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Citation de santorin


Fleur, penchée à sa fenêtre, entendit les coups étouffés de la pendule du salon qui sonnait minuit, le clapotement léger d'un poisson dans la rivière, le susurrement des feuilles de tremble agitées par une bouffée d'air, le grondement lointain d'un train de nuit ; et par intermittence, ces bruits anonymes qui naissent dans l'obscurité - vague expression d'émotions informulées, émotions des bêtes, des gens, des choses, de l'oiseau à la machine, ou peut-être des défunts, Forsyte, Dartie, Cardigan revenant faire un tour en ce monde qui jadis avait été le leur, quand leurs esprits n'étaient pas désincarnés. Mais Fleur ne prêtait à ces bruits aucune attention : son esprit, qui n'avait pas rompu ses liens charnels, volait, d'une aile légère, d'un compartiment de chemin de fer à une haie fleurie, s'attachant au souvenir de Jon, obstinée à faire revivre l'image défendue, et le son de sa voix. Le nez froncé, elle cherchait dans les parfums montant de la rivière , le souvenir de ce moment où la main de Jon avait écarté de sa joue la branche d'aubépine. Longtemps elle s'attarda à sa fenêtre dans son costume de fantaisie, aussi avide de brûler ses ailes à la flamme de la vie, que les papillons qui la frôlaient et se précipitaient vers la lampe électrique allumée sur sa table, ignorant que dans la maison d'un Forsyte il n'y a pas de flamme qui brûle librement. Mais elle finit, elle aussi, par avoir sommeil et, oubliant ses clochettes, elle se retira.
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