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Citation de Cannetille


Un mot encore : je suis passé voir Bronzino sur le chantier de San Lorenzo. Vous savez comme il est rare que j’émette une objection à vos jugements, que je tiens pour les plus assurés du monde, et combien nos goûts et nos avis, à vous et moi, sont presque toujours accordés. Mais j’ai vu les fresques : elles ne sont pas ce que vous dites. Ces corps entassés sont la chose la plus terrible qu’il m’ait été donné de voir, mais c’est là ce qui fait toute leur valeur, et en fait de mesquinerie, c’est le spectacle de l’humanité, dans toute sa grandeur et sa misère, que Pontormo nous a offert. Si Bronzino s’acquitte correctement de sa tâche, comme je l’en crois capable, le chœur de San Lorenzo rivalisera avec la Sixtine. Vous savez bien que ce ne sont pas tant les hommes qui changent leurs goûts que la politique qui change les hommes. Ce qui choque aujourd’hui dans ces peintures, outre la nudité des corps qui n’est plus de mise, c’est l’absence des saints (à l’exception de saint Laurent, bien sûr), des anges, des papes et des évêques, pour rappeler la prééminence de Jésus sur eux tous, ce pourquoi le peintre a poussé l’audace jusqu’à le représenter au-dessus de son propre père, parce que Riccio et Pontormo ont voulu promouvoir la relation directe des hommes à leur Sauveur, sans intermédiation superflue, et vous savez aussi qu’il n’en faut pas davantage, désormais que Rome voit des protestants derrière chaque porte, pour que tout cela sente le fagot.
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