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Critiques de Jorge Lavelli (2)
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Lavelli, opéra et mise à mort

Vers la fin de la classe de troisième, j'eus comme chaque élève un entretien avec un conseiller d'orientation qui me demanda ce que je voulais faire "plus tard". Sachant davantage ce que je ne voulais pas faire, il me demanda ce que j'aimais dans la vie, et je répondis : la musique. Il me parla de la section A6 qui me permettrait de rentrer au lycée dans une section littéraire mais avec quelques heures de musique. C'était en internat et ce détail m'a convaincue. Je me suis retrouvée l'année suivante dans un cours de musique en compagnie de camarades ayant des connaissances musicales à mille lieues des miennes qui se cantonnaient à une bonne connaissance de la variété française et pour simplifier aux chansons de Bob Dylan. Ce fut donc une découverte de chaque instant que celle de la musique classique, dans la sueur et parfois dans les larmes. Un jour notre professeur nous annonça qu'elle allait nous emmener voir "La Traviata", opéra de Verdi, à l'opéra de Marseille. Je n'avais jamais vu ou entendu un opéra de ma vie, mais je m'inscris à la sortie motivée par la perspective d'une escapade nocturne loin de l'internat. Notre professeur nous raconta l'histoire de "La dame aux camélias", mais n'en dit pas plus, sans doute parce que la plupart des élèves musiciens savaient de quoi il en retournait, et aussi pour nous laisser la surprise. Et c'est ainsi qu'un soir un minibus nous déposa dans le quartier de l'opéra à Marseille, qui ne représentait pour moi que le quartier où se promenaient des dames très court vêtues en quête de client. Je fus très impressionnée dès la porte du théâtre franchie, la vision du grand escalier qui n'était pas pour nous puisque nous avions des places presque au paradis... Une fois installée, je fus comme une enfant devant le plus beau des jouets. Le rouge et or, le clinquant du lustre, le brouhaha des mélomanes rejoignant leurs sièges, puis le presque noir, la musique qui sort de la fosse d'orchestre ( c'était aussi la première fois que j'entendais un orchestre en direct)..., l'arrivée du chef d'orchestre, le silence quasi religieux et les souffles suspendus... première note de l'ouverture céleste... Le rideau s'est ouvert et j'ai assisté à une féérie mémorable. Le chant était merveilleux, les personnages vivants, les costumes extraordinaires... je n'ai pas touché terre de la soirée. Rien ne m'avait paru démodé, ridicule, désuet. Je suis tombée en amour pour l'opéra, à jamais.

Dès le lendemain, je me mis à lire des articles de presse sur ce que je venais de voir. Le trimestre suivant, notre professeur nous emmena cette fois voir et entendre "Siegfried" de Wagner. J'eus un fou-rire mémorable : décors en carton pâte, chanteurs patauds... mais peu importe, le virus était bien contracté. Des années plus tard, quand je pratiquais le chant et m'étais familiarisée avec la culture lyrique, je compris que ma rencontre avec l'opéra et mon coup de foudre avaient débuté, comme bien des histoires d'amour, sous le signe du malentendu : la production de "La Traviata" à laquelle j'avais assisté était mise en scène par Jorge Lavelli, avec dans le rôle titre la cantatrice Sylvia Sass, autrement dit le must du must pour certains, le sacrilège pour d'autres. Si j'avais vu Wagner en premier, je n'aurais jamais approfondi ma passion. Les mises en scène de Jorge Lavelli nous paraissent de nos jours bien sages, tant il a été dépassé depuis dans la provocation par d'autres metteurs en scène, pas tous autant soucieux que lui de l'esprit de l'œuvre et le respect du compositeur. C'est ce qu'il explique dans ce livre d'entretiens, intitulé d'une façon erronée à mon sens "opéra et mise à mort". Après "La Traviata", j'ai assisté au "Fidelio" de Beethoven mis en scène par Lavelli. La mise en scène en était finalement très classique, si ce n'est qu'il avait transposé l'action dans une époque contemporaine, et les chanteurs étaient habillés dans leurs habits de "tous les jours". Cette histoire de dictature et de prisonnier politique s'en accommodait parfaitement, et j'ai le souvenir de moments très poignants. A l'époque, le mot à la mode était "dépoussiéré", mot totalement impropre, si je puis dire. La musique était et reste intemporelle, Jorge Lavelli a toujours cherché à la faire résonner d'une manière la plus directe possible, mais sans artifice démagogiques ou faussement provocateurs. Il ne suffit pas de transposer une œuvre dans l'époque contemporaine pour faire une mise en scène novatrice. Il faut un projet cohérent, basé sur l'essence première de l'œuvre, beaucoup de travail en amont, pour, dans une illusion d'éloignement, mieux s'en rapprocher.

C'est ce à quoi s'est attaché toute sa vie de metteur en scène Jorge Lavelli, avec un talent merveilleux, et c'est tout en enthousiasme et en passion qu'il le raconte ici.
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Une visite inopportune

C'est très perché ! J'ai bien aimé cette dimension métathéatral (théâtre dans le théâtre). Il y aussi pas mal d'humour et les personnages sont plutôt cools ! En fait tout, est dit dans le résumé : c'est burlesque, il y a un peu de drama, cela amène une réflexion sur le théâtre... Bref, une bonne pièce dans son genre.
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