C'est ça qu'il fait, Papy, quand on est seuls, quand on veille tard dans le salon ou qu'on est dans le jardin ou dans les bois. Il me raconte des histoires. (...) Des histoires de l'époque où sa mère et d'autres gens cueillaient de la barbe de vieillard pour bourrer les matelas. Il arrive qu'il me répète la même histoire trois ou quatre fois. Quand je l'écoute, sa voix devient une main qu'il tend vers moi, comme s'il me caressait le dos, et alors je peux échapper à tout ce qui me fait croire que je ne lui arriverai jamais à la cheville, que je n'aurai jamais son assurance.
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