AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Danica


Le cinéma, Goldman, le voilà l'avenir ! Désormais les gens veulent de l'image ! Les gens ne veulent plus réfléchir, quand ils rentrent chez eux, ils sont perdus : leur maître et patron, cette main bienfaitrice qui les nourrit, n'est plus là pour les battre et les conduire. Heureusement, il y a la télévision. L'homme l'allume, se prosterne, et lui remet son destin. Que dois-je manger, Maître ? demande-t-il à la télévision. Des lasagnes surgelées ! lui ordonne la publicité. Et le voilà qui se précipite pour mettre au micro-ondes son petit plat dégoûtant. Puis le voilà qui renvient à genoux et demande encore : Et, Maître, que dois-je boire ? Du Coca ultra sucré ! hurle la télévision, agacée. Et elle ordonne encore : Bouffe, cochon, bouffe ! Que tes chairs deviennent grasses et molles. Et l'homme obéit. Et l'homme se goinfre. Puis, après l'heure du repas, la télé se fâche et change ses publicités : tu es trop gros ! tu es trop laid ! Va vite faire de la gymnastique ! Sois beau ! Et il vous faut acheter des électrodes qui vous sculptent, des crèmes qui font gonfler vos muscles pendant que vous dormez, des pilules magiques qui font à votre place toute cette gymnastique que vous n'avez plus du tout envie de faire parce que vous digérez votre pizza ! Ainsi va le cycle de la vie, Goldman. L'homme est faible. Par instinct grégaire, il aime s'entasser dans les salles sombres qu'on appelle cinémas. Et bam ! on vous envoie la pub, le pop-corn, la musique, les magazines gratuits, avec des bandes-annonces qui précèdent votre film et qui vous disent : "Pauvre cloche, tu t'es trompé de film, va voir plutôt celui-là, il est beaucoup mieux !" Oui, mais voilà : vous avez payé votre place, vous êtes coincé ! Donc vous devez revenir voir cet autre film dont une bande-annonce vous indiquera que vous n'êtes une fois de plus qu'un pauvre benêt, et, malheureux et déprimé, vous irez engloutir des sodas et des glaces au chocolat vendus hors de prix pendant l'entracte pour oublier votre condition misérable. Il n'y aura peut-être plus que vous, et une poignée de résistants, entassés dans la dernière librairie du pays, mais vous ne pourrez pas lutter indéfiniment : le peuple des zombies et des esclaves finira par gagner.
Commenter  J’apprécie          280





Ont apprécié cette citation (19)voir plus




{* *}