3 personnages. Un psychopathe, une starlette hollywoodienne, un ultra-fan halluciné.
1 histoire. Un psychopathe séquestre une starlette. La starlette est sauvée par l’un de ses ultra-fans, aussi inquiétant que le psychopathe. Ce dernier est tué par le fan qui s'enfuit. La starlette témoigne de son aventure dans une émission. Fin de fil conducteur.
4 médias. Le cerveau de chacun des protagonistes. Un journal papier. Un talk-show. Un e-book.
Sur le fond, c'est une pulp-story que propose Jiminy Panoz avec son micro-roman "In my head". Un format court, rapide, violent. Le style d’histoire que Tarantino a plusieurs fois porté à l’écran.
Au court de la trentaine de pages du livre, nous nous invitons au plus profond de l’esprit de chaque membre de ce trio qui vit et analyse la même histoire via des prismes complément différents.
Bourreau, victime, sauveur. Au final, chacun est un peu les trois dans ce huis-clos. Un psychopathe à l'enfance brisée par le suicide de son père, un sauveur fan obsessionnel qui souhaite tuer son idole de starlette à défaut de la posséder. Une actrice de 3ème catégorie perdue dans la masse et flottant dans un système pourri.
Le fil de l'histoire est simple me direz-vous. C’est vrai, mais les mécanismes utilisés le sont déjà moins. Le style, et c'est vraiment une des clefs de ce livre, est précis, affuté, efficace.
Tant est si bien qu’après les quelques pages de plaisir que m’a procuré la lecture de ce livre, je suis resté sur sa faim. J'aurais bien apprécié quelques dizaines de pages supplémentaires pour me perdre un peu plus dans les méandres des trois histoires, des trois cerveaux.
Sur la forme, la démarche est intéressante. Il s’agit d’un pur produit électronique, d’un e-book, qui profite ainsi d'un support et d’une technologie permettant une lecture du texte « navigante », et non plus linéaire.
L’histoire utilise ces fonctionnalités de navigation pour procurer au lecteur une expérience de lecture différente.
Pour exemple, les pages de publicité du talk-show dans la dernière partie du livre sont "cliquables" et renvoient sur de vraies fausses pubs présentées à la fin de l’e-book. La part accordée aux illustrations est également importante et accroit la sensation d’immersion dans le récit.
Cette intrusion et cette persistance des médias et notamment de la télévision est intéressante. On peut trouver une approche similaire dans certains films de Pedro Almodovar (Kika, Femmes au bord de la crise de nerfs). L’écran est un personnage à part entière et dans le cas de « In my Brain », il est 4ème protagoniste, qui revit l’histoire au travers de ses propres références.
J’ai vraiment pris plaisir à lire ces quelques dizaines de pages. Au-delà de la bonne trame du récit, le « mode » de lecture allie parfaitement le fond à la forme. A nouveaux supports, nouveaux usages.
A moins de 2€, c’est une petite perle qui se déguste.
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