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Citation de Charybde2


Arno demeurait isolé dans son équipe. On parlait peu entre collègues. Ils étaient plutôt sans langue. Les difficultés quotidiennes tenaient closes les bouches comme la fumée échappée du brûleur et les émanations de cendre rouillée dans l’ancienne chaufferie. Le plus souvent, ils s’exprimaient avec des exclamations brèves en lien direct avec le travail. Ce qui manquait, ce qui était utile. Ce qui marchait bien, ce qui marchait mal. Quand ils se mettaient à parler, Arno sentait les relents de WISMUTFUSEL dans leur haleine. Le mauvais alcool qu’ils éructaient au bout des premiers mots se répandait dans la pièce comme une odeur de pommes pourrissantes ou de bière éventée.
L’atelier et la chaufferie respiraient le silence.
Arno avait évité d’appeler le piquet d’incendie. Le numéro d’urgence était inscrit sur un bout de carton. Une feuille quadrillée, perforée avec soin, accrochée de manière visible au-dessus de l’établi avec son étau et sa perceuse. Une punaise faisait office de crochet. Les questions et explications lui auraient fait perdre inutilement son temps, pensait Arno, auraient été dérangeantes. Les choses s’étaient quand même arrangées sans leur intervention. Il avait appelé le dispatcheur pour lui signaler la panne, avait rempli le formulaire selon le règlement et avait agrafé les papiers ensemble. Soigneusement, avec un double pour tous les concernés. C’était tout. Pas de discussion, pas de lamentation, pas d’ennui. Tout était pour le mieux, se disait Arno, comme toujours, comme partout.
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