Un certain nombre d’hypothèses fondamentales sur la cohésion des relations sociales s’articule à cette question du sommeil – y compris l’idée d’un rapport réciproque entre vulnérabilité et confiance, entre le fait d’être exposé et le soin. La vigilance d’autrui est cruciale : c’est d’elle que dépend l’insouciance du sommeil qui nous revivifie, c’est elle qui nous octroie un intervalle de temps libéré des peurs, un état temporaire d’« oubli du mal ». À mesure que s’intensifiera la corrosion du sommeil, on s’apercevra peut-être mieux que la sollicitude qui est si essentielle au dormeur n’est pas qualitativement différente de la protection qu’exigent d’autres formes, plus immédiatement évidentes et aiguës, de souffrance sociale.