Si l’éloquence a perdu la place essentielle qu’elle occupait dans la civilisation antique, la rhétorique a su occuper le terrain de la littérature, comme elle occupe de plus en plus celui de la communication. On a voulu la croire morte. Mais au lieu de la laisser reposer en paix, toute la première moitié du XXe siècle s’est acharnée sur son cadavre et, à force de parler de la défunte, on a fini par la ressusciter. A une époque où la publicité nous traque à tous les coins de rue, où la solitude et le silence sont devenus un luxe, c’est bien un nouvel empire qu’elle est en train d’édifier sur les traces de l’ancien.