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Citation de ZeroJanvier79


Enfin. Depuis un an, enfin, les gens bien nés affichent des sourires d’aise. On ne s’appelle plus citoyen ou citoyenne. On ne se tutoie plus. On frappe les révolutionnaires aux quatre coins du pays – il n’est plus de cléments, de furieux et de conformes, de degrés et de teintes diverses livrés à l’œil, seulement des disciples indistincts de la Révolution. On promet de la robe grecque de courte taille qu’elle est du meilleur goût. On regarde les agioteurs remarcher d’un pas de bel élan. On admire le blond des perruques que les dames portent aux concerts. On se complimente entre libéraux. On n’a plus honte d’aimer l’argent. On parle de garantir les biens du riche. On restaure le suffrage censitaire. On déporte Billaud-Varenne quelque part en Guyane. On jure qu’il faut un pouvoir de propriétaires. On rouvre les portes de la Bourse. On s’honore que les financiers n’aient plus au ventre ce nœud que le Comité de salut public s’était plu à leur faire. On se prend même à rêver du futur. On érigera l’Empire. On rétablira l’esclavage. On tuera par millions dans la neige et la boue. On installera le gros oncle du petit roi sur le trône. Bref, on décrassera le pays de ces momeries de gens égaux, de pain en partage et de peaux noires affranchies. On dira du trait qui sépare le haut du bas qu’il est la condition de toute vraie société. On remettra le peuple à la place qu’il a cru bon de quitter. Républicain, quelle curieuse idée.
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