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Citation de Erveine


Ensemble, nous lui cherchâmes une place. J’étais un peu gêné de montrer mon lit défait, mon bureau en désordre, mes vêtements épars. J’émiettai du pain dans une assiette, j’ajoutai une croûte de fromage, j’emplis d’eau un bol.
« Il a un nom ?
― Je l’appelle Agar. »
Agar, c’était le nom de l’esclave d’Abraham, la mère d’Ismaël.
Ça m’étonna. Des Arabes ne lui auraient pas collé ce nom-là. C’est pourtant celui que j’ai cru entendre.
« C’est un mâle ou une femelle ? »
Belkacem fit un geste d’ignorance. Peu importait. J’aurais préféré une colombe ou une tourterelle. Agar, ça sonnait bien pour un choucas, mais c’était un nom arabe. S’il habitait chez moi, je ferais de lui un chrétien, je le naturaliserais français.
« Et bien, merci, dis-je pour les congédier. Belkacem, je suis très touché. »
J’ai hésité à ouvrir tout de suite la cage. Il lui fallait le temps de s’adapter à sa nouvelle demeure. J’approchai son assiette. Il gargouilla encore. Gouâ, gouâ... Mais cette fois, le cri était plus pointu, plus aigu. Agar, Agar, je ne trouvais pas de nom français ressemblant à celui-là. C’est alors qu’un vieux nom russe passé depuis longtemps dans la littérature, un nom de prince, Igor, m’est venu à l’esprit. Ça m’a plu. Qui sait si le cosaque dont ma mère descend ne s’appelait pas Igor ?
Il m’a paru s’intéresser à ce que je faisais. A midi, en partant déjeuner chez Arthur, j’ai ouvert sa cage, je lui ai parlé.
« Tu as à manger et à boire. Tu es chez toi. Salut, Igor. » (p.574)
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