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Critiques de Jibril Daho (4)
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Taos ou L'extraordinaire destin d'une Juive..

C’est sa Kabylie natale, que fait vibrer Jibril Daho dans une fresque historique couvrant quatre générations, du premier quart du vingtième siècle à nos jours, à travers l’histoire étonnante - mais non impossible – de trois femmes transmettant leur judéité, au sein de familles musulmanes, à leur fils, petit fils et arrière petit fils, destiné, dans l’ignorance de ses origines, à devenir imam.

Sujet émouvant, empreint d’une rude tendresse et d’une grande tolérance, qui devient vite prétexte à comparer la force de deux rites, la similitude des fêtes coutumières et religieuses, et à confronter les traditions berbèro-musulmane et juive sur le mariage, les accouchements, les circoncisions, les rites mortuaires, suffisamment proches pour que la supercherie soit possible. Mais prétexte aussi, de façon presque jubilatoire, à évoquer les coutumes anciennes de ce monde disparu.

C’est avec une sorte de gourmandise que Jibril Daho fait revivre cette Kabylie traditionnelle - tatouage des femmes, vieilles accoucheuses et corde des naissances, architecture des villages, jarres d’huile enterrées dans le sol des chambres, tissages symboliques, vie sociale autour des sources, nourritures et fêtes - comme il fait revivre, avec un vrai regard de sociologue, les coutumes juives sépharades et celles, encore plus pudiques et rigoristes du Mzab, où les deux amants rebelles qui ont fondé cette histoire, une enfant juive et un jeune musulmans, ont découvert leur amour dans les étroites rues ombreuses de Ghardaïa, avant d’en être bannis pour toujours.

Sur fond d’histoire esquissé, du décret Crémieux à l’exil des juifs, de la colonisation à la guerre d’indépendance, des persécutions administratives à la montée du fondamentalisme islamiste, c’est un hymne d’amour à cette terre de pâturages à l’herbe grasse au printemps, aux « jardins touffus et [aux] petits oueds muets », avec ses ravins profonds, ses lentisques, ses oliveraies et ses figueraies, ce pays où les femmes étaient sages et moqueuses et où les hommes, bien que farouches, avaient « la pudeur des gens sans malice ».

(Critique ou citation ? Ceci est la préface que j'ai écrite pour ce livre d'un ami et me semble la meilleure présentation que je puisse en faire)

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Taos ou L'extraordinaire destin d'une Juive..

« Après l’annexion totale du Mzab en 1882, les juifs auraient pu, à l’instar de leurs coreligionnaires du Tell, demander et obtenir la citoyenneté française, pourtant ce ne fut pas le cas. Suivant leurs préceptes religieux, ils préféraient continuer à cultiver leurs coutumes et traditions. Il y avait deux autres raisons importantes qui justifiaient leur réticence : ils n'étaient guère emballés à servir dans l’armée, et ils tenaient absolument à rester solidaires du destin de leurs voisins musulmans. Même après la loi Lamine Gueye du 7 mai 1946, attribuant la citoyenneté française à tous les ressortissants de l'Outre-mer français, ils avaient conservé leur statut personnel. Pour obtenir le statut de droit civil français, ils auraient dû accomplir une démarche individuelle de renonciation au statut personnel, exigée par la constitution. Les Juifs de Ghardaïa s’entêtèrent à refuser, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, vécurent indigènes sous le statut civil mosaïque jusqu’à la fin de la guerre d’Algérie en mars 1962. »

C’est dans ce monde à part de Ghardaïa « austère et attachant » que naissent les amours enfantines de Mansour le Mozabite-ibadite et de Soltana la Juive. Dans cette communauté fermée, en effet, les enfants des deux religions partageaient leurs jeux et leurs ris, ne se séparant dans une intransigeance rigoriste qu’à l’âge adulte. Il se trouva que l’amour de deux enfants ne s’éteignit pas. Soltana et Mansour s’enfuirent, Mansour fut à jamais banni par sa communauté. Daho développe ensuite ce thème, la fille du couple maudit épouse un colporteur kabyle et part s’établir dans le village de son époux, la fille de ce couple, marié elle aussi en Kabylie, découvre auprès de sa mère et de sa grand-mère sa judéité, qu’elle cherche à retrouver en observant les rites hébraïques. Tout ceci permet à l’auteur de comparer les deux observances, musulmane kabyle et juive ghardaïenne, montrant avec finesse comment l’amour d’un même dieu unique est célébré dans des traditions légèrement différentes, assez proches cependant pour n’éveiller aucun soupçon. Ecrit par un musulman, le roman apporte une grande leçon de tolérance, sa thèse étant « Dieu est unique, peu importe le rite selon lequel on l’adore ». Thèse révolutionnaire pour tous les esprits dogmatiques.

On peut aussi apprécier dans ce livre la peinture de deux mondes ruraux (le Mzab et la Kabylie) et de leurs coutumes aujourd’hui disparues. « Autre temps, autres mœurs » se plait à dire l’auteur : l’ouvrage est en effet très documenté, au niveau des coutumes, au niveau historique et surtout au niveau religieux.

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Taos ou L'extraordinaire destin d'une Juive..

Cela relève de l'art ,une narration avec un style vivace qui tient le lecteur en haleine ,et fait vivre par l'imagination un segment de l'histoire combien émouvante d'un passé oublié ,et qui est ressuscité en œuvre romanesque ,prouve une fois de plus le génie de Mr Jibril Daho un auteur qui sait faire rêver ,bravo et bonne inspiration pour d'autres roman.
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L'épopée solitaire du dernier juif d'Oran

On attend avec impatience la parution de cet ouvrage posthume d'un historien généreux de l'Algérie coloniale et post coloniale du XXe et du XXIe siècle, auteur entre autres de « Taos ou le prodigieux destin d’une juive kabyle ». Le livre était sous presse lors du décès de l'auteur, il ne saurait tarder maintenant.
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