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Citation de Cielvariable


Une bourrasque glaciale m’accueillit au moment où je me plantai devant le Love The Bean, le café équitable de ma ville. La dernière tempête de neige avait fait geler routes et trottoirs, si bien que j’avais failli tomber en sortant de ma voiture.
Je jetai un coup d’œil aux environs.
Nous étions samedi soir, tous les commerces étaient fermés et il n’y avait pas un chat dans les rues. Bienvenue à River Springs, petite bourgade du Colorado !
Cassie, Dan et moi avions rendez-vous au Love The Bean. Tous les ans, je suppliais mes amis de ne pas m’organiser de fête d’anniversaire et, tous les ans, ils faisaient la sourde oreille. C’était devenu une sorte de tradition. Cette année, j’avais pris les devants et décidé moi-même du programme : d’abord, une tournée de cupcakes et de cafés latte, gracieusement offerts par Ian, qui travaillait au Love The Bean et qui nous refilait toujours des consommations gratuites, puis séance de minuit au cinéma, où l’on jouait Storm Enemy, un film catastrophe de série B comme je les aime.
En équilibre précaire sur le trottoir verglacé, je poussai la porte du café.
La salle, plongée dans le noir malgré quelques guirlandes clignotantes, était déserte. Bizarre…
— Il y a quelqu’un ? chuchotai-je.
La porte d’entrée se referma derrière moi dans un tintement de clochettes. Je crus entendre un bruit insistant, une sorte de « chuuut ».
— Surprise ! s’écria Cassie en jaillissant de derrière un fauteuil.
— C’est pas vrai ! m’exclamai-je d’un ton mélodramatique.
Difficile de feindre la surprise : il était évident que Cassie allait ignorer mes plans au profit des siens.
La moitié des élèves de première de mon lycée surgirent à leur tour des différents coins de la salle : les filles de mon équipe de ski, les membres du groupe de musique de Cassie et des camarades d’athlétisme de Dan. Il y avait peu d’élèves à Northwood, et tout le monde s’entendait plutôt bien.
— Joyeux anniversaire !
— Cassie ! Tu m’avais promis !
Je lui donnai un coup de bonnet, et elle leva les mains en signe de reddition.
— Désolée, tu sais que je ne t’obéis jamais, lança-t-elle dans un éclat de rire.
Elle me conduisit à travers la foule vers le fond de la salle, où trônaient plusieurs canapés. Dan nous y attendait, sourire aux lèvres, un paquet brillant dans les mains.
— Je sais, je sais. Tu ne voulais pas de cadeau non plus, cria Cassie par-dessus la musique. Mais je n’ai pas pu résister.
— J’espère que ça ne vous a pas coûté trop cher…
— Non ! On t’a déniché un cadeau naze de chez naze.
Dan me serra fort dans ses bras.
— Tu es en colère ? Tu nous aimes plus ? Super, mon plan pour garder Cassie rien que pour moi a fonctionné !
Il pinça en riant le bras de Cassie, qui répliqua, amusée :
— Pour ça, il faudra attendre l’apocalypse. Et encore, c’est pas gagné !
Elle déboutonna son gilet et en sortit une flasque métallique.
— On n’a pas tous les jours dix-sept ans !
— Et ce n’est pas tous les jours l’apocalypse, grommela Dan.
— Vous avez déjà bu avant que j’arrive, ou quoi ? les taquinai-je.
Très classe, Cassie avait revêtu une petite robe à fleurs sous le gilet jaune vintage qu’elle adorait et rassemblé sa chevelure rousse en un chignon déstructuré. Elle avait aussi un gros collant et des après-skis, indispensables en cette saison. Dan, lui, portait son éternel sweat à capuche bleu marine. De temps à autre, il chassait ses cheveux bruns, qui lui retombaient constamment dans les yeux. Impossible de rester en colère contre ces deux-là : on était les meilleurs amis du monde depuis la maternelle.
— J’avoue, vous avez fait du très bon boulot.
— Oh, ça lui plaît ! s’exclama Dan en donnant un coup de coude à Cassie.
— Encore heureux ! soupira Cassie. J’ai mis deux heures à fabriquer les lampions et à démêler les guirlandes.
— Tu es la reine des travaux manuels, lui assurai-je.
— Justement… Au risque de t’agacer, on a quelque chose pour toi, m’expliqua Dan.
Il rentra la tête dans les épaules, comme si j’allais le frapper.
— Très drôle, répondis-je. Tu t’es entraîné à esquiver les coups ?
Il me tendit un paquet en papier argenté, sur lequel s’étalait un « Joyeux anniversaire, Skye ! » en lettres pailletées.
— C’était mon idée, se vanta Cassie.
— Mais c’est moi qui l’ai emballé, précisa Dan.
— Comme si ça ne se voyait pas…, fit Cassie en roulant des yeux. Ne déballe pas ton cadeau tout de suite, Skye, ta phobie des surprises pourrait te jouer des tours. Rends-nous service, et ouvre-le quand tu seras en mesure de l’apprécier à sa juste valeur, d’accord ?
— Promis ! dis-je en riant. D’ailleurs, ça serait dommage d’abîmer un si joli paquet…
— C’est plus compliqué que ça en a l’air, souligna Dan.
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