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Citation de Aquilon62


Après tout, il ne sera pas dit que je ne sais pas me repentir.

J'avais des vues très arrêtées sur Florence et les Florentins : gens raisonnables, bien élevés et bien polis, aimables même, mais dénués de passions, inaptes au tragique et à la folie. Parlez-moi de Bologne, de Rome ou de Naples ! Pourquoi donc (pensais-je) Michel-Ange avait-il fui sa patrie pour ne jamais y revenir ? Rome, qu'il a pourtant vilipendée toute sa vie, était l'écrin qu'il lui fallait. Et les autres ? Dante, Pétrarque, Vinci, Galilée ! Des fuyards et des exilés. Florence produisait des génies, puis les chassait, ou ne savait comment les retenir, et voilà pourquoi elle avait cessé de briller depuis son glorieux Moyen Age. Je voulais revivre au temps des guelfes et des gibelins, mais guère au-delà car je pensais que, passé, mettons, 1492 et la mort du Magnifique, tout s'était éteint là-bas. Le moine Savonarole n'avait pas seulement tué la beauté en intimant à Botticelli de brûler ses toiles. Il avait épuisé le goût de l'idéal en réduisant l'idéalisme à son Fanatisme borné,

Après le départ de Léonard et celui de Michel-Ange, que restait-il ? Ou plutôt qui ? Je faisais peu de cas des Pontormo, des Salviati, des Cigoli, et Bronzino me semblait trop sec et trop froid, avec ses teints de porcelaine et sa manière dure. Aucun de ces maniéristes, selon moi, ne pouvait souffrir la comparaison avec n'importe qui de l'école de Bologne, et je me moquais de Vasari qui nous avait si bien vendu ses peintres florentins. Quant à moi, j'idolâtrais Guido Reni, dont j'estimais qu'il avait porté la beauté au point le plus élevé parmi les hommes. Je pouvais rendre aux Florentins qu'ils savaient dessiner, mais je leur reprochais leur manque d'expression. Tout était trop sage, trop lisse. Au fond, je leur préférais de loin n'importe quel Hollandais !

Eh bien, j'avais tort, je le confesse, et il fallut les circonstances que je m'en vais vous conter maintenant pour tirer de mon aveuglement. Car voir, c'est penser. 

(INCIPIT)
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