"L'intello"poussa un soupir et jeta un carton dans le brasier. Les flammes reprirent de plus belle. Shibata se rapprocha du clochard et tendit les mains au-dessus du feu pour se réchauffer.
- Puisqu'on t'appelle "L'intello" tu dois savoir lire, écrire, et compter.
- A peu près
- J'ai l'impression que, si tu voulais, tu pourrais trouver du travail…
- J'ai décidé une fois pour toutes que, dans ma vie, je ne serais le larbin de personne. Ce n'est pas maintenant que je vais renoncer à ma liberté.
- Et qu'en feras-tu, de cette liberté, si tu es en prison ?
- C'est différent. En prison, personne ne m'exploite, et puis il s'agit seulement d'attendre les beaux jours. Ne pourriez-vous pas trouver une combine pour me faire coffrer pendant deux ou trois mois ?
- Ce n'est pas le travail de la police.
- Son travail consiste pourtant bien à arrêter les coupables, non ?
- Oui, les coupables de vol, mais pour un malheureux feu en plein air, tout ce que je peux exiger, c'est que tu l'éteignes soigneusement.
- Autrement dit, il faudrait que je vole quelque chose….
- Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit !
- Le problème, c'est que ce n'est pas dans mes cordes. Je suis trop poltron. D'ailleurs, si j'étais capable de voler, je ne serais pas clochard.
- Ce n'est pas moi qui vais te le reprocher.