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Citation de Erveine


Une mystique nous avait labourés, ensemencés et vite recouverts, nous n’étions pas comme les autres, Dieu nous avait choisis et nous conduisait à travers les vicissitudes et les iniquités du monde. Nous nous sentions élus. Quand nous allions, deux fois par semaine, en début d’après-midi, en promenade, en rang, à travers les rues de Saint-Eugène et par le boulevard qui longeait la mer, à la pointe Pescade ou dans les collines, une ivresse me gagnait : écouter mourir ou gronder les vagues, contempler les navires qui sortaient du port d’Alger ou y entraient, c’étaient aussi des appels. De quoi ? Vers qui ? Ce romantisme échevelé, le lycée ne l’aurait jamais inspiré. Je me souviens que la première année, toute de bonne soupe, de haricots charançonnés, de bœuf bouilli et d’omelettes aux pommes de terre, nous la passâmes, comme les Hébreux en Egypte, en attente. Notre Terre promise c’était, à hauteur du dôme de la basilique de Notre-Dame d’Afrique mais sur la colline voisine, plus à l’ouest, d’où l’on surplombait la mer de haut, le bâtiment superbe du séminaire, la royale chapelle au clocher en forme de minaret. C’est là que nous grimpâmes l’année d’après. D’une villa banale et sans âme, nous passions à un château de la chrétienté qu’avec le temps je vois, les fortifications en moins, semblable au Krak des Chevaliers dans le désert de Syrie. (Les caroubes de Dieu p.100-101)
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