Au milieu du Xe siècle, l’arabe était devenu la langue majoritaire grâce à l’influence politique du groupe dominant et à la supériorité de sa culture. Américo Castro en tire argument pour rejeter la thèse de l’hispanisation des conquérants africains. Il a raison. La langue qu’on parle et qu’on écrit n’est pas neutre ; elle exprime une mentalité, des façons de penser et de sentir, un état de civilisation. En adoptant l’arabe, la majorité de la péninsule s’est trouvée intégrée au monde musulman, même si elle a conservé, dans cet ensemble, une spécificité qu’elle partage d’ailleurs avec la partie de l’Afrique située de l’autre côté du détroit. L’islam s’est ainsi implanté, au VIIIe siècle, on l’oublie trop souvent, dans une portion du monde antique, romanisée, puis christianisée.