PROMENADE
Eh ! jeune homme distingué,
Nourrisson des belles-lettres,
Ne va pas te fatiguer
À chercher ta raison d’être !
C’est assez
Ressasser
Des bêtises dans ta tête !
Descends plutôt au bord des quais
Fumer ta cigarette.
Vois, d’abord, comme il fait noir,
Ce soir,
Tout le long des bateaux-lavoirs.
Vois comme il ferait bon
Sous les arches des ponts
Pour un cœur vagabond
Qui ne veut plus d’histoires !
La nuit d’été
Sur la cité,
La Seine sans bateaux-mouches,
Le petit
Clapotis
Du courant contre les bains-douches,
— Le tout sous la clarté stellaire ! —
Pareil spectacle est bien fait pour te plaire.
Et puis, voici
L’île Saint-Louis,
La plus tranquille,
La plus déserte de toutes les îles,
Sans Robinson, sans Vendredi,
Vaisseau manqué, jamais parti
Vers les Antilles !
Fais-en le tour, fais-en le tour,
Et reconnais ton âme-sœur,
Car elle garde avec amour,
Au fond du cœur,
Le cri d’adieu des remorqueurs.
Allons, bon jeune homme, va-t’en,
Pour un instant,
Puisque ta journée est finie,
Donner cours à tes sentiments
Sous la voûte du firmament.
Demain, faudra gagner ta vie...