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Citation de Charybde2


La vieille aciérie était propriété du peuple à l’instar de la rue et du quartier. Seule la ville n’appartenait à personne – elle était déchirée, à l’image du pays et de ses habitants. Reposant encore dans sa peur. Elle ne dormait plus sans pour autant être réveillée. Et cependant elle baignait dans une brume de plaintes tourmentées et de désirs étouffés, de baisers humides et de coups sourds. Un manteau râpé l’enveloppait – usé jusqu’à la corde par le temps. Comme en dehors de ce monde. La ville en avait vu de toutes les couleurs. Destruction, mise à sac et division. Démolition et reconstruction. Adieu et arrivée. Douleur et séparation. Désespoir, trahison parfois – mais de compassion, jamais. Elle avait été maltraitée et violée, et elle s’était soumise en suffocant. Sans cesse, encore et encore. Et ce matin aussi, la ville semblait recroquevillée comme dans des chaînes. Inquiète et nerveuse, à se tourner d’un côté et de l’autre. Encore fortement étreinte par le souffle feutré de la nuit. La ville – Berlin, Berlin-Est – un lundi de septembre, trente et un ans après la fin de la guerre. Six heures vingt-cinq.
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