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Citation de GeorgesSmiley


En l'an III de la grande Reconstruction soviétique, l'hôtel Odessa,...vétuste et délabré, était si mal éclairé que les lampes en cuivre, les négrillons et l'encorbellement du restaurant au premier étage évoquaient plus le sombre passé que le phénix soviétique renaissant de ses cendres. En sortant de l'ascenseur brinquebalant, lorsqu'on bravait le regard noir de la concierge d'étage tapie dans sa guérite au milieu de clés rouillées et d'antiques téléphones, on aurait pu se croire revenu aux plus sinistres institutions d'antan.
Malgré tout, pour l'observateur avisé, l'Odessa avait alors une âme. Les braves réceptionnistes cachent un coeur généreux derrière leur regard d'acier et il arrive que les portiers vous autorisent d'un clin d'oeil à prendre l'ascenseur sans exiger votre laissez-passer pour la cinquième fois de la journée. Si l'on sait y faire, le gérant du restaurant vous conduira de bonne grâce vers votre box pour le prix d'un sourire. Et de six à neuf heures du soir, le vestibule devient soudain le carrefour des cent nations de l'Empire. Venus rendre hommage à cette nouvelle Rome, d'élégants bureaucrates de Tachkent, des instituteurs estoniens aux cheveux filasse, d'ardents fonctionnaires du parti originaires du Turkménistan et de Géorgie, des directeurs d'usine de Kiev, des ingénieurs navals d'Arkhangelsk, sans parler des Cubains, des Afghans, des Polonais, des Roumains et du peloton d'Allemands de l'Est à l'arrogance caricaturale, descendent par fournées des navettes de l'aéroport et poussent leurs bagages mètre par mètre vers la réception.
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