtie à partir de fait vécus ré-assemblés au profit de la trame narrative. Ne vous attendez pas à y trouver une intrigue ou un dénouement quelconque. On parle plutôt ici du simple récit d'un été passé à la poursuite de salmo salmar sur une rivière de la Côte Nord, la Trinité, où chaque méandre est prétexte à émerveillement, découverte scientifique ou réflexion philosophique. Bref un texte "chaleureux", "contemplatif" qui se suffit à lui-même, un texte qui instruit, qui fait réfléchir, qui fait rêver...

À l'aube de la vingtaine, l'auteur est appelé à travailler pendant deux mois près d'une réserve indienne où il fréquente quotidiennement deux guides de la nation Cri. Cinquante ans plus tard, il écrit sur cette expérience, mais la mort le rattrapé avant qu'il puisse terminer. Publié à titre posthume, ce court roman n'en est pas moins intéressant malgré ses allures d'inachevé.



C'est avec un soif d'apprendre et une grande ouverture d'esprit que Soucy aborde les Cris. Ceux-ci, en constatant le respect qu'il leur voue, s'ouvrent peu à peu sur leur culture et croyances. Sans mettre d'étiquettes, on peut dire que de ces deux guides, l'un était plutôt traditionnaliste alors que l'autre était plutôt partisan d'une adaptation graduelle à la modernité tout en voulant aussi farouchement conserver son héritage culturel. Ces deux points de vues enrichissent le texte et incitent le lecteur à la réflexion. Depuis 1963 la réalité des réserves a bien changé mais le texte reste d'actualité, notamment quant à l'infantilisation qu'entretenait la loi fédérale sur les Indiens. C'est bien écrit, instructif, facile à lire mais on ne peut que regretter que l'auteur n'ait pas eu le temps d'étoffer encore plus son récit.

Jean-Yves Soucy nous relate l'enfance à la Dickens des célèbres quintuplées qui n'étaient pas trop de 5 pour se soutenir et faire face à leur famille.

Outre le caractère exceptionnel de leur naissance, ce témoignage nous rappelle combien la voix de l'enfant et du mineur (jusqu'à 21 ans) était si peu entendue jusqu'à une époque pourtant récente.

J'ai beaucoup aime cela m'a fait connaître le génocide arménien

Avant de disparaître en octobre dernier, Jean-Yves Soucy nous a laissé un magnifique testament littéraire. Un récit d'une grande simplicité et d'une tout aussi profonde méditation sur l'expérience humaine.
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