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Citation de le_Bison


Enfin, le temps des récoltes fut en vue, mais Li Si commença d'abord par débourser. Des gens en uniforme, plus hargneux les uns que les autres, travaillant qui pour le village, qui pour la commune, qui pour le district, bref, pour toutes sortes d’administrations, vinrent lui réclamer de l’argent. A les écouter, Li Si avait enfreint toutes les règles et devait s'acquitter des amendes correspondantes. Il avait notamment inconsidérément utilisé son engrais, inconsidérément arrosé, inconsidérément consommé d'électricité, inconsidérément occupé de terres, inconsidérément taillé, inconsidérément pêché, inconsidérément cueilli, bref, tout ce qu'il avait fait, il l'avait fait "inconsidérément". Li Si leur remit toutes ses économies, sans que cela suffise à couvrir toutes ses amendes; il confia alors aux autorités son verger et son bassin, et se retrouva en tout et pour tout avec les trois pièces de la maison. Il consola sa femme, qui passait désormais ses journées à se lamenter, en lui disant qu'il n'y avait rien de grave, qu'il s'en retournerait travailler en ville au printemps. Quelques jours à peine s'étaient écoulés qu'une nouvelle amende tomba : quelqu'un avait dénoncé sa femme qui, en étant à nouveau enceinte, contrevenait à la politique du planning familial. Ils devaient trois mille yuans. Li Si s'empressa d'aller faire avorter sa femme; en vendait tout ce qui pouvait se vendre parmi ce qu'il possédait, il parvint à réunir mille yuans, soit le prix de l'opération. Il ne lui était pas venu à l'idée qu'il faudrait quand même payer l'amende avec ou sans avortement. Il eut beau se défendre du mieux qu'il put, rien n'y fit, et il dut se résoudre à abandonner sa maison au village, à renvoyer sa femme chez ses parents et à emprunter cent yuans à sa belle-mère, dont dix-huit lui servirent à acheter un billet de train à destination du chef-lieu.
En sortant de la gare, il se vit infliger une amende de vingt yuans pour avoir voyager sans carte d'identité ni permis d'entrée en ville.
Il passa la journée à chercher au hasard des rues, mais ne trouva aucun travail. Torturé par la faim, il finit par se poser sur la marche d'un square pour soulager ses jambes, ce qui lui valut une nouvelle amende de cinq yuans, au motif qu'il dénaturait le paysage urbain...
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