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Citation de Zappatiste


 Depuis plus d’un siècle, à la suite de l’industrialisation et du processus d’urbanisation, la ville s’est affranchie peu à peu de son territoire, jusqu’à devenir un monde en soi. Une création entièrement artificielle, autonome, ennemie jurée du monde naturel. Elle n’est désormais composée que d’espaces froids, inhospitaliers, tous semblables les uns aux autres, au point
qu’on aura bientôt du mal à distinguer les quartiers modernes de Londres de ceux de Manchester ou de Berlin. Ces endroits anonymes, ineptes, faits pour la foule et non pour l’individu, ne sont que des substituts de ce qu’étaient autrefois les lieux de la vie humaine. Ils découlent d’une idée abstraite, et donc déshumanisante, de l’homme. 

Ainsi, la ville ne répond plus qu’à des critères de fonctionnalité, les seuls que
l’esprit bourgeois soit en mesure de concevoir. Le besoin que nous avons de vivre dans un monde significatif, capable d’exprimer l’esprit profond du lieu et celui de la communauté humaine qui l’habite, la ville ne sait plus le prendre en compte. Quant au besoin de proximité avec la nature, on y répond en plantant d’horribles plates-bandes fleuries et des alignements de platanes maladifs dans les rues et devant les bâtiments publics, ou bien en aménageant ces succédanés de jardins qu’on appelle “parcs urbains”. 

Comment, dès lors, s’étonner que l’architecture ancienne soit toujours plus attrayante que la moderne ? Un vieux village, avec ses pauvres maisons groupées autour d’une église ou d’un château, ne possède-t-il pas plus de caractère que nos quartiers modernes tellement bien conçus qu’ils ressemblent à des maquettes grandeur nature ? Ces vieux bâtiments n’ont
pourtant pas été édifiés par des architectes encensés mais par des gens humbles, des paysans et des artisans qui ne savaient probablement ni lire ni écrire et qui utilisaient tout ce qu’ils trouvaient sur place : les pierres des champs, le bois des forêts, l’ardoise qui dormait depuis des millénaires à l’intérieur des collines. Ils se laissaient guider par l’esprit de leur lieu, le seul qu’ils connaissaient, et ils construisaient pour leurs enfants et les enfants de leurs enfants.
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