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Citation de Otma


En choisissant le prénom d'Alexis pour son fils et successeur dynastique, le tsar veut honorer deux personnages l'ayant porté, un vivant et un défun. Le premier, le grand-duc Alexis Alexandrovitch, deuxième frère d'Alexandre III, est oncle de Nicolas II, que celui-ci aime beaucoup, regrettant qu'il soit célibataire et sans descendance. Le second n'est autre que le deuxième tsar Romanov, celui que Nicolas II a glorifié d'une manière surprenante pour le bicentenaire de Saint-Pétersbourg, en s'habillant à la mode de la jeune Cour du XVIIe siècle. Mais c'est oublier que ce prénom a aussi été celui du fils de Pierre le Grand, le tsar réformateur, qui l'avait fait torturer à mort en 1718. Une scène insoutenable et une tache ineffaçable dans la gloire du monarque obsédé à "réveiller la Russie". Depuis, chez les Romanov, on avait évité de retenir le prénom d'Alexis. Dans ce pays où les croyances, prédications, présages et prophéties ont l'oreille du peuple, ce prénom ne pouvait qu'attirer le malheur. Mais la joie du couple impérial est telle que personne n'ose murmurer la moindre objection. Nicolas II pense faire taire les commentaires en rappelant qu'il souhaite, simplement, honorer le nom du deuxième tsar Romanov. Et il révélera, plus tard, au général Mossolov, le chef de la chancellerie de la Cour, qu'il n'aime pas Pierre le Grand : "Bien sûr, je reconnais beaucoup de mérites à mon célèbre aïeul [...]. De tous mes aïeux, c'est celui que j'aime le moins pour sa passion pour la culture occidentale et son aversion pour toutes les traditions russes. Il ne faut pas implanter ce qui est étranger tout d'un coup, sans transformation. Il est possible que cette époque fût nécessaire comme période transitoire, mais moi, je ne l'aime pas." Une réaction curieuse pour un souverain qui a surveillé -en les encourageant- les travaux du Transsibérien et ne s'inquiète pas, loin de là, des échanges en tous genres avec la France républicaine.
Il y a chez Nicolas II, une volonté d'immobilisme, de repli sur l'histoire et la tradition, à l'image de sa vie privée, rebelle à tout bouleversement.
L'enfant est baptisé solennellement le 11 août dans la chapelle du palais de Peterhof.
Escorté par les cavaliers de la Garde, un carrosse décoré arrive. En descend la maîtresse de la Robe, la princesse Maria Golitsyna, qui a pris soin de recouvrir les semelles de ses chaussures d'une sorte de pâte afin de na pas glisser : c'est elle qui porte le tsarévitch dans ses bras. Les parrains de l'héritier sont, évidemment, le grand-duc Alexis, puis les souverains Édouard VII d'Angleterre, Christian IX de Danemark et l'empereur Guillaume II d'Allemagne qui écrit être touché de cette attention, formulant le souhait que le petit garçon "grandisse comme un soldat courageux et devienne un homme d’État avisé et puissant. Puisse Dieu le bénir et préserver de tout mal son âme et son corps. Qu'il soit toujours pour vous deux un rayon de soleil durant votre vie". Le tsar remercie sont "dévoué et affectionné cousin".
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