AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Kyung-Eun Park (55)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Une histoire du génocide des Arméniens

C'est une BD qui traite d'un sujet bien triste à savoir le génocide des arméniens qui a été perpétré durant les années 1915-1916 par le parti des jeunes turcs. C'est un sujet qui me touche particulièrement d'autant qu'il a encore des conséquences encore de nos jours près de 100 ans après. En effet, sa reconnaissance politique dans le monde fait encore débat avec une Turquie qui refuse de voir son passé en face.



Certes, il y a eu d'autres génocides dans l'histoire mais celui des arméniens préfigurait celui perpétré par les nazis contre les juifs dans son aspect programmation politique minutieusement préparé sans vouloir ternir ou minimiser l'holocauste qui se veut exclusif de par les atrocités commise en grande masse. Il y eu tout de même environ 1,5 millions de morts réduisant considérablement cette minorité.



En effet, au lendemain du génocide, les Arméniens ne sont plus que 100.000 à 200.000 dans l'Empire ottoman. Certains trouvent refuge en Arménie russe, en Perse, en Syrie et au Liban. D'autres fuient vers la France, les États-Unis et l'Amérique latine. On se souvient qu'Hitler lui-même avait indiqué : « qui se souvient du génocide des arméniens ? » pour mieux commettre ses méfaits sur les populations juives.



La BD nous explique que des soldats de l'armée turcs sont allés chercher d'abord tous les hommes arméniens dans les villages les plus reculés où ils vivaient en harmonie avec la population musulmane pour leur faire croire qu'ils partaient combattre à la guerre défendre leur patrie à savoir l'Empire Ottoman. Malheureusement, c'était un leurre pour pouvoir les abattre en pleine tranchée qu'on leur demandait de creuser dans un cynisme le plus absolu.



Par la suite, ils se sont attaqués aux femmes, aux enfants et aux vieillards sans défense pour les exécuter ou les abandonner en plein désert après une longue marche. Ils demandaient à des pillards kurdes de terminer le travail. Encore une fois, ce massacre systématique de la population arménienne vivant en paix est d'une ignominie sans nom.



Voilà ce qui se passe quand un parti politique se met à stigmatiser une population les accusant d'être à l'origine de tous leurs maux. Ils sont le plus souvent jaloux de leurs réussites commerciales car autant les arméniens que les juifs étaient de bons commerçants bien intégrés dans la société. C'est toujours la même chose. Et voilà que la grande Russie de Poutine accusent les ukrainiens d'être des nazis pour perpétrer des crimes contre l'humanité dans la folie de leur haine conquérante. Cela me dégoutte toujours au plus haut point.



Pour en revenir à cette BD, elle est très didactique avec des interludes historiques après chaque chapitre pour faire le point sur des faits historiques avérés et non supposés. On notera une base documentaire avec photo très simple qui ne se perd pas dans des détails futiles. Il y a même des conseils de lectures sur d'autres œuvres traitant de ce sujet comme des BD par exemple.



Le génocide arménien est une réalité et non une invention née d'un mensonge.

L'extermination s'est fait par l'assassinat massif, la faim et la soif, la noyade. Les témoignages insistent particulièrement sur les viols, mutilations et massacres de femmes, d'enfants et de nouveaux-nés commis par les génocidaires. Dans un génocide, tuer son voisin devient légal car c'est encouragé par le gouvernement.



Certes, il y aura ceux qui essayent d'aider les arméniens ou qui ne comprennent pas cette politique d'extermination qui jette la honte et opprobre. Bref, on verra dans le récit qu'une bonne majorité de la population turque déplore cette situation ce qui n'empêchera pas les pulsions criminelles sans limites d'une minorité.



La BD va se concentrer sur une famille comme une autre ce qui permettra au lecteur de ne pas se disperser. On va pas nous abreuver de dates et de nom ou de faits et la narration restera simple et efficace qui permettra une lecture assez fluide. Cela reste toutefois un sujet à la fois douloureux et monstrueux.



Un mot sur le dessin réalisé par le coréen Kyungeun Park pour dire qu'il est assez réussi. J'ai vraiment apprécié la mise en couleur ainsi que les personnages. On observera une précision et une sensibilité des visages ainsi que des émotions qui sont palpables.



Au final, c'est un récit très dur et bouleversant qui nous en apprend plus sur une période noire et parfois oubliée de l’Histoire. Je le conseille non pas au nom d'un devoir de mémoire mais pour ne pas sombrer dans le négationnisme. Et puis, il y a toujours l'histoire qui se répète inlassablement au cours du temps. La connaissance peut permettre de faire évoluer les mentalités. Oui, c'est une lecture indispensable pour comprendre le drame des arméniens.
Commenter  J’apprécie          659
Monsieur Coucou

D'origine libanaise et marié à Prune, Allan vit depuis plusieurs années à Paris. Malheureusement, depuis quelque temps, il veille sur Thésée, sa belle-mère, atteinte d'un cancer en phase terminale. Très attentionné et dévoué avec elle, il essaie de la soulager au mieux, tente de lui remonter le moral, lui prodigue des massages apaisants, lui prépare des petits plats. Sa vie est aujourd'hui à Paris, dans cette famille qu'il s'est reconstitué, fuyant ses origines et son pays, allant jusqu'à refuser autant que faire se peut les appels de sa sœur restée au Liban. Une situation qui créé quelques tensions entre Prune et lui d'autant que l'ambiance devient de plus en plus tendue au vu de l'état de santé de Thésée qui s'aggrave. Un soir, elle lui parle de Hussein, un marabout qui fait des miracles au Liban. Elle lui demande alors d'aller le voir...



Peut-on réellement faire table rase de son passé ? Peut-on oublier d'où l'on vient ? Renier ses origines, son pays, sa culture, ses traditions et jusqu'à sa propre identité ? Autant de questions que soulève cet album en retraçant le parcours d'Allan. Fort bien intégré dans son pays d'adoption et sa belle-famille, rejetant catégoriquement tout ce qui attrait au Liban, Abel, qui se fait appeler dorénavant Allan, devra pourtant y retourner pour exaucer sûrement l'un des derniers vœux de sa belle-mère. Au cours de ce périple, l'on apprend peu à peu les raisons qui l'ont poussé à fuir. Lui-même d'origine libanaise, l'auteur, Joseph Safieddine dépeint, avec force et sensibilité, le traumatisme d'un exil et le portrait d'un homme tourmenté, déchiré entre deux patries. Graphiquement, Kyung Eun Park, de par son trait tout en finesse, nous offre de magnifiques et dépaysants paysages libanais d'autant que la palette de couleurs oscillant entre le vert/ocre pour le jour et le rose/violine pour la nuit nous plonge dans des ambiances particulières.

Une chronique sociale touchante...
Commenter  J’apprécie          590
Yallah Bye

Juillet 2006. La famille El Chatawi se rend à l'aéroport Charles de Gaulle. Direction, le pays natal de Mustapha, le papa: le Liban. Seul Gabriel, l'aîné, reste. Il les rejoindra dans 2 semaines. Il compte bien profiter un peu de l'absence de ses parents pour inviter ses amis à la maison...

À Tyr, au sud du pays, Mustapha, Anna et les deux enfants, Denis et Mélodie, sont accueillis par Farès, un ami de la famille. Denis va aussitôt faire un tour aux souks et retrouve là-bas son ami, Ali. Ils espèrent tous que le pays ne va pas fermer les frontières étant donné qu'un accrochage a eu lieu le matin-même avec les Israëliens. Mustapha n'est pas inquiet du tout à l'opposé d'Anna que le papa de Mustapha tentera d'apaiser. Mais, le soir, une fois installés dans leur appartement, des explosions retentissent au loin. Israël continue de bombarder le pays. Elle s'inquiète aussitôt pour Denis, resté avec quelques amis, et préconise de se rendre à Beyrouth, là où ils pourront repartir sans problème pour la France. Encore une fois, Mustapha tente de la rassurer, lui certifiant que cela ne va pas durer et qu'il a l'habitude. Malheureusement, les heures et les jours qui suivent vont lui donner tort...



Joseph Safieddine raconte l'histoire de la famille El Chatawi. En juillet 2006, alors que la guerre israëlo-libanaise commençait, cette famille décide de se rendre au Liban, pays d'origine de Mustapha. Dès lors, ce qui devait être un voyage dépaysant au soleil virera au cauchemar. Dès leur arrivée, les bombardements retentissent au loin. Suivront les coupures d'électricité et d'eau, la pénurie de nourriture, l'évacuation du personnel de l'ONU et les attaques qui s'intensifient. Dans ce récit autobiographique, l'auteur nous plonge au cœur de ce conflit vu par des civils, apeurés, angoissés mais aussi solidaires. L'on comprend le comportement de Mustapha qui ne veut pas laisser les siens et fuir un pays en guerre. L'on comprend un peu moins le fait qu'il mette en danger la vie de sa famille. L'auteur alterne habilement le récit en se penchant sur ce qui se passe au Liban et ce qui se passe en France, information qui sera d'ailleurs bien vite reléguée au faits divers, sans jamais juger la légitimité du conflit. Le dessin de Kyung-Eun Park sert à merveille cet album dense: un trait semi-réaliste très expressif et des couleurs ensoleillées.

À la fin de l'album, des explications, des photos et les témoignages de Joseph Safieddine et de Kyung-Eun Park qui sont les bienvenus.
Commenter  J’apprécie          410
Yallah Bye

Juillet 2006: les vacances d'une famille franco libanaise se terminent sous les bombes.



Partie pour quelques jours de détente, comme chaque année, elle se retrouve piégée au Sud Liban en plein conflit israelo-Hezbollah et vit sous tension extrême, reliée épisodiquement au fils ainé resté en métropole, qui se fait un sang d'encre avec des nouvelles directes délivrées au compte-gouttes.



Une gros roman graphique pour une guerre au plus prêt du réel, dans le quotidien bouleversé et dramatique des civils, sous coupures d'eau et d'électricité, changeant de quartiers au gré des tirs de position, dormant pendant les trêves des armes, faisant face avec courage et persévérance aux mauvaises nouvelles, au ravitaillement difficile, au stress et à la peur.

L'évacuation des ressortissants français, tant attendue, arrivera après des jours d'angoisse, laissant sur place les habitants autochtones dans l'horreur du conflit.



Une guerre parmi d'autres que subit le Liban depuis si longtemps, induisant un fatalisme parfois humoristique chez les habitants, mis en perspective par le ressenti d'une famille de métropole dans un contexte qui lui parait ubuesque.



Le dessin est hyper réaliste, les situations sentent le vécu, on est immergé par procuration avec des dialogues qui sonnent juste. Un beau travail de narration, de graphisme et de mise en couleurs.

Commenter  J’apprécie          270
Monsieur Coucou

C’est avec émotion, il y a quelques jours, que j’ai tourné la dernière page de ce livre. Impossible pour moi de garder le silence et de ne pas vous délivrer mon ressenti tant il y a longtemps que je n’avais été aussi touchée par un roman graphique.



Depuis la semaine dernière, je me demande comment vous parler avec justesse de ce livre, de sa profondeur, de sa générosité. Je tourne, je vire, je jongle avec les mots mais ils ne reflètent pas mon ressenti, alors si je vous en parlais avec simplicité ?



On ne peut pas dire que le titre soit accrocheur et pourtant quand on comprend sa signification tout prend son sens et cette histoire devient philosophie et évidence.



Pourquoi Coucou ? C’est la première question que je me suis posée !



Coucou : Gros oiseau passereau […]. La femelle pond chacun de ses œufs dans un nid de passereaux d’une autre espèce […] ; les parents adoptifs couvent, puis nourrissent le jeune coucou, qui jette les œufs de l’espèce-hôte par dessus bord. [Le Larousse]



Toute la clef de l’histoire est dans cette définition.



Il y a bien longtemps Abel a quitté sa famille et son pays, le Liban. En s’exilant à Paris, il enfouit son identité au plus profond de son être et renferme ainsi un passé qu’il veut à tout prix oublier. D’ailleurs, il ne s’appelle plus Abel mais Allan. Mais les choses ne se passent pas toujours comme on le souhaite. Un jour ou l’autre les secrets de famille resurgissent et vous accablent avec violence. Parfois le temps est assassin. Le moment est peut-être venu d’affronter ses souvenirs, ses origines, sa mère… son histoire !



Moi-même fille d’exilé, je ne pouvais qu’être touchée par cet homme à la lisière de deux pays. Il affronte tant bien que mal sa culture et son histoire. Au fil des pages, on l’accompagne dans sa quête, on l’accuse, on le blâme puis on le comprend et enfin, on finit par l’aimer.



Joseph Safieddine, jeune auteur libanais, a fouillé dans sa mémoire et a posé ses maux sur cette histoire, peut-être son histoire, avec pudeur, élégance et beaucoup de sensibilité. Pour parachever ce coup de cœur, le texte est transcendé par les couleurs chaudes et le très beau crayonné des dessins. Kyungeun Park retranscrit à merveille les expressions sur les visages, les émotions dans les regards et le silence devient langage. On ressent la brise dans les cheveux d’Abel et la moiteur sur sa peau brûlée. Les paysages sont d’une telle splendeur que les parfums de coriandre, de cumin et de cannelle viennent caresser vos sens.



Entre plume et pinceau, ce livre éveille en nous une furieuse envie d’évasion vers soi et vers l’orient…



Monsieur Coucou où quand l’oiseau tombe de son nid…


Lien : http://marque-pages-buvard-p..
Commenter  J’apprécie          190
Yallah Bye

Yallah Bye est une bande dessinée-témoignage qui, si l'histoire se déroule pendant le conflit israélo-libanais de 2006, met beaucoup plus l'accent sur les relations humaines que sur le conflit politico-religieux. Et heureusement car il n'est pas toujours facile de comprendre les motivations et les conséquences des guerres au Moyen-Orient (en ce qui me concerne en tous cas).



Le récit se concentre sur la famille El Chatawi, venue en vacances au Liban (le père étant d'origine libanaise) et qui se trouve prise dans une guerre entre Israël et le Hezbollah. Parviendront-ils à retourner en France sains et saufs?



Sur le bandeau du livre est écrit "Juillet 2006. Les bombes déchirent le Liban et soudent une famille". Pour moi, il s'agit là d'un mensonge, ou bien j'ai tout compris à côté de la plaque...

La famille est bien loin d'être soudée et c'est d'ailleurs le point négatif du récit. Difficile de s'attacher aux personnages masculins : ils sont complètement amorphes! Denis, le fils hémophile, vit sur sa planète et joue aux jeux vidéos comme si de rien n'était. A aucun moment il n'a l'air de s'inquiéter, ce qui est vraiment inquiétant! Les amis libanais de la famille ne s'inquiètent pas beaucoup plus, ou du moins tentent de cacher leur peur. Mais le pire de tous est sans conteste le père, Mustapha, qui passe son temps à dire que tout va bien et à fustiger sa femme à cause de l'inquiétude, ma foi légitime, qu'elle ressent.



Les points positifs, car il y en a bien-sûr, sont les descriptions d'un quotidien que l'on a du mal à imaginer, nous les Occidentaux. Tout me paraît réaliste, surtout lorsque l'on sait que le scénariste est franco-libanais et que l'histoire qu'il raconte puise directement dans les mésaventures familiales. Le manque d'eau et de nourriture, les bombes qui tombent au hasard et tuent les amis et la famille, les coupures de courant, la chaleur, les conflits, les communautés religieuses, la peur, la solidarité aussi... Bref, un quotidien difficile.



On ressent une grande sympathie pour le fils Gabriel, resté en France, qui a peu d'informations sur ce qui se passe au Liban. On angoisse à ses côtés, à l'affût de la moindre information sur un retour hypothétique de la famille. Ce que l'on vit à ses côtés est aussi fort que ce que l'on vit au Liban, sa souffrance étant bien décrite et dépeinte.



La part belle est faite aux sentiments qui habitent les exilés : l'impression d'abandonner les siens, de fuir un pays aimé. La douleur de laisser ceux que l'on aime dans le chaos et de se sentir impuissant. Si je comprends bien la douleur et le dilemme que peut ressentir le père, j'ai tout de même eu du mal à comprendre qu'il mette sa femme et ses enfants au second plan. Les flash-back qui donnent à voir la première fuite de Mustapha adolescent, n'apportent pas grand'chose de plus à la narration.



Enfin, le dessin, expressif, et la mise en couleurs sont de sérieux atouts. De même que les explications finales sur le conflit de 2006, les photos et les témoignages de Joseph Safieddine (qui a vécu les mêmes événements que la famille El Chatawi) et de Kyungeun Park (qui a fait le déplacement jusqu'au Liban afin d'être le plus réaliste possible).



Un album fort donc, soutenu par Amnesty International pour sa dimension humaine. Et c'est sans aucun doute ce qui restera à la fin, ce sentiment d'impuissance et d'incompréhension face aux conflits du Moyen-Orient, conflits qui tuent tant de personnes innocentes au nom de la religion.



*Challenge Variétés 2015 : "un roman graphique (ou bande dessinée)"*
Commenter  J’apprécie          110
Monsieur Coucou

Monsieur Coucou est un titre qui sonne très mal pour cette œuvre. Personnellement, je ne l’aurais pas choisi car cela n’apporte rien d’autre que de la confusion et de l’étonnement. Le sujet est pourtant grave car il s’agit d’une belle-mère victime d’un cancer qui s’éteint petit à petit. C’est le gendre, issu de l’immigration arabe, qui s’occupe d’elle avec dévouement comme si c’était sa propre mère.



Jusque-là, tout va bien sauf qu’il a lui-même des relations plus qu’exécrable avec sa famille qu’il a totalement rejeté. Pour autant, il empêche son jeune frère et sa jeune soeur restés au Liban de développer une affaire commerciale à cause d’une histoire de signature devant notaire sur la vente de terrain. Il bloque la signature alors que sa vie est totalement en France puis plus d’une vingtaine d’années. J’avoue avoir mal compris ces motivations profondes qui n’ont de sens que de faire obstacle à la sacro-sainte liberté d’entreprendre.



Pour autant c’est également une critique de notre façon de penser et de se comporter en famille face à la maladie. Il est vrai que notre protagoniste principal Allan possède de réelles qualités humaines qui font défaut à pas mal de monde notamment de son entourage proche. Il devra également balayer devant sa porte avec un voyage sur le retour aux sources. Le Liban en prendra pour son grade bien que le pays ne soit jamais mentionné comme pour ne pas froisser certaines susceptibilités. Rien ne sera épargné. En cela, c’est une oeuvre plutôt sincère. J’ai bien aimé ce témoignage d’un exilé.
Commenter  J’apprécie          80
Une histoire du génocide des Arméniens

Cette BD documentaire est très bien faite, alternant des dossiers synthétiques et l'histoire d’une famille ordinaire arménienne prise dans les tourments de l’histoire. J’avais entendu parler du génocide, mais je n’imaginais pas du tout le côté systématique, total, ainsi que l’orchestration complète par l’état turc qui voulait une purification ethnique : 50% de la population arménienne et 90% des terres ancestrales ont disparu entre 1915 et 1922. A ce niveau-là, les dossiers documentaires sont très bien faits pour recréer en quelques paragraphes la complexité de la politique ottomane puis turque de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle.



J’ai appris aussi que le génocide n’était pas un fait isolé mais avait suivi des premiers massacres en 1895, et avait visé d’autres minorités, toutes de confession religieuse dfférente, comme les grecs orthodoxes, les chaldéens et les yézidis. Le dernier dossier documentaire se concentre sur le long chemin de la reconnaissance du génocide, celui-ci étant encore nié en Turquie et en Azerbaïdjan. Que plus de 100 ans après les faits, l’état turc ne soit pas capable de reconnaître ses erreurs fait froid dans le dos.



L’histoire racontée essaye de nuancer les propos en montrant la bonne entente avant le génocide, ainsi que la réaction de la population et “les justes” ottomans, qui se sont élevés chacun à leur manière contre ce qui se tramait. J’ai été en particulier surprise du nombre de gouverneurs qui se sont opposés à ces décisions et ont de fait été destitués. La BD raconte aussi les problématiques de la diaspora en suivant Mikaël qui tente de retrouver sa sœur à travers toute la méditerranée.



En définitive, une très bonne BD documentaire qui rend accessible cet épisode trouble et méconnu de l’histoire contemporaine et donne des pistes pour prolonger la lecture, comme la très belle chanson d’Aznavour “ils sont tombés”.

Commenter  J’apprécie          70
Une histoire du génocide des Arméniens

Une histoire du génocide des Arméniens, Kyung Eun-Park , Gorune Aprikian et Jean-Blaise Djian, Éditions petit à petit



Cette bande dessinée est une véritable pépite d'informations. Mêlant le documentaire et l'historique, une histoire du génocide des Arméniens alterne entre l'histoire d'une famille arménienne dans un village et des pages documentaires sur l'histoire de ce petit pays et de ses habitants.

En fermant cet album, je me suis rendu compte que je ne connaissais rien à cette histoire qui est pourtant terrible et meurtrière. J'ai été choquée de savoir que ce génocide n'est reconnu que depuis très récemment dans de nombreux pays et qu'il existe encore des conflits entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie.



Gorune Aprikian et Jean-Blaise Djian au scénario et Kyung Eun-Park au dessin ont réussi à m'embarquer dès les premières pages de leur récit. Je n'ai pas pu lâcher mon livre avant de l'avoir terminé. Vous allez me dire que cette bande dessinée ne contient pas beaucoup de pages mais il faut savoir que je n'aime pas les bandes dessinées entrecoupées de pages documentaires. Mais, ici, cela ne m'a aucunement gêné. J'ai presque regretté que cela se termine si vite. Le petit plus : les conseils lecture et cinéma.



Si vous ne connaissez pas ce pan de l'histoire ou si vous souhaitez le re-découvrir , je ne saurai que vous conseiller de foncer lire cette magnifique bande dessinée.
Commenter  J’apprécie          62
Le Roi Banal

Voilà une bande dessinée qui ne paie pas de mine. Un vieux monsieur vit seul depuis le départ de sa fille dans sa maison hantée par les souvenirs de sa femme, morte depuis bien longtemps. A ses yeux, personne ne trouve grâce, ni sa fille et son gendre qui manque d’ambitions, ni ses petits-fils qui ne pensent qu’à jouer au football. Peu à peu, il glisse dans son propre monde qu’il souhaiterait appliquer à la réalité. Dans ce monde, il est roi du royaume de Georgetta (en souvenir de sa femme), un royaume dont les frontières sont les limites de son terrain. Il cherche à faire reconnaître son territoire par ONU… Malheureusement ses demandes restent sans réponse… Jusqu’à ce que son gendre, postier, tombe sur une de ses missives …



Nous entrons dans ce monde en faisant la connaissance de Louis et de son chien, puis au fil du récit nous suivons alternativement Louis et son gendre, pour mieux voir leurs histoires s’entremêler.



Cette bande dessinée m’a charmée, elle est vraiment attendrissante. Ici il n’y a pas de héros, seulement des personnes, à peine plus fantaisistes que monsieur tout-le-monde, qui cherchent à être heureuses dans un monde qui ne fait pas de cadeau. Les thèmes évoqués sont nombreux, on y parle de solitude, d’incompréhension, d’imagination mais aussi de transmission de génération en génération.



Tout le processus qui amènera Louis à se réconcilier avec sa famille est ampli de fantaisie. L’imaginaire apparait, ici, comme une clé pour améliorer le quotidien et rapprocher les gens. Le roi banal est une pépite de douceur qui sans tomber dans trop de bons sentiments (on est loin de la guimauve), vous apportera une bonne dose de légèreté en ces temps trop gris !
Lien : http://calokilit.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          60
Poèmes érotiques en bandes dessinées, tome 1

Voici une très belle édition qui rassemble des poèmes érotiques d'écrivains célèbres comme Maupassant, Verlaine, Rimbaud...



D'abord nous avons le poème puis ensuite il est adapté en BD.



Toutes les adaptations sont différentes puisque réalisées par des illustrateurs de divers horizons, ce qui rend l'album très intéressant, enrichissant et hétéroclite.

Ce format est très agréable à lire.



Attention, toutefois il est destiné à un public averti.

Les dessins sont très explicites et clairement à caractère érotique.

Somme toute, ça reste poétique et ne tombe pas dans le hard.

Les illustrations collent parfaitement aux poèmes.



Un très bel objet livre à ressortir de temps en temps pour se délecter de jolies proses et beaux dessins.

A offrir ou se faire offrir.
Commenter  J’apprécie          50
Yallah Bye

J'ai été plutôt convaincu par ce récit tiré de l'histoire vraie d'une famille franco-libanaise sur fond d'histoire à savoir le bombardement du Liban par l'armée israélienne. On vit ces bombardements du point de vue du peuple libanais qui subit véritablement. Bravo pour leur courage et leur générosité !



En ce moment, je lis beaucoup d'oeuvres sur ce qui se passe au Moyen-Orient et cela tranche singulièrement avec la vision qu'on pouvait en avoir il y a encore 15 ans. Bien sûr, les médias français traitent cela avec légèreté comme cet épisode avec le journal de Claire Chazal qui minimise la portée de cette agression sans nom et qui enchaîne allègrement avec le coup de tête de Zidane lors de la coupe du monde. On se rend compte que les priorités ne sont pas les mêmes. Pour en revenir à mon idée de départ, ces oeuvres ont pour point commun de dénoncer les exactions israéliennes. Rien n'est proportionné dans leurs ripostes et on le voit encore avec l'exemple libanais. Le pire étant ces tracts balancés qui indiquent qu'ils ne bombarderont pas la population et qui le font quand même au nom de la protection de leur population. J'en suis ressorti dégoûté. Et dire que les auteurs ont pris soin de ne pas diaboliser ou angeliser !



Dans cette famille, le père serait à claquer car il est gagné par la haine de se battre au détriment de la protection de sa famille. Le combat est de toute façon perdu d'avance. La mère ne fait que geindre. Certes, il y a de quoi mais quand même. Il est vrai que l'angoisse nous prend au fil des pages avec ces bombardements aveugles qui se rapprochent. A vrai dire, j'avais totalement zappé cet épisode de l'été 2006. Cette bd fait bien de témoigner ce qui s'est passé et qui demeure inacceptable.



Une bd à lire sur un sujet grave que celui de l'horreur de la guerre. Une belle partition graphique couronne le tout.
Commenter  J’apprécie          50
Monsieur Coucou

Je suis passé à côté...



Je suis persuadée que ce livre a beaucoup à offrir, mais hélas, je suis complètement passé à côté.



A commencé par les graphismes qui m'ont laissé de marbre, notamment à cause du jeu des couleurs très jaune.



Ensuite les personnages ne m'ont pas convaincus. Je n'ai pas suivie le voyage de Alan, je n'ai pas trouvé de conclusion à son histoire et si les enjeux sont bien réelles, ils ne sont pas assez développé à mon gout.



D'ailleurs l'intrigue en elle même m'a laissé de marbre. Les clash familiales, les secrets, la multi-culture, tout cela ne m'a pas parlé. Pourtant j'ai bien accroché avec l'axe de la maladie, mais ce n'était pas assez développé à mon sens.



En bref, un livre qui ne m'a pas convaincue. Dommage.



Bonne lecture à tous.
Commenter  J’apprécie          50
Yallah Bye

2006. Une famille libano-française revient au pays pour les vacances. Un fils resté en France les rejoindra plus tard. On parle de foot. Zidane a filé le coup de boule légendaire à (ce pauvre type de) Materazzi.



Puis tout dérape. Israël bombarde le sud Liban, la région de Tyr, les montagnes, prétextant des repaires du Hezbollah.



Le lecteur va suivre le lent cheminement de la famille, passant de la famille aux amis, pour finir dans le paquebot affrété par l'ONU.



En contrepoint, le récit montre le père de famille, 25 ans auparavant, engageant l'inconscience et la fouge de sa jeunesse dans la lutte contre Israël... et son exil en France (forcé par son père). Ce va-et-vient incessant entre passé et présent jette un éclairage intéressant sur un conflit dont on ne semble plus voir ni le début ni la fin.



Je n'ai pas attendu ce livre pour savoir que la guerre n'a pas d'âme, ni de sens. Qu'elle détruit les gens autant qu'elle alimente la haine qui permet au conflit de perdurer.



Le scénariste tire son récit du vécu de sa famille, prise dans les bombardements. Mais, il n'y a pas de prise de position. Pas de morale. Pas de grands discours sur "la faute à qui". Pas de blanc/noir dichotomique, que du gris sous le soleil du Liban. Un pays déchiré depuis sa création. Un pays qui n'attend qu'une allumette pour s'embraser de nouveau, avec la Russie et les USA qui ne cherchent (de nouveau) qu'un prétexte pour se livrer à la guerre par procuration.
Commenter  J’apprécie          50
Yallah Bye

Un BD qui nous plonge, l'espace d'un voyage qui vire au cauchemar, dans l'enfer quasi "habituel" des habitants du Liban Sud, sous couvert de conflit entre communautés religieuses mais surtout sous le règne du Hezbollah et du courroux d'Israël.



Une famille "mixte (mère française et père français d'origine libanaise) se rend, comme à son habitude, dans leur famille au Liban mais les vacances tournent vite au vinaigre alors qu'Israël se met à bombarder la région.

La famille se retrouve dans la situation que connaissent bien les habitants. Le père est dans le déni, il ne supporte pas d'être assimilé aux "Frenchies", il est libanais avant tout, il n'a pas abandonné son pays, il a été envoyé en France contre son gré....il se bat contre ses propres démons alors que sa femme panique et fait tout pour sortir de là. Viennent ensuite le sentiment d'injustice et de culpabilité: pourquoi nous, européens, pouvons être évacués, alors que les autres nationalités ne le peuvent pas? Pourquoi nous partons en sécurité alors que notre famille libanaise reste sous les bombes?



Un récit glaçant, qui nous fait sortir de notre zone de confort.
Commenter  J’apprécie          50
Une histoire du génocide des Arméniens

Juillet 1914 – le village de Dendil - Arménie -

Un ado arménien, Mikael, raconte : la tourmente qui l’a frappé, lui et sa famille ; le maire turc qui l’a protégé de la mort ; sa longue quête pour retrouver sa sœur.



Bien sûr, comme tout le monde, je connais le génocide arménien. Mais j’avoue que les contours historiques étaient plutôt flous dans ma tête.



Cette BD particulièrement bien documentée et surtout pédagogique, a l’avantage de situer précisément le génocide dans son contexte historique et social, ainsi que de toucher le lecteur dans ses tripes, par les souffrances et barbaries commises sur le peuple arménien.



L’histoire de Mikael, le jeune arménien, alterne avec des documents et des explications. Y compris les conseils de films, de lecture.

Par exemple pour les amateurs de BD : le décalogue – Tome 5 - Le Vengeur - Franck Giroud – Bruno Rocco



Pas uniquement historique, c’est aussi une une vision sociologique et politique du génocide où les auteurs précisent bien l’amitié et la solidarité entre les arméniens et les turcs avant la tuerie.

« La situation particulière d’un génocide tient en ce que tuer son voisin devient légal et même encouragé par les autorités. Même si une majorité de la population déplore cette situation, les pulsions criminelles d’une minorité n’ont plus de frein, plus de tabou. La liste des atrocités commises lors du génocide des arméniens dépasse l’entendement. »



Une BD à lire et à faire lire par tous, ados et adultes.



BD lue dans le cadre du prix BIB, organisée par nos bibliothécaires de l’agglo de Bressuire

Merci aux auteurs pour la qualité du scénario, du dessin, des documents.

Merci aux éditions Petit à Petit de publier ce type de documents



Chronique complète et bien documentée sur France-Info :

https://www.francetvinfo.fr/monde/armenie/genocide-armenien/une-histoire-du-genocide-des-armeniens-un-docu-bd-didactique-sur-une-famille-dans-la-tourmente-de-1915_5609981.html


Lien : https://commelaplume.blogspo..
Commenter  J’apprécie          40
Le Roi Banal

Quand j'ai commencé à lire cette bd, je me suis dit que les lieux m'étaient assez familiers car cela ressemblait à ma bonne vieille ville de Strasbourg. Le lieu n'est jamais évoqué dans la bd mais vers la fin, il y a une carte de France avec la localisation exacte d'un départ qui correspond bien à ce que j'avais pressenti. Bon, il faut dire qu'il n'y a pas beaucoup de lieu au monde où il manque une tour à la cathédrale !



Outre ce côté réaliste du décors, nous avons droit à 3 personnages assez bien fouillés. La psychologie sera de mise tout au long de la lecture. Il y a un côté humour assez décalé que j'ai apprécié notamment dans la représentation qui est faite des choses. En effet, un vieil homme imagine que sa maison et son jardin forment un royaume indépendant pour pallier l'absence de sa défunte épouse. Il souhaite la reconnaissance de cet état par l'ONU. Il a une vision très chevaleresque des choses. Pour autant, l'action ne se concentrera pas uniquement sur ses délires mais également sur son gendre qui passait pourtant totalement inaperçu dans les premières pages.



Au final, c'est un bon titre empreint de beaucoup d'humanisme et de douceur entre rêve et réalité. J'ai du mal à croire que cela vienne d'Ozanam que j'avais pu découvrir dans le titre de science-fiction Eclipse (Vents d'ouest). On est à mille lieux d'un tel univers ! C'est généreux à souhait dans les sentiments évoqués. Un titre à découvrir !
Commenter  J’apprécie          40
Yallah Bye

Cette bande-dessinée d'inspiration autobiographique relate le conflit israélo-libanais de 2006 vu par une famille française en vacances à Tyr, au sud du Liban.



Mustapha, le père d'origine libanaise, a dû fuire son pays adolescent, contraint par son père. Il revient au pays avec femme et enfants pour les vacances.

Anna, la mère, semble être de nature anxieuse, elle donne des consignes ultra-précises et des recommandations incessantes au fils aîné resté en France. Les bombardements vont décupler cette tendance !

Gabriel le fils aîné est resté en France pour passer un casting, et devait rejoindre sa famille peu après. Après le déclenchement des hostilités il vit très mal le fait d'avoir si peu de nouvelles de sa famille, et l'apparente immobilité des autorités pour les secourir. Il en devient presque fou.

Denis, le second fils, semble fuir la réalité dans ses jeux vidéos. Il est pourtant le centre des inquiétudes : hémophile, il ne doit pas se blesser sous peine de risquer de gros problèmes.

La petite dernière répond au doux prénom de Mélodie, c'est une enfant charmante qui se retrouve prise dans un cauchemar, et que sa mère tente tant bien que mal de préserver.



On vit les bombardements comme si on y était : la crainte de mourir, la terreur de ne pas savoir où ça va tomber, mais également les désagréments du quotidien, comme les coupures d'eau, d'électricité, l'impossibilité de dormir qui met sur les nerfs.

Si cette famille française cherche le moyen d'être rapatriée, qu'en est-il des habitants de Tyr ? De tous ces libanais pris au piège dans leur propre ville ? Dans leur propre maison ?

Sans juger ni prendre parti, cette bd attire l'attention surtout cela.

Les explications de fin de livre ainsi que le soutien d'Amnesty international en font un ouvrage de référence, humain et pédagogique.
Commenter  J’apprécie          40
Une histoire du génocide des Arméniens

Ce roman graphique accompagné de pages d’histoire très documentées, parcourt le monde des Arméniens depuis le 1er S. av-JC jusqu’en 2020, lors du second conflit armé du Karabagh. C’est une mine d’informations pour narrer la vie de ce peuple qui a toujours voulu garder indépendance et dignité, alors qu’ils étaient déjà persécutés depuis longtemps. Thème principal : le génocide qui commence en 1915 par une déportation en masse vers les montagnes. Et la culture du mensonge va occulter la vérité sur ces massacres de masse. Le cynisme des militaires ottomans domine largement les méthodes des Nazis qui vont sévir vingt ans plus tard.

Les planches de la BD racontent plusieurs scènes poignantes avec par moment des touches d’humanité. Le maire d’un village prend en charge Mikael, chrétien, un ami de son fils Ali, musulman, en le déguisant en fille voilée. (La révolte du garçon voilé, est-ce un clin d’œil à toutes les femmes qui subissent ce carcan toute leur vie) ? Les deux enfants vivent des moments dramatiques et brutaux. Leur amitié sera le fil conducteur qui maintient une lueur d’espoir, même si la violence suinte à chaque page, avec les yeux noirs de personnages souvent très expressifs. En s’inspirant de photos d’époque, les deux auteurs, Djian et Aprikian, ont rassemblé les faits historiques les plus marquants. La photo partage avec la BD une dimension narrative très réussie.

Commenter  J’apprécie          30
Une histoire du génocide des Arméniens

Novembre 2022, Masse critique jeunesse. A priori, ce n’est pas trop mon créneau. Je jette quand même un coup d’œil rapide. Un titre m’arrête, un seul. Ayant eu la chance – si on peut dire ça – de visiter le musée du génocide à Erevan, une longue descente aux enfers au son lugubre du doudouk, un incontournable pour qui visite l’Arménie, un must dans le vrai sens du terme, c’était impossible que je passe à côté. Je tente ma chance sans trop y croire… et apprend que je vais bel et bien recevoir un exemplaire de cette BD. Merci Petit-à-Petit, merci Babelio !

Je réalise alors qu’il s’agit d’une docu-BD et que j’ai déjà un titre de la collection, celui dédié à Gengis Khan, acquis pour un euro symbolique (enfin, deux, pour être exact) aux 48h de la BD de 2021. Eh oui ! j’ai aussi visité la Mongolie. La BD en elle-même ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable, mais elle était entrecoupée de fort intéressantes pages explicatives sur l’histoire et le mode de vie des Mongols. On est là pour apprendre, pas pour s’amuser, même si on le fait par petites touches aisément assimilables. Pour ce qui est de l’aspect éducatif, c’est une belle réussite. Mon colis enfin réceptionné, je constate que c’est le même principe avec l’Arménie. Le livre est toutefois nettement plus épais : 36 pages explicatives intercalées - par lots de 4 - dans 90 pages de BD aux dessins soignés, à l’exception de quelques cases ou personnages qui semblent moins travaillés. La BD se lit plus agréablement car on y suit une petite famille sur 10 ans plutôt que les hauts faits d’une dynastie sur plusieurs décennies.

Je pensais qu’afin que l’expérience ne soit par trop insoutenable pour les jeunes lecteurs, le propos serait fort édulcoré par rapport à ce qu’on découvre à Erevan. En fait, tout y est, mais à dose homéopathique, ce qui est moins traumatisant. Le livre devrait toutefois ébranler ceux qui ne savaient rien du sujet avant d’entamer leur lecture. C’est d’ailleurs bien le but, non ? Notons que si l’auteur raconte le calvaire des Arméniens, il n’oublie pas de mentionner que les Turcs n’étaient pas tous des tortionnaires.

A vrai dire, si la collection cible le jeune public, au moins autant qu’aux ados, elle me semble convenir aux adultes curieux de tout et qui ne peuvent consacrer un temps important à chaque sujet. Pour ceux qui veulent aller plus loin, plusieurs ouvrages sont présentés sur Babelio, dont « Le génocide des Arméniens » de Raymond Kévorkian, sur la page duquel un lien permet d’écouter la lecture du journal écrit par une jeune arménienne qui réussit à échapper à la mort (https://www.babelio.com/auteur/Raymond-Kevorkian/277293/videos).



Je termine par une petite disgression féministe : dans la BD, le jeune garçon obligé de se déguiser en femme pour survivre trouve son enfermement à la maison ou sous le voile insupportable… mais ne pense pas un instant à plaindre celles qui le subissent toute leur vie !

Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Kyung-Eun Park (241)Voir plus

Quiz Voir plus

Marius, Fanny, César

s'agit-il d'un(e):

roman
pièce de théatre
poésie
essais

20 questions
72 lecteurs ont répondu
Thème : Marcel PagnolCréer un quiz sur cet auteur

{* *}