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Citation de VACHARDTUAPIED


Je suis revenu plusieurs fois. Je me suis laissé retenir à dîner. Ah ! puisque je me confesse, je ne dois rien omettre. Avez-vous déjà mangé chez les Barbelenet ? Non ? eh bien ! Les dîners, dans la maison Barbelenet, sont très attachants, pleins de force, pleins d’une sombre poésie. Il arrive sur la table des nourritures qui ont l’air trop cuites, des sauces noirâtres, dont on se dit qu’on n’y touchera pas. La bonne qui les apporte n’inspire aucune confiance. Elle répond au type de la cireuse de parquets, de l’épousseteuse de meubles, pas du tout à celui de la cuisinière, dont elle n’a ni la rondeur luisante, ni les gestes composés. Oui, mais attendez. La première bouchée vous rend perplexe. On se demande si on n’est pas en train de prendre un plaisir pervers au massacre même de son goût. Le doute ne dure pas longtemps. Un seul verre de vin que vous verse le père Barbelenet le dissipe. Vous découvrez du coup que vous êtes au début d’un repas de premier ordre, et qu’il va falloir être attentif. Ce n’est pas de la cuisine raffinée, c’est mieux que cela : de la cuisine profonde. Vous ne voyez apparaître que les plats les plus communs : le gigot des familles, le poulet des familles. Mais vous vous dites à chaque fois : « Je n’avais pas encore mangé de gigot », ou « Je ne savais pas bien ce que peut être un poulet. »
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