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Citation de EleaBientz


Puis je quittai la chambre à reculons et rôdai comme une âme en peine dans la maison silen- cieuse. En bas, près du sous-sol, se trouvait une petite pièce vide aux murs faits de blocs de béton. Quelqu’un avait suspendu un sac de frappe au pla- fond. Toute ma frustration refoulée et ma colère impuissante ressurgirent et je m’attaquai bientôt à mains nues au cuir épais et usé. Je cognais comme un fou et accueillais chaque coup avec bonheur en dépit des décharges de douleur irradiant dans mes mains. Plusieurs heures s’écoulèrent, pendant lesquelles je distribuai coups de poing et de pied. J’étais trempé de sueur, qui piquait mes yeux et mes phalanges à vif. Mais cette souffrance physique n’apaisa pas celle qui enflait en moi.
Dans un éclair, je me trouvai transporté à l’été précédent, quand j’avais vu Alex faire exactement la même chose alors qu’elle venait d’apprendre la
vérité au sujet de sa mère. Elle m’était apparue comme une créature sauvage et magnifique alors qu’elle virevoltait autour du mannequin de frappe. Un cyclone d’émotions brutes avait irradié de la salle d’entraînement, répondant à mes propres sentiments désordonnés. Et lorsqu’elle avait perçu ma présence et que nos regards s’étaient croisés, si fou que cela puisse paraître, j’avais partagé ses émotions.
Haletant, je m’immobilisai et jetai un coup d’œil vers la porte par-dessus mon épaule. Pourquoi m’étais-je attendu à la trouver sur le seuil ? Je ne le saurais jamais. Évidemment, il n’y avait personne.
Alex n’était plus personne.
Je remontai à l’étage et m’emparai d’une serviette dans la salle de bains sombre pour me sécher. De retour dans la chambre, j’avisai le grand canapé poussé contre le mur et prélevai une mince courte- pointe au pied du lit. Chaque cellule de mon corps exigeait pourtant que je sois près d’elle, mais cela me semblait malvenu. Si elle se réveillait et me trouvait à côté d’elle, je craignais qu’elle ne soit gênée, ce qui était la dernière chose que je dési- rais. Je m’allongeai sur le flanc, enroulé dans la courtepointe, et la regardai dormir jusqu’à ce que l’épuisement me fasse basculer dans le sommeil.
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