AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de HenryWar


Moi – je suis en train de « me détruire ». Tout le long des pages griffonnées ce sont les mêmes désespoirs qui reviennent, et les mêmes espoirs. – Je me secoue pour « lâcher tout cela », et je ne peux pas, je ne peux pas – je sanglote toutes les nuits dans mon oreiller chiffonné…

« C’est fini – c’est fini ! »

Et le lendemain :

« Je l’adore je l’adore ! »…

Ah ! cela n’est pas varié !
Je relis toutes ces pages. Vraiment – ce n’est pas parce qu’il s’agit de moi – mais c’est à dégoûter à jamais de la sentimentalité…
Qu’est-ce que je veux ? – Je ne sais pas.
Où est-ce que je vais ? – Je ne sais pas.
Je sais que je me suis trompé – qu’elle n’est pas « celle que je croyais » – j’ai même à son service, les jours de réaction, toute une collection d’épithètes méchantes… et injustes…
Mais le lendemain, cela me reprend :

… Je ne peux pas. Je ne peux pas…

Je suis une pauvre loque ballottée…
Il y a des phrases d’un égoïsme touchant :

« Ah ! si elle était morte avant que je la revoie ! »

Je songeais aussi au suicide, périodiquement.

« Mourir ! Ah mourir ! »

Mais je ne mourais pas. Cela dura… ! Il y a pourtant une bien jolie phrase de Dowson : « It is so much easier to die for the woman you love than to live with her.”

(Jeune homme qui me liras peut-être – j’étale devant toi mon ridicule d’alors, ma faiblesse, ma sottise… Il faut m’en savoir gré…
Je me montre à toi comme j’étais, sans style – je touche du doigt la disproportion grotesque entre mon rêve gonflé, mon rêve vide, mon rêve faux – et la réalité où je me désespère de ne pas pouvoir le faire entrer… Ce n’est pas la réalité qui a tort – c’est mon Rêve, c’est mon imprudence – toi, ne sois pas imprudent…
Cette petite Florence, un peu jolie, un peu gaie, un peu sensuelle, et qui voulait bien être gentille pour moi, je l’ai « collée » sur un piédestal de mauvais goût – elle « n’y fait pas bien » – alors je sanglote, je m’indigne, j’ironise et je menace les cieux… je suis un pauvre imbécile.
Ne fais pas comme moi.
Ce n’est pas de ma faute – on ne m’avait pas prévenu. J’ai cru que c’était cela l’amour. J’ai même été très fier de me faire si mal aux nerfs… et, parce que « la Réalité n’était pas la sœur du Rêve », j’ai pris des airs de génie méconnu… devant les glaces.
Il m’a fallu quatre mois de tortures pour découvrir que l’on s’était fichu de moi – et que je m’étais fichu de moi – et que pour fabriquer de l’Amour, il ne suffisait pas, comme cela, de deux jeunes échantillons de sexe différent et de beaucoup d’imagination…
Pour aimer, il faut être un peu plus prêt que cela… Sinon, on risque de ne plus pouvoir aimer jamais – je l’ai échappé belle !
C’est pour cela que je laisse dans mon livre ce chapitre ennuyeux et terne : si un seul enfant, frère de celui que je fus, peut être préservé par ces lignes de la maladie qui a failli me tuer le cœur, je n’aurais pas été inutile.
Encore ceci : Si tu ne peux pas – si malgré toi, faible de ton immense désir de tendresse que la « famille » n’aura pas satisfait, ni rien, tu es pris dans le tourbillon d’un faux amour sans cause, pour te ressaisir, pour te dépêtrer, fais ce que je n’ai pas fait :
Va voir des filles.
Sans cela tu n’échapperas pas à ce que je raconte dans ces pages : ta puberté deviendra de la sentimentalité – ta chair te chatouillera et tu croiras que c’est ton âme – tout cela « se portera au cerveau », tu ne sauras plus… alors… alors !
Va voir des filles.
Tu es très jeune, cela ne te dégoûtera pas trop. Aie pour elles, si tu peux, de la tendresse. Souffre déjà pour elles, si tu peux, de ton mieux, cela vaut mieux… et prends seulement quelques soins d’« hygiène »…
Tout ceci n’est pas poétique ! Je n’y peux rien – je ne connais pas d’autre remède…
Je n’en ai pas voulu pour moi. Avant Florence, j’avais connu des jeunes personnes… – Oh ! de « basses catégories » je sais bien, et avec « des corsets élimés »… qu’elles enlevaient – je t’ai déjà parlé de la petite Blanche-Marcelle…
Je n’ai plus voulu alors… je L’AIMAIS trop (ah malheur !) j’ai voulu rester « digne d’elle » – cela ne m’a pas réussi… et n’importe quelle fillette fiévreuse me l’eût fait oublier bien vite…
J’ai cru, malgré que je me débattis, au Rêve… à l’amour à vingt ans…
N’y crois pas – c’est de la blague.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}