Voilà déjà plusieurs jours que j’ai terminé ma lecture, et je ne sais toujours pas comment commencer ma chronique. Habituellement, il s’agit pourtant d’une partie facile : j’ouvre mon billet en vous racontant comme je suis venue à lire ce livre. Mais comment parler d’un roman pour lequel j’ai craqué sur un coup de tête, un peu par hasard, et qui s’est avéré être, au final, une lecture tellement bouleversante que je n’en suis pas encore complètement remise ?
Alors tant pis, ce sera un retour décousu. Bitterthorn est un roman de Kat Dunn présenté comme étant une romance gothique et saphique, inspirée des contes de fées. Autant dire qu’il coche toutes les cases de mes genres préférés ! En plus, il est disponible dans une version splendide chez Illumicrate, tout en tons violets, ma couleur favorite. Sauf que Bitterthorn est bien plus que ce qu’il promet…
L’histoire s’installe lentement. Nous sommes du point de vue de Mina, jeune fille délaissée et endeuillée, qui préfère s’isoler dans la forêt que se plier aux codes de la haute société. Lorsque la Sorcière l’emmène pour compagne – tous les 50 ans, elle descend de son château se choisir un compagnon que l’on ne revoit jamais – Mina se retrouve seule dans un château en ruines.
Le rythme lent de la narration pourra en perdre plus d’un. Mais il est en parfaite adéquation tant avec le récit qu’avec les personnages principaux, deux femmes solitaires et sauvages qui apprennent à s’apprivoiser doucement. À l’image de son titre, Bitterthorn ne s’aborde pas comme on approcherait d’innocents massifs de fleurs. Ici, on frôle une haie d’épines aux fruits amers. Pour découvrir ce qu’elle renferme en son sein, il faut de la patience. De l’obstination.
Car Bitterthorn, c’est un livre qui parle de solitude. De celle dans laquelle on s’enferme, parce qu’on a trop souffert. De celle que l’on bâtit en forteresse avant de s’apercevoir, un jour, qu’elle est devenue prison. Parce qu’à force de fuir les autres, en les rejetant par des piques acides de peur d’être soi-même blessé, on se les est aliénés.
Le roman commence comme une revisite saphique de La Belle et la Bête avec, ici et là, un clin d’oeil à Cendrillon, un autre à La Belle au Bois Dormant. Et qui s’avère finalement être un conte à part entière. Que la Bête soit ici une femme, une sorcière écrasée par sa malédiction, ôte les aspects malaisants du conte d’origine. À noter que l’autrice a su habilement déjouer le piège de l’age gap – ce fameux fossé qui mine les romances en fantasy, où l’héroïne est âgée entre 18 et 20 ans et le héros qui ravit son coeur, un être sans âge (centenaire, millénaire…). J’ai crains que ce ne soit le cas ici aussi, avec cette Sorcière qui vient se choisir un compagnon tous les cinquante ans. Mais non, Kat Dunn échappe à cette problématique avec finesse, tout en renforçant davantage la peine qui enserre notre coeur à mesure que l’on découvre les sombres secrets qui hantent le château comme la Sorcière.
Dès le début, je me suis laissée bercer par le récit de Mina. Lentement, le sortilège a fait son office. Chaque soir, je voulais retrouver le roman, poursuivre encore ma lecture. Jusqu’à ce que, arrivée dans le derniers tiers, je me retrouve le souffle suspendu à un fil, le coeur complètement pris entre ces pages. Et me voilà à la fin du roman, et ah ! Rien que d’y repenser et ma gorge se noue à nouveau d’émotion. Je ne peux en dire plus sans déflorer l’intrigue, mais ce final m’a laissée toute retournée, même encore à présent.
Cela faisait longtemps qu’un livre ne m’avait pas bouleversée au point qu’il me faille des jours pour m’en remettre. Bitterthorn est, sans aucune doute, une de mes meilleures lectures de l’année !
Lien :
https://lullastories.wordpre..