O nuit ! toi qui m'as guidée,
O nuit ! plus aimable que l'aurore,
O nuit ! toi qui as uni
L'Aimé avec son aimée,
L'aimée et son Aimé transformée.
Sur mon coeur couvert de fleurs,
Qui se gardait, entier, pour lui seul,
Il reste là - endormi -
Et moi, je le caressais,
L'éventant de l'éventail des cèdres.
L'air qui soufflait du créneau,
Quand je lui caressais les cheveux,
De sa main, sereinement,
Venait me blesser au cou,
Et tenait en suspens tous mes sens.
Je me tins coi, dans l'oubli,
Le visage penché sur l'Aimé.
Tout cessa. Je restai là,
Abandonnant mon souci,
Parmi les fleurs des lis, oublié.