Citation de lanard
Joël de Rosnay : (...) c'est assez passionnant d'observer que nous avons exporté dans Internet les trois formes d'intelligence correspondant aux trois couches de notre cerveau. L'hypothalamus, le cerveau primitif, celui de l'instinct, de la connexion et de la reconnaissance de l'autre ; le mésencéphale, le cerveau moyen, qui est celui de la vie collective, de la famille, de la nidification chez les oiseaux ; et le cortex, qui est le cerveau symbolique, de l'abstraction et du raisonnement. Nous les retrouvons dans Internet également sous trois formes : l'intelligence "connective", avec l'e-mail, le chat, les forums ; l'intelligence "collaborative", comme Wikipedia, Linux ou autres productions gratuites pour la communauté ; et enfin l'intelligence "collective", qu'on appelle en anglais le "crowdsourcing", ou production participative, qui permet de résoudre des problèmes complexes en faisant appel à beaucoup de compétences différentes, connectées entre elles, à l'échelle du globe.
Cette intelligence collective peut aussi se retourner en la plus grande stupidité.
De quoi dispose-t-on aujourd'hui en matière d'intelligence collective? Du vote, des manifestations, où l'on observe à quel point une foule peut devenir "stupide" ; la ola dans les stades comme forme d'organisme collectif n'est pas très maligne... Cela peut donc virer d'un côté comme de l'autre, mais l'espoir, c'est que peut naître une forme d'intelligence collective par l'interconnexion des individus, en trois étapes. La première, avec les moteurs de recherche, nous sommes tous connectés à la mémoire du monde : "je sais" ou "je peux savoir". La seconde étape grâce aux réseaux sociaux : "nous savons ensemble". La troisième étape : nous savons aussi ce que les autres savent, avec le crowdsourcing. Au risque d'être un peu provocateur, il faut dire ce que cela signifie. Il y a une courbe d'augmentation de la densité du réseau Internet dans le cybionte. Tout comme les interconnexions de neurones forment des synapses dans le cerveau, à partir d'un certain point que l'on appelle "point de singularité" et que je situe vers 2050-2060, peut-être un peu avant, le système, non seulement pourra devenir conscient, mais il pourra devenir conscient de lui-même. Qu'est-ce alors que ce réseau global planétaire, dont nous sommes les neurones, qui atteint non seulement la conscience collective - Jung l'avait déjà dit -, mais une conscience collective réfléchie? Non seulement je sais, comme l'animal, mais je sais que je sais. Quel est cette chose? Big Brother?
François L'Yvonnet : Cela pose effectivement un problème, car George Orwell n'envisageait pas un Big Brother doté de la conscience de soi.
J. de R. : Eh bien, précisément, je pense qu'il pourra être réflexif et je ne suis plus le seul à le dire.
Tous les membres du Global Brain Institute (GBI), auquel j'appartiens, pensent à présent que la réflexivité de ce système va arriver dans quelques décennies. Et quand cela adviendra, que serons-nous par rapport à ce nouvel organisme planétaire? Voudra-t-il de nous ou nous fera-t-il disparaitre?
Cette intelligence collective peut aussi se retourner en la plus grande stupidité.
De quoi dispose-t-on aujourd'hui en matière d'intelligence collective? Du vote, des manifestations, où l'on observe à quel point une foule peut devenir "stupide" ; la ola dans les stades comme forme d'organisme collectif n'est pas très maligne... Cela peut donc virer d'un côté comme de l'autre, mais l'espoir, c'est que peut naître une forme d'intelligence collective par l'interconnexion des individus, en trois étapes. La première, avec les moteurs de recherche, nous sommes tous connectés à la mémoire du monde : "je sais" ou "je peux savoir". La seconde étape grâce aux réseaux sociaux : "nous savons ensemble". La troisième étape : nous savons aussi ce que les autres savent, avec le crowdsourcing. Au risque d'être un peu provocateur, il faut dire ce que cela signifie. Il y a une courbe d'augmentation de la densité du réseau Internet dans le cybionte. Tout comme les interconnexions de neurones forment des synapses dans le cerveau, à partir d'un certain point que l'on appelle "point de singularité" et que je situe vers 2050-2060, peut-être un peu avant, le système, non seulement pourra devenir conscient, mais il pourra devenir conscient de lui-même. Qu'est-ce alors que ce réseau global planétaire, dont nous sommes les neurones, qui atteint non seulement la conscience collective - Jung l'avait déjà dit -, mais une conscience collective réfléchie? Non seulement je sais, comme l'animal, mais je sais que je sais. Quel est cette chose? Big Brother?
François L'Yvonnet : Cela pose effectivement un problème, car George Orwell n'envisageait pas un Big Brother doté de la conscience de soi.
J. de R. : Eh bien, précisément, je pense qu'il pourra être réflexif et je ne suis plus le seul à le dire.
Tous les membres du Global Brain Institute (GBI), auquel j'appartiens, pensent à présent que la réflexivité de ce système va arriver dans quelques décennies. Et quand cela adviendra, que serons-nous par rapport à ce nouvel organisme planétaire? Voudra-t-il de nous ou nous fera-t-il disparaitre?