L. Azarii

Sire Thomas Dutourd, qui de mieux qu un Français en territoire ennemi pour défendre une hérétique en terre fanatique ?

« Tu ne dois plus lui faire confiance. Elle fricote avec les esclaves d'Elkton et partage avec eux des rituels au clair de lune. »
Mary était catégorique. Rien ne nous assurait que Melody était aussi bonne chrétienne qu'elle le prétendait. Encore moins depuis qu’on la savait partageant des coupes d'alcools et festoyant avec nos esclaves. Et ce, alors qu'elle était toujours sans fiancé. Bien sûr, je ne voulais voir en ces paroles que des rumeurs et des inquiétudes liées à la différence, l'étrangeté du Nouveau Monde et la difficulté pour nous de nous y adapter. Puis Mary me rappela que mon mari allait tout droit à la faillite alors que les Walker n’étaient que plus prospères au fil des jours ; que nos frères fermiers criaient vache maigre alors que les Amis avaient toujours de la viande à table.
Avec le recul, et le temps, les propos de Mary me hantèrent. Après tout, n’avais-je pas souffert par deux fois à cause des manigances de Melody ?

« Sautons les présentations, voulez-vous. Si nous sommes ici, c'est que nous savons chacun comment se nomme l'autre. »
Je n'avais eu le temps que de prendre place autour de cette table avant que Melody n'ouvre le bal d'une voix impétueuse. Ses conditions de vie pénitentiaires semblaient ne pas avoir entamé sa confiance.
« Je suis rassuré de vous trouver de si bonne composition. Je crains que le temps ne joue contre nous donc je suivrai votre conseil et commencerai par l'essentiel : êtes-vous bien traitée ? »
Melody prit un air de jeune fille effrontée avant de me répondre :
« Je n'ai à me plaindre de rien. Cela faisait longtemps que je souhaitais m'essayer au Cynisme.
— Votre humour vous honore. Je préfère reformuler ma question : recevez-vous les traitements dus à votre rang ?
— Je n'ai aucun rang, messire, se moqua-t-elle.
— Vous n'êtes pourtant pas une moins-que-rien, et certainement pas une criminelle.
— Comment expliquez-vous cette cage en ce cas ?
— Une manipulation des Puritains pour punir une bête récalcitrante.
— Est-ce ainsi que vous me voyez ?
— À regret, c'est ainsi que je les considère.

Le témoin rétorque qu il n y a jamais dans ce monde de raison suffisante pour suivre les recettes de bonnes femmes. Les chevaux sont des créatures de Dieu et c'est à lui de décider quand ses créatures doivent revenir à lui.

“Sa voix pénétrait nos cœurs, plus sûrement que n’importe quelle chanson d’amour. Un vent subtil déforma sa chevelure d’ébène en de fins et longs fils de soie. Les quelques sources de lumière s’y accrochèrent, lui offrant des reflets aux allures d’un millier d’étoiles.
Mais, c’étaient surtout ses yeux qui paraissaient enfermer les astres les plus purs qu’il m’ait été donné de voir. Leur marron rappelant un bout de chocolat délicieux se teintait du bleu de l’océan sur les bords.

Implacable sorcière
À la fourrure doucereuse
J’enflammerai les terres
Pour une danse langoureuse.
Implacable sorcière
À la chevelure soyeuse
J’assècherai les mers
Pour tes lèvres délicieuses.

Infortunée renarde
Dévoreuse d’âme
Ton regard nous poignarde
Un baiser et je rendrai les armes.

Vixen, Tao and the Band

"Je suis entouré et pourtant, je ne ressens qu'une mélancolie froide et insidieuse. Comme si le fait de savoir que tout se terminera un jour m'empêchait de savourer mon bonheur."

"Sur ces rails forgés dans mon sang
Dans ce train formé par mon corps
Mon cœur pleure la sueur de mes pères
Chaque gare crie la mort de mes frères"