A Fouh-Tcheoufou, chef-lieu de la province de Fouhkien, on suspend en dehors des maisons, le 3 du troisième mois, une plante qui ressemble fort au mouron ; mais d’après le Calendrier de King-Tch‘ou, « on plantait (dans la contrée de King-Tch‘ou) un rameau de saule dans la porte le 15 du premier mois, et ensuite on prenait un repas de vin et de viandes à l’endroit que le rameau indiquait ». Il ressort de tout cela que la coutume de décorer les maisons avec de la verdure et de se parer le corps avec de la verdure et des fleurs n’était pas primitivement restreinte à un jour déterminé, mais caractérisait, ou caractérise encore, plutôt une certaine période de temps dans la première saison de l’année.
Le 15e jour de l’année étant consacré, comme on l’a vu, au feu printanier, il va sans dire que l’on fait partir toutes sortes de feux d’artifice. Il y en a une espèce trop curieuse pour que nous la passions sous silence ; c’est « le lion ou tigre de feu », hé-saï. Il se fait d’une carcasse de bambou et de papier, qui renferme une provision de ces « crackers » que nous avons déjà décrits ; on le traîne par les rues, de telle sorte qu’il ait l’air de marcher, et en même temps le feu, accompagné de détonations, sort de toutes parts de son corps. Cette pièce d’artifice est peut-être aussi un symbole du tigre céleste, qui reçoit en lui le soleil au printemps, et qui répand de tous côtés sur tout ce qui est au dessous de lui la chaleur de cet astre place des tigres est quelquefois prise par des chevaux, appelés hé-bé, « chevaux de feu », que l’on fait cependant d’ordinaire beaucoup plus petits et moins beaux que les tigres.
L’auteur arrivait en 1877 à Émoui, chargé par le gouvernement des Indes orientales néerlandaises d’aller étudier la langue, les moeurs et les usages de la contrée, car c’est de là surtout que les émigrants viennent à Java. Armé des connaissances acquises, il devait remplir dans les colonies les fonctions d’interprète et d’aviseur pour les affaires des Chinois. Comme il s’agissait pour lui de connaître des êtres humains existant réellement, leur manière de penser, leur manière d’exprimer leurs pensées, et leurs coutumes, il avait devant lui un terrain encore inexploré, car ce n’est pas dans les écrits chinois qu’il pouvait trouver ce qu’il avait à voir de ses yeux et entendre de ses oreilles.
Notre principale conclusion est que la base essentielle de la religion chinoise est ce que l’on a appelé l’evhémérisme, c’est-à-dire que les divinités sont pour la plupart des hommes divinisés après leur mort. Nous ne nions point qu’à cet évhémérisme ne s’unisse une certaine dose de naturisme, qui probablement date d’une période déjà relativement avancée de développement ; mais les notions naturistes se sont amalgamées avec l’évhémérisme au point de s’y fondre presque complètement, et en tout cas d’être éclipsées par lui.
Les habitants de l’île de Bali, dont la religion est restée l’Hindouisme, célèbrent leur fête des tombeaux au nouvel-an, qu’ils appellent galoungan. « Parmi les cérémonies de la matinée de ce jour se trouve celle d’après laquelle les femmes portent au cimetière et servent aux esprits des morts une partie des offrandes — consistant principalement en riz cuit, auquel on donne dans ce cas le nom de poundjoung.... On ne sert le festin du jour que lorsque ce devoir a été rempli.