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Citation de MegGomar


Caroline de Haas, militante de longue date et fondatrice du
mouvement Nous Toutes, avait soumis l’idée, à l’occasion d’une
interview , que pour rendre la ville plus accueillante aux femmes il fallait,
parmi d’autres propositions, élargir les trottoirs. C’était une suggestion très
judicieuse. Beaucoup d’études en géographie du genre le démontrent : les
femmes sont plus chargées que les hommes. Elles assurent plus souvent le
transport des enfants, des courses, elles poussent des poussettes, tirent des
chariots à provision. La ville n’a pas été pensée pour elles. Elle a été conçue
pour les voitures et pour les hommes pressés qui marchent seuls, leur petite
sacoche à la main. La ville leur est hostile et elles le constatent dès
l’enfance. Les femmes ne sont pas les bienvenues dans les rues, à tel point
qu’il ne leur viendrait pas à l’idée de s’y asseoir, de s’y reposer. Elles sont
en perpétuelle fuite. Dans la lignée de la pionnière en géographie du genre
Jacqueline Coutras , qui, dans les années 1980, a pointé du doigt pour la
première fois la ségrégation sexuelle de l’espace urbain, le géographe Guy
Di Méo a nommé, en 2011, « murs invisibles » ces barrières mentales qui
maintiennent certains lieux de la ville hors de l’imaginaire des femmes. La
géographie du genre a démontré que, si les hommes ont tendance à
envisager la ville comme un territoire, les femmes, elles, pensent la rue
comme un lieu de transit, un espace où l’on se déplace d’un point A à un
point B, souvent proches de leur lieu de résidence. Cette observation peut
d’ailleurs se faire de manière totalement empirique. Il suffit de se promener
dans n’importe quelle ville de France pour constater que ceux qui sont
postés à un coin de rue, assis en groupes sur un banc, sont les hommes,
tandis que les femmes sont en déplacement. Il est aussi amusant de
constater que, dans les espaces sportifs publics (skateparks, terrains de
basket), ce rapport s’inverse : tandis que les hommes occupent le centre et
« utilisent » l’installation, les femmes restent assises autour, en spectatrices,
reproduisant une division sexuée de l’espace bien connue des cours de
récré. Ces lieux de loisirs non plus ne sont pas conçus pour elles.
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