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Citation de SZRAMOWO


Tu m'as regardé en me tenant la tête des deux mains :
- Je ne veux pas que vous vous serviez de moi dans vos livres. Je ne veux pas être dans vos livres. Promettez le moi.
J'ai promis, je promets toujours. Nous descendions l'escalier dont la grande baie montrait la campagne et, au milieu d'un champ où il n'y avait pas la moindre tache verte, un troupeau de moutons et son berger. J'essayais de les entendre, et n'entendait rien : c'était une image muette.
Et pourtant ils étaient nombreux, et ondulaient soudain d'une seule masse, l'un d'eux se détachait, et un chien courait après lui. Je m'étais arrêté et tu m'as demandé pourquoi je les regardais si longtemps. Je ne l'avais pas encore compris, je m'interrogeais. Je ne l'ai su qu'au retour en voiture, quand j'ai été seul. Le petit chemin de Bagnères qui allait vers la ville longeait l'abattoir. Au-delà d'une cour, enfermés par une barrière de bois, il m'arrivait de voir un ou deux moutons, pressés l'un contre l'autre, ou des agneaux, la tête levée, qui appelaient. Ai-je perdu, ai-je gagné, en vieillissant ? Alors, tout me blessait, et le cri de ces bêtes qu'on allait tuer me serrait le coeur. Je suis devenu plus avare de ma tendresse, je me reprends plus vite et ne pardonne plus à qui me déçoit.
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