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Critiques de Laurence Creton (5)
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Camille Claudel, nos enfants de marbre : Fr..

Lorsque j’ai pris connaissance de l’existence du roman de Laurence Creton, Camille Claudel, nos enfants de marbre, je me suis dit : encore elle…

Je savais l’auteure très fan de l’artiste et je ne doutais aucunement de la qualité de ses écrits, mais je me suis demandé comment elle allait proposer quelque chose d’innovant à propos d’un sujet aussi fréquenté en littérature qu’au cinéma ou au théâtre. Pas moins de deux créations à son sujet étaient à l’affiche du Off d’Avignon en 2019 et plusieurs livres récents, dont cette thèse technique et psychologique de 714 pages à son propos parue aux éditions l’Art Dit !

Comme on le répète souvent, en littérature, tous les sujets ont déjà été abordés, reste à chaque auteur de réinventer un éclairage : c’est ce qu’a réussi à faire Laurence Creton en abordant le cas Claudel avec ce qu’on appelle une fiction épistolaire.

Pour certains, ce genre littéraire peut paraître étrange, difficile d’accès. C’est un peu comme lire du théâtre. Mais, là encore, l’auteure a su donner du rythme à ses lettres, proposer un regard intime sur la vie privée de l’artiste, tout en abordant des sujets intemporels tels que son rapport à l’amour, aux enfants qu’elle a eus ou aurait pu avoir, les sentiments qui la liaient à Rodin et Paul, son frère, bien entendu, mais surtout l’amitié partagée avec Jessie Lipscomb, une jeune Anglaise qui partagea le même atelier et le même professeur, à qui cette correspondance est destinée et à laquelle elle répond dans une première partie. Vient ensuite la correspondance avec son frère Paul.



Elle élargit aussi le sujet en abordant la condition féminine des artistes en France et en Angleterre. Combien de fois, son prénom mixte lui a valu des déceptions lorsque les collectionneurs ou marchands d’art ayant apprécié une de ses statues se sont aperçus qu’elle était l’œuvre… d’une femme ! Pareil pour les commandes ou les expositions annulées sans ménagement.





L’auteur nous entraîne dans la création sculpturale de Camille Claudel, ses difficultés pour sortir de l’emprise de Rodin, autant artistiquement qu’amoureusement. Son combat pour être sa seule maîtresse face aux autres élèves, mais surtout face à sa femme qu’il ne veut pas quitter.

La correspondance avec son frère nous en apprend aussi sur celui qui a souvent été éclipsé des textes. Pourtant, il a mené un combat personnel, un cheminement dans sa quête amoureuse et poétique.



Ce livre nous permet aussi de nous intéresser à ses sculptures, d’aller voir à quoi elles ressemblent en comprenant le cheminement de son travail, ce qu’elle a voulu mettre dedans. Il nous éclaire aussi sur sa relation avec Claude Debussy à qui elle a offert une version de La Valse. Une première version de cette statue avait été refusée, car elle était nue. On ressent dans cette œuvre un concentré de ce qui hantait Camille, la recherche du mouvement, le déséquilibre, la magnificence et l’expression du corps, puis la transparence et le flottement des drapés. On ne peut pas ne pas avoir envie de revoir La petite châtelaine, La Porte de l’enfer, Les Causeuses, Sakountala, l’Implorante, et tant d’autres pièces magnifiques.



Laurence Creton a donné un esprit contemporain à ce texte qui couvre les décennies de création artistique et de passion des Claudel et nous emmène, en nous faisant vivre l’évolution psychologique de Camille jusqu’à la porte de l’asile de Ville-Evrard, puis de Montfavet où elle est restée trente ans.

Un dernier mot sur ce roman épistolaire, son titre que je trouve très beau. Il résonne dans plusieurs directions, celle de ses créations, seule progéniture officielle, et ces enfants qu’elle a ou aurait eus, absents de sa vie, froids et immobiles comme le marbre, et qui sont peut-être une part des raisons de son déséquilibre psychique.

Camille Claudel

Camille Claudel (1864-1943) : à gauche, l'artiste avant 1883, à droite, en 1929, âgée de 65 ans, à l'asile de Montfavet dans le Vaucluse.



Je ne pouvais terminer cette chronique sans citer Noëlle Châtelet qui a fait l’honneur à Laurence Creton de préfacer ce roman, et dont je me permets de citer un extrait :

« La vraisemblance obligée de ce roman épistolaire, Laurence Creton la maintient avec une maîtrise qui non seulement montre sa vraie connaissance historique des personnages qui rythme les événements, mais aussi un don d’empathie, surtout envers Camille, qu’elle transmet au lecteur et qui permet que l’illusion de la véracité des lettres fonctionne magnifiquement.

On avance dans cette lecture, comme si on découvrait un secret à nous seuls destiné, comme une faveur semblable à celle que l’on éprouve à retrouver, par hasard, au fond d’un grenier, dans une malle oubliée depuis longtemps, une vieille correspondance, jusqu’ici inédite, et du coup, vertigineuse. »
Lien : http://dominiquelin.overblog..
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Camille Claudel, nos enfants de marbre : Fr..

Un fabuleux roman épistolaire. Correspondance entre Camille et jessie son amie anglaise

On entre dans l’intimité de Camille Claudel, on apprend à la connaître

On découvre son frère Paul

Une belle découverte que ce livre acheté sans un petit salon du livre de ma ville.

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La balançoire

Connaissant Laurence, j'ai eu beaucoup de plaisir à lire cet ouvrage,très bien écrit,questionnement sur les origines,la fraternite, les non dits...bref super!
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Camille Claudel, nos enfants de marbre : Fr..

Laurence Creton maîtrise son art.

Son écriture fluide, fine, vivante et séduisante nous permet de plonger comme si nous y étions dans le 19ème siècle, et de suivre avec émotion le parcours d'une femme forte et incroyablement libre. Une sorte de bain voluptueux dont on ressort groggy tant la violence des sentiments et des conventions de l'époque nous soustrait à nous-même.

Beaucoup de sensualité dans ce roman dont le genre épistolaire permet d'entrer sans frapper, et de vivre par procuration le destin unique et tragique d'une artiste entière et dévorée par ses passions.

Très belle préface de Noëlle Chatelet.
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La balançoire

Une très belle histoire. Un livre que j'ai adoré et que je peux conseiller. Très belle découverte!
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